L’artiste musicienne Rokia Traoré sort de son silence et matraque le régime en place. Cette sortie de l’artiste intervient après son quiproquo avec les autorités autour de l’organisation du sommet France-Afrique dont elle a été aux dernières heures virée par l’organisation. Lisez…

 

« L’acte que pose l’ensemble des candidats à l’élection présidentielle au Mali en demandant ‘des comptes’ suite aux présumés dysfonctionnements du processus électoral est porteur d’espoir pour la société. Il est rassurant qu’ils puissent enfin, en majorité, s’unir pour aller dans le sens de ce qui est objectivement salutaire pour le mali. Si notre pays pouvait se diriger avec un peu plus de rigueur et de principes, un peu moins de corruption et d’égocentrisme, nous y gagnerions tous.

La fracture qui existe aujourd’hui de manière paradoxale et destructrice entre les politiques et les électeurs prend sa source dans le comportement peu exemplaire de nos leaders. Ceux qui ont été relativement honnêtes sont coupables au moins de ne pas savoir communiquer avec le peuple de manière respectable et responsable. Pour ne prendre en référence que des faits inacceptables qui ont été prouvés ces dernières années :

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– On ne permet pas à des hauts fonctionnaires de l’état de se filmer en ayant des rapports intimes dans les bureaux de l’état dans le cadre de relations extra-conjugales.

– Lorsque ces vidéos se retrouvent sur les réseaux sociaux, on ne se contente pas de prendre des décisions qui punissent des innocents : ceux qui ont diffusé les images sur les réseaux sociaux, au lieu de prendre des mesures afin de mettre fin à des comportements totalement irresponsables, exemples de débauche sexuelle de haut niveau dans tous les sens du terme dans le pays.

– On n’intimide pas les journalistes qui dans le cadre de leurs métiers essaient d’informer et proposer un espace d’analyse et de réflexion communes salutaires pour l’avancée du pays, le bon fonctionnement du pluralisme et son optimalisation.

– De même, lorsqu’il est affirmé que l’état accompagnerait le président sortant, candidat à sa propre succession dans l’accomplissement d’actes de malversations et de corruption des instances mêmes qui doivent garantir le respect des règles dans le processus électoral, la seule réponse ne devrait pas être le traditionnel silence qui me semble stratégique désormais.

Nous, maliens, méritons d’avoir des réponses.

Nous sommes nombreux à n’avoir aucun autre intérêt dans nos prises de position que celui de pouvoir vivre sereinement au Mali.

Un pays consiste en des centaines de milliers de vies, de volontés, de rêves, de bras et de cerveaux valides… Nous sommes des êtres vivants qui n’aspirons qu’à pouvoir vivre et cultiver leurs rêves dans des espaces que seul un dirigeant peut nous organiser par ce qu’il en a la charge en tant que président de la république avec un mandat limité dans le temps en l’occurrence.

Certes un président n’est qu’un être humain, ‘il ne peut tout faire en même temps’…, mais il ne faut pas que parallèlement il donne l’impression qu’il lui est tout permis.

Ni l’âge, ni le rang social, ni le titre ne peut permettre à un président de la république de mépriser les inquiétudes, l’impuissance et tous les malheurs des habitants du pays qu’il dirige.

Nous sommes maliens, nous sommes inquiets, extrêmement angoissés, et nous vous prions de nous répondre :

– dites -nous que cette liste des villes où le vote n’a pu avoir lieu le 29 juillet passé existe et que vous allez la rendre publique.

– dites-nous qu’il n’y a pas eu d’utilisation frauduleuse de procurations alors qu’il avait été signifié que le vote par procuration ne pouvait être permis en raison de la situation de corruption incontrôlable dans le pays.

– dites-nous que l’état, pour votre compte, vous président sortant et candidat à sa propre succession IBK, n’a pas corrompu la cour constitutionnelle.

Nous voudrions une réaction de Monsieur Ibrahim Boubacar Kéita qui nous demande de lui redonner un mandat pour cinq autres années.

Il peut, j’espère, comprendre s’il est réellement au courant des difficultés que nous, maliens, avons dans nos vies quotidiennes au Mali avec, justement, les juges maliens dont un grand nombre ne demande qu’à se vendre au plus offrant, Il pourrait comprendre qu’une déclaration, un simple communiqué de la cour constitutionnelle du Mali est loin de nous rassurer : Pas de commission d’enquête correctement constituée… ? A quand le début d’un peu de transparence ?

Vous voulez que nous vous mettions tous sur les réseaux sociaux des preuves de nos problèmes avec des juges véreux au Mali ?

Tout ce que nous, différentes parties de la société civile, voulons est le bien du Mali, et notre bien à tous dans le pays. Tous nos choix et nos engagements vont dans ce sens.

Tout ce que nous voulons est la paix et une vie normale que ce soit avec vous ou un autre des candidats, par ce que nous croyons que c’est possible, nous pouvons y arriver.

Nous voulons choisir celui qui réussira à refaire de la vérité, l’intégrité et le travail des valeurs respectables et respectées dans notre pays.

Nous sommes nombreux à ne pas vouloir des grosses sommes d’argent ou des postes favorables à l’enrichissement illicite ; nous sommes nombreux à simplement vouloir pouvoir travailler. Le problème est qu’il est devenu impossible de faire profiter notre pays de nos savoir-faire sans entrer dans le système de corruption.

Si nous nous trompons, si nous pouvons vous faire confiance, prouvez-le-nous en répondant aux questions de la quasi-totalité de vos adversaires, autres candidats à cette élection présidentielle ».

Rokia Traoré, artiste musicienne

L’Indicateur du renouveau du 06 août 2018 

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