Selon certains habitants de la capitale malienne, la crise qui sévit au centre du pays entre les différentes communautés est inquiétante car, analysent-ils, cela rend quasiment impossibles les chances du Mali de retrouver la paix et le vivre ensemble, gage de tout développement.

Moussa Soulalé (réparateur de moto) :

« J’ai peur pour mon pays. J’ai des amis peuls et dogons. Je suis étonné de voir que ces deux ethnies se battent et s’entretuent malgré les relations séculaires qui les lient. On m’a toujours appris que chaque Dogon a son Peul ou vice-versa. Mais, aujourd’hui, il est désolant de constater que cela a disparu. Il faut que les populations se retrouvent et qu’elles dialoguent. Seul le dialogue peut mettre fin à cette crise qui n’arrange pas Bamako. C’est l’avenir du Mali qui est menacé ».

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Oumou Touré (ménagère) :

« Il ne faut pas que les Dogons tuent les Peuls. Les Peuls aussi ne doivent pas tuer les dogons. Cela n’est pas bon. Deux communautés peuvent avoir un conflit entre elles, mais elles ne doivent jamais en venir aux armes. Il est facile de faire la guerre que la paix. Les Peuls et les Dogons doivent obligatoirement se mettre d’accord. Ils n’ont pas le choix, car ils ont toujours vécu ensemble. Dans cette crise, il n’y aura ni gagnant, ni perdant et tous les Maliens vont perdre dans ce conflit ».

Jeanne Toé (étudiante) :

« Je demande la paix, rien que la paix. Après mille ans de guerre, un jour les ennemis se retrouveront autour d’une table pour faire la paix. Personne n’a le choix. Si nous voulons une école performante, une économie forte et assurer un développement harmonieux de notre pays, nous devons éviter de nous entretuer. Cela n’arrange que les trafiquants d’armes et de drogue. Avec cette crise, c’est le Mali qui va au chaos et les autorités doivent prendre cela au sérieux ».

Aliou Ben Aziz (chauffeur) :

« Je suis Mauritanien, mais je viens à Bamako depuis trente ans. Je passe plus de temps sur le territoire malien que mauritanien depuis quinze ans. Je parle peul et bambara. Je demande aux Maliens de prendre la crise dogon-peul très au sérieux. Quand deux frères se battent, ce n’est jamais bon. Je veux qu’on arrête tout et qu’on gère cette crise sinon c’est fini pour la paix ».

Adama Coulibaly (médecin à la retraite) :

« Je crois qu’on est en train de perdre le Mali que nous avons connu : un et indivisible. Si nous ne faisons rien, la division s’imposera et à partir de Mopti, le pays sera divisé. Il est temps de se lever et d’amener les responsables dogons et peuls à la retenue et au calme. Le gros du problème se trouve à Bamako et non au centre. Les populations sont manipulées pour des fins politiques et économiques. Les responsables sont à la base de cette déstabilisation du centre car ils en tirent profit. Mais, il faut que cela cesse… »

Propos recueillis par

H. Koné

Le Focus du lundi 7 janvier 2018

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