Pour la deuxième fois consécutive, Soumaila Cissé, candidat de l’Union pour la république et la démocratie (URD) échoue dans sa stratégie d’obtenir les faveurs des Maliens pour accéder à la Magistrature suprême. Si en 2013, il a échoué à cause de « l’amour aveugle » qu’avait les Maliens pour son principal challenger, IBK ; cette année, il n’a pas gagné à cause de ses plus proches conseillers et collaborateurs. Ils ont mis en place une mauvaise stratégie qui a causé sa faillite.

Analyse.

 

Et de deux pour IBK. Le président sortant candidat à sa propre succession, Ibrahim Boubacar Keita rempile pour un second quinquennat. Malgré la forte baisse de sa popularité, il s’est imposé aux 23 autres candidats à l’élection présidentielle de cette année. Sans surprise, il est arrivé au second tour avec Soumaila Cissé, l’homme politique malien qu’il affronte depuis deux décennies pour le même fauteuil.

Arrivé au second tour avec un large avantage, IBK a été provisoirement déclaré victorieux par le ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation (MATD). Avec un score de 67,17 % contre 32,83% pour son challenger. En attendant la proclamation des résultats définitifs par la Cour constitutionnelle, le camp d’IBK savoure déjà sa victoire tandis que M. Cissé et ses partisans se lancent dans la contestation et réclament « leur victoire » qui, selon eux, aurait été « volée ».

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Pourtant, tout indiquait une défaite « cuisante » d’IBK. Après un premier mandat emmaillé par des séries de contestations, des marches tous azimuts, des séries de grèves dans tous les secteurs et même l’échec d’un referendum ; IBK et certains de ses partisans (trop intéressés et sans convictions) n’y croyaient plus. Sentant le déluge, d’autres ont même quitter le navire pour rallier l’opposition ou se lancer dans la conquête.

Entre le début du processus électoral et les deux scrutins qu’est ce qui n’a pas marché ? IBK a posé quels actes pour reconquérir le cœur des Maliens ? Comment Soumaila Cissé a-t-il perdu ? Comment s’est-il retrouvé avec un tel score malgré les nombreux soutiens déclarés çà et là ? « Il s’est fait entourer par de mauvaises personnes. Il a été mal conseiller et certaines alliances ont semé le trouble dans son entourage », répond un analyste politique.

Selon lui, le choix de Tiébile Dramé pour diriger sa campagne a été un signe précurseur de l’échec de M. Cissé. « Son parti regorge de talents et de cadres compétents. Il ne devrait pas choisir un concurrent politique pour diriger sa campagne au détriment des cadres de son propre parti qui, faut-il le rappeler, est la deuxième force politique du pays. Tiébilé est un homme providentiel, certes avec des atouts, mais pas un grand mobilisateur d’électorat. La preuve, il n’a jamais réussi à se faire élire lui-même », explique notre interlocuteur.

Il ajoute : « la présence des membres de la Plateforme Antè Abana dans son directoire de campagne a aussi été un échec. En plus des activistes comme Ras Bath, Djimé Kanté ou encore Kadidia Fofana, il y avait des jeunes qui ne savent que dénigrer l’ancienne classe politique. Or, les soutiens de M. Cissé appartiennent à cette classe. Ceux-ci ont vite compris le jeu qui s’inscrivait à l’encontre de leur intérêt et, ayant les moyens politiques pour mobiliser sur le terrain, ont aider IBK ».
« Soumaila a surtout été conseillé par son alentour à aller vers la contestation dès le départ.

Au lieu de travailler sur le terrain, de conquérir le cœur des Maliens, ils ont passé leur temps et consacré leur énergie à critiquer le gouvernement et le système. C’était un piège et une erreur politique. Au même moment, IBK et ses proches ont investi le terrain et ils ont convaincu les indécis à travers toutes sortes de stratégie.

Maintenant, ils sont devant les faits accomplis et la Communauté internationale semble soutenir IBK. Même dans leur démarche, ils semblent n’avoir pas réussi à convaincre cette Communauté qui est aujourd’hui très impliqué dans le processus électoral », conclut-il.

Selon l’expert qui préfère garder l’anonymat, l’autre erreur de M. Cissé est la voie qu’il emprunte depuis la fin du second tour. « C’est une autre stratégie de son entourage. S’il ne fait pas attention, il risque de se retrouver seul. Abandonné par la Communauté internationale, le peuple ne le soutiendra pas et même ses fidèles partisans de tout le temps risquent de le lâcher », dit-il.

« Aucun homme politique malien n’a aujourd’hui les moyens d’entretenir une crise post-électorale au Mali, car il y a trop de forces étrangères dans le pays et c’est l’existence et l’avenir du Sahel et de l’Europe tout entier qui en dépend. Ce contexte géopolitique et stratégique aussi doit avertir M. Cissé ».

H. Konaté
30minutes.net
18 aout 2018

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