Cette partie vivante de l’Afrique a subi plusieurs mutations. Parmi ses mutations qui ont provoqué l’insécurité et le terrorisme au Sahel, on peut noter l’aspect religieux et manque de volonté politique. L’Islam du Sahel était l’Islam authentique, Soufi basé sur le respect mutuel, la tolérance, l’ordre et la culture de la diversité idéologique.
Cette idéologie islamique est abordée par la doctrine saoudienne, une vision basée sur le rejet de la diversité religieuse, culturelle et ethnique. Une idéologie Islamique fermée sur elle-même. Le monde entier a laissé l’Arabie Saoudite et ses alliés introduire et implanter cette idéologie extrémiste dans leurs pays avec le concours de certains apatrides. Et nous voilà aujourd’hui face à ce déséquilibre social. Et le pire est à venir avec l’implantation du chiisme. La cohésion sociale est impossible car les différents clans religieux ne se font pas confiance. Et personne n’en parle. Quant aux états, ils utilisent leurs forces et mouvements religieux à des fins politiques. Les États n’ont mis en place aucune stratégie politique de la gestion des affaires religieuses. Nous assistons de jour en jour à la création des mouvements politico-religieux. Les discours tournent vers la conquête du pouvoir. Les pays et les fidèles citoyens des pays du Sahel sont-ils prêts à accepter l’Islam politique ? Maîtrisent-ils les principes et les objectifs de cette idéologie Islamo-politique ?
Jadis de la Mauritanie au Maroc, de l ’Algérie à Tombouctou, un Iyad Ag Aghali ou un Amadou Kouffa et moins un Oumarou Ongoiba, bras droit des frères Burkinabés, Mallam et Jaffar Dicko, ne pouvaient prôner la charia. La Charia, un véritable instrument juridique pertinent mais ne doit être imposé.
Parmi les facteurs qui ont favorisé ce trouble, on trouve l’absence de vision de nos dirigeants. Ils ont laissé certains jeunes formés par des medersas et des universités modernes, sans pour autant prévoir réellement leur employabilité. Cela ne veut pas dire qu’ils sont des terroristes, mais des cibles faciles à berner. Du coup certains pays ont profité pour introduire leur idéologie religieuse, en construisant des centres et des mosquées dans plusieurs de nos États pour radicaliser les jeunes à des fins politiques. Aujourd’hui, nos États doivent faire de leur priorité l’intégration dans la garde nationale, la police et la gendarmerie. Ces milliers de jeunes ruraux sont utilisés par des groupes terroristes et extrémistes violents.
Pour mettre fin à cette problématique, dans la quête de la cohésion sociale, il faut impliquer la jeunesse dans le processus de lutte contre le terrorisme. On salue ici les efforts de la MINUSMA pour accompagner les femmes et les jeunes Maliens dans plusieurs secteurs. Les pays du Sahel et des pays côtiers doivent s’atteler sur l’implication de la population et plus précisément les femmes et jeunes dans ce combat.
La communauté Internationale peut nous accompagner, mais la solution reste endogène, Africaine. Les pays de l’Afrique de l’Ouest doivent respecter leurs engagements les uns envers les autres dans cette lutte commune. Il faut savoir que la lutte contre le terrorisme est bien avant tout idéologique et économique avant d’être militaire. Il faut déradicaliser ces milliers de jeunes. Qu’ils sachent que nous sommes au Sahel non pas en Arabie Saoudite ou en Iran.
Les inégalités sociales, économiques et politiques sont sources des violences au Sahel. 40% de la population du Sahel vit en dessous d’1 $ /Jour. Il urge aujourd’hui de :
∙ Renforcer/Rénover et équiper les armés nationaux
∙ Concrétiser les lois sur la question du genre
∙ Créer des fonds nationaux libres pour appuyer les entreprises des jeunes ruraux ∙ Assurer la scolarisation des filles et offrir des financements pour les coopératives féminines rurales
∙ Moderniser et doter nos services de renseignement des outils modernes
∙ Créer une cellule d’information, de partage et de coopération en matière de renseignement avec les pays côtiers et l’Algérie.
∙ Lutter contre le trafic de drogue et des êtres humains de façon permanente ∙ Impliquer les communautés dans la lutte contre le terrorisme à travers la valorisation des rôles des chefferies traditionnelles et le renforcement de leurs capacités pour qu’elles mettent leur diplomatie coutumière au service de nos États
Aujourd’hui ces terroristes ont signé des pactes avec les bandits armés et les groupes extrémistes pour commettre des attaques ciblées dans les villes du nord, du centre du Mali, vers la 3D et dans certaines régions du Burkina Faso et du Niger. Il est d’une importance capitale de mener un combat sans foi contre l’EIGS à Ménaka, car la tombée de cette ville entraînera, non seulement la chute de plusieurs régions du nord et du centre, mais aussi l’occupation totale des grandes villes du Burkina Faso par des groupes
terroristes. Ils finiront par avoir des positions stratégiques aux frontières des pays côtiers (Cote d’Ivoire, Bénin, Togo et le Sénégal)
Nos États doivent avoir un agenda sécuritaire et de développement qui reflètent les réalités des zones en conflit
L’Islam du Prophète (PBSL) a toujours respecté les valeurs sociétales et la diversité d’opinions. L’heure n’est plus aux armes, mais à l’invitation intellectuelle.
Mohamed Abdellahi Elkhalil
Consultant Chercheur
Philosophe, Sociologue et Islamologue
Spécialiste des questions sociales et
Sécuritaire du Sahel
Founder & CEO Sahel Expertise Consulting-SEC
Président Fondateur du RADEM