Les chercheurs en économie de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), de l’Université des sciences sociales et de gestion de Bamako (USSGB) et de l’Institut national pour la stabilité du Mali ont présenté les résultats d’une étude sur « secteur informel : fragilité et conflit au Mali ». Il ressort de cette étude que l’économie malienne se porte bien même si la crise, qui dure depuis 2012, a frappé de plein fouet des secteurs comme l’hôtellerie et la restauration.
Les Facultés des sciences économiques et de gestion du Mali et du Sénégal, en partenariat avec l’Institut national pour la stabilité du Mali, ont élaboré une étude sur « secteur informel : fragilité et conflit au Mali ». Les résultats ont fait l’objet d’un atelier, ce jeudi 7 février 2019, réunissant des chercheurs du Mali et du Sénégal.
L’étude voulait principalement comprendre la dynamique entre la précarité économique et les conflits dans le Nord et le Centre du Mali. Les chercheurs ont conclu dans leur document que l’économie du Mali se porte bien, particulièrement dans deux secteurs prioritaires : le secteur minier et cotonnier du pays.
Toutefois, ils notent que des secteurs ont été particulièrement affectés par la crise comme l’hôtellerie-tourisme et la restauration. En plus, ils révèlent que les activités bancaires aussi ont subi des dommages. Il s’agit des pertes d’encaisses détenues dans les banques, l’exposition aux risques d’approvisionnement et les dégâts matériels causés par la crise.
Originaire du Sénégal, le coordonnateur de cette étude, Pr. Ahmadou Aly Mbaye, professeur d’économie à l’Ucad, a précisé que cette rencontre s’inscrit dans le cadre du partage de résultats. Selon lui, c’est dans l’informel qu’on retrouve la valeur ajoutée la plus élevée.
« La contribution la plus élevée au niveau du PIB, on la note dans l’informel. Au niveau de l’emploi egalement, c’est la même tendance qu’on observe. C’est l’informel qui crée plus d’emplois », a déclaré le chef de l’étude, précisant que la précarité nourrit la crise parce que, pour lui, beaucoup des jeunes tentent de rejoindre les mouvements jihadistes non pas pour la condition mais plutôt pour se soustraire de la précarité.
Pour faire face à ces problèmes régionaux, les experts ont formulé des recommandations fortes et économiques afin de trouver une solution pérenne aux problèmes identifiés. La première recommandation est de mettre en place des politiques publiques sur la question de l’emploi des jeunes. Que les jeunes soient occupés tous les jours ouvrables. La seconde est de s’appuyer davantage sur la décentralisation.
« Dans nos pays, il y a une dualité des institutions. Il y a des institutions modernes et des institutions traditionnelles. Des institutions modernes sont notamment l’Etat et ses démembrements, ses services, son administration, sa justice et sa police. Ces institutions sont efficaces dans certains domaines et dans beaucoup d’autres domaines, elles ont une efficacité beaucoup plus réduite », a souligné Pr. Mbaye.
Quant aux institutions traditionnelles comme le réseau des religieux, le réseau de parenté elles peuvent, précisera-t-il, participer fortement à la recherche de solutions durables aux crises que la plupart de nos pays connaissent de plus en plus.
Enseignant-chercheur à la Faculté des sciences économiques et de gestion (Fseg) de Bamako et coordonnateur du laboratoire d’économie appliquée au développement, Dr. Issoufou Soumaïla Moulaye, a indiqué que les participants peuvent s’approprier de ces résultats et faire des suggestions en vue d’améliorer ou d’apporter à la politique économique en vigueur. « C’est ce que nous souhaitons en l’endroit des participants », a terminé le chercheur malien.
Hamissa Konaté
30minutes.net
12 février 2019