Suite à nos différentes publications relatives à des cas de pratiques esclavagistes signalées à Bagamabougou, cercle de Diéma, commune de Madina, région de Kayes, le premier mis en cause à savoir le chef de village de Bagamabougou n’a pas manqué de réagir. Dans nos locaux, courant semaine dernière, nous avons reçu M. Sanga Sacko fils ainé du chef de village de Bagamabougou, il était porteur d’un message de son père.
Pour rappel, il s’agit de l’affaire de Cheikna Diarra, cet homme à la quarantaine évolue dont on a vu en début d’année les photos au visage bandé dans les journaux et médias sociaux. L’homme disait avoir été tabassé par la jeunesse de son village pour s’être opposé à des pratiques esclavagistes.
De prime à bord, le visiteur fils ainé du chef de village de Bagamabougou, nie toute pratique esclavagiste dans son village natal qui, dit-il, regroupe au total trois grandes tribus que sont les Sacko, les Gory et les Diarra avec deux grands quartiers pour près de 4 habitants. L’autorité coutumières appartient au Sacko et ce sont eux qui sont accusés de pratiques d’esclavagistes : ‘‘Ça fait plus d’un siècle qu’on ne parle pas d’esclavage chez nous’’.
Pas d’appellation ‘‘esclave’’ à Bagamabougou, Cheikna Diarra, la principale figure qui a soulevé le débat en début d’année le confirme dans le procès verbal des huissiers qu’il avait faits venir à Bagamabougou pour les besoins: ‘‘C’est vrai que le terme esclave n’existe plus dans le village, mais il existe des pratiques…’’, peut-on lire dans le document produit par les huissiers.
Au nombre de ces pratiques qu’il dit esclavagistes, Cheikna Diarra cite : ‘‘Par exemple, si la famille Sacko égorge un mouton ou un bœuf, on nous oblige d’enlever la peau de l’animal’’.
‘‘Faux’’, rétorque de son coté le messager du chef de village lors de son passage dans nos locaux : ‘‘Mon père (le chef de village) dit que même le père de Cheikna qui est un camarade à lui, n’a pas fait ça’’. A en croire le visiteur, ce sont des pratiques qui ne sont plus à l’ordre du jour à Bagamaboudou.
Deuxième chose signalée par Cheikna Diarra est relative au veuvage des femmes de leurs femmes qui, dit-il, ne font que 2 mois et 5 jours dans le veuvage contrairement aux autres femmes qui respectent les normes de la religion musulmane, 4 mois et 10 jours de veuvage.
Sur ce point il signale: ‘‘S’ils veulent que leurs femmes passent le reste de leur vie dans le veuvage après le décès de leur mari, pourquoi nous allons nous opposer à ça, ça ne nous regarde pas’’, rétorque le messager du chef de village quand nous avons évoqué ce sujet.
Au-delà de l’esclavage, une histoire de fesses…
Impossible de notre part de confirmer ou infirmer s’il existe réellement des pratiques esclavagistes dans d’autres localités dans la région de Kayes, mais à Bagamabougou village, nous avons la certitude que d’autres faits ont suscité le débat autour de la question esclavagiste. Une histoire de femme entre la famille Diarra de Check na et autre famille du village (Lire fax simulé)
La jeune fille en question, fiancée d’un immigré en France, a quitté la famille paternelle pour déménager dans la famille Diarra où il avait son amant, neveu de Cheik na Diarra et dans le même village de Bagamabougou. Des pratiques qui sont rares au village. L’autorité coutumière de Bagamabougou intervient et exige que la jeune femme retourne chez ses parents. Chose qui est faite après de longs jours de tracasseries. Mais la méfiance est toujours là entre la famille Diarra et les autorités coutumières à travers la famille Sacro.
Au-delà de cette histoire de femme, d’autres faits ont contribué à détériorer le climat social : L’existence de l’association ‘’Gamina’‘ (Nous sommes tous les mêmes). Une association dont Cheik na Diarra est membre.
C’est pour avoir milité au sein de cette association que la famille Sacko avait décidé de limiter tous les liens sociaux avec la famille Diarra. Pourquoi ? Notre interlocuteur fils du chef de village pense que les membres de l’association demandait trop : ‘‘C’est comme si une autre personne non membre des familles fondatrices de Bamako demandait les mêmes privilèges qu’elles, ce n’est pas possible, on ne peut pas partager la chefferie du village avec eux ’’, dit-il.
‘‘Cheikna a utilisé du lacrymogène’’
Cheikna dans ces différents sorties médiatiques a bien dit avoir été agressé quand il a voulu rendre visite au centre de santé à un jeune homme tabassé la veille par la jeunesse. Ce dernier, nous indique-t-on a été tabassé par la jeunesse pour des faits de provocation. Comment ?
Dans la tension et la méfiance créées à la suite de l’affaire de l’association ‘‘Gamana’’ et de la fille qui avait quitté la famille de ses parents, ce jeune appartenant à la famille de Cheickna a, ce soir à titre de provocation et moquerie, sillonné les ruelles du village avec sa moto à tombeau ouvert. Il est par la suite intercepté par la jeunesse et passé au tabac.
Pourquoi n’a-t-on pas simplement saisi la moto et saisir qui de droit au lieu de se rendre justice en le tabassant ? Pas de réponse concrète de la part de notre interlocuteur : ‘‘C’est le village, c’est la jeunesse…’’, et personne ne peut contre une foule en colère, dit-il
C’est en voulant rendre visite à ce jeune homme tabassé que Cheikna Diarra a été lui aussi interpellé par le même groupe de jeune qui lui intimida l’ordre de rebrousser chemin. Cheikna Diarra dit non, brusquement dans les discussions, on sent du lacrymogène. C’est Cheickna qui l’avait lancé, il est lui aussi passé à tabac.
Par l’utilisation du gaz lacrymogène, le fils du chef de Bagamabougou pense que Cheikna s’était en avance préparé pour semer la pagaille au village : ‘‘Il a quitté la France pour ça avec l’appui des membres de sa famille qui y sont depuis des années ’’dit-il tout en précisant qu’il nous a rendus visite sur ordre de son père chef de village.
Djibi Samaké
La Sirène du 11 février 2019