Actrice, conteuse, comédienne, Mali Tribune est allé à la rencontre de Mama Koné. Avec la directrice de la Compagnie Côté Court, il a été surtout question du Festival Arts Femmes dont elle est la directrice artistique et qui fait tache d’huile depuis 2016. Entretien !
Mali-Tribune: Vous êtes à l’initiative d’un évènement de dimension internationale à savoir le festival Arts Femmes. Alors qu’est-ce que c’est que le Festival Arts Femmes ?
Mama Koné : Le Festival Arts Femmes est une rencontre des femmes de différents pays pour montrer leur savoir-faire artistiquement à travers une mise en place de leur scénographie sur le terrain et leur création des pièces de théâtres.
Mali-Tribune: Pourquoi pas le Festival tout court au lieu du Festival Arts Femmes ? Cela sous-entend-il que les hommes en sont exclus ?
M. K. : Non ! Les hommes ne sont pas exclus. Mais, nous donnons plus de priorité aux femmes, plus d’opportunités. Vous n’êtes pas sans savoir que dans ce domaine, les femmes sont un peu en marge. Donc elles ont besoin d’être soutenues et encouragées. En tant que femme, nous ne pouvons faire autrement que de les aider. Personnellement, nous avons traversé beaucoup de difficultés du fait justement qu’il n’y avait rien de fait pour tenir compte de la spécificité des femmes. Sachant donc les difficultés dans ce domaine, nous avons lancé ce festival pour ailler les femmes à mieux se réaliser, à être à égalité de chance avec les autres acteurs culturels.
Mali-Tribune : Alors comment se passe le Festival Art Femmes ?
M. K. : Le festival Arts Femmes se déroule en deux étapes. La première étape consiste en l’organisation d’ateliers de formation artistiques. Ces ateliers de formations regroupent des jeunes de différents pays. Les formations portent sur la scénographie, la création, la régie son et lumière…
Ce sont eux qui font également la création des pièces qui vont être jouées. Ils font également la régie-lumière du festival. Lors de la 2e étape qui est le festival proprement dit, on fait des programmations à la suite d’un appel à candidature entre les artistes nationaux et internationaux. La particularité à ce niveau est que soit les pièces de théâtre sont écrites par une femme, soit la mise en scène est faite par une femme, soit il y a beaucoup de femmes qui jouent dans la pièce. C’est un évènement qui s’étend sur 4 jours avec pas mal d’activités au programme dont des contes pour permettre aux enfants de se ressourcer, la danse traditionnelle etc.
D’habitude, le festival a lieu à Bamako exclusivement. Mais, pour l’édition 2020, nous avions décidé de délocaliser le festival à Déguéla à 76 km de Bamako. Le festival a eu lieu chaque mois de mars généralement fin mars. Pour la tenue de l’édition de cette année tout avait été mis en place. Malheureusement le Coronavirus a chamboulé le programme.
Mali-Tribune : Pourquoi cette délocalisation ?
M. K. : C’est parce que nous sommes en partenariat avec une coopérative « Groupement des Femmes de Déguéla ». Ce sont des femmes engagées. Avec elles, nous nous sommes donné la main pour évoluer ensemble. Pour nous, c’est aussi une manière de développer ce pays riche en culture.
Mali-Tribune : Avec la pandémie du Coronavirus, êtes-vous en mesure d’exécuter convenablement votre programme d’activités de l’année ?
M. K. : Malheureusement non. Déjà nous n’avons pas pu tenir l’évènement à la date prévue, qui est le mois de mars. Mais qu’à cela ne tienne le festival Arts Femmes n’est pas annulé. Il a été plutôt suspendu. Mais nous comptons le faire en septembre sans les artistes internationaux, mais uniquement avec les artistes nationaux. Nous sommes en train d’envisager le mois de septembre car c’est impossible de le faire maintenant dans le village, à Déguéla, où les habitants sont très occupés par les travaux champêtres en cette période d’hivernage. Quand même nous tenons beaucoup à faire cette édition délocalisée à Déguéla même s’il faut le faire en une journée. C’est une promesse que nous comptons tenir coûte que coûte.
Mali-Tribune : On apprend que le festival existe depuis 2016. Etes-vous satisfaits des résultats jusque-là enregistrés ?
M. K. : Nous sommes très-très satisfaites des résultats enregistrés. D’abord c’est l’atelier Arts Femmes qui a donné naissance au festival Arts femmes. A la base, notre atelier vise à former. Et aujourd’hui nous avons formé pas mal de jeunes (femmes) en régie-lumière, en scénographie, en administration culturelle etc. Aujourd’hui, nous pouvons dire que c’est le festival qui existe uniquement pour les femmes. Rien que pour les femmes en leur donnant des opportunités d’autonomisation. Au regard de tout cela, nous sommes personnellement satisfaites de ce que nous faisons. D’ailleurs la forte demande de participation est la preuve que l’on est en train de réussir le pari. Malgré ce franc succès, nous comptons poursuivre l’ouverture par la recherche d’innovations pour pouvoir pérenniser le festival.
MAMA KONE
Quand la passion a guidé les pas
De l’avis de bon nombre de personnes, il y a des secteurs d’activités où les femmes ne réussissent pas en tant que figure de proue. Il y a aussi de ces femmes qui, par leur audace et esprit de créativité, démontrent que tous les secteurs sont propres à la gent féminine. De ce fait, de la trempe de cette catégorie de femmes braves, l’on peut citer une certaine Mama Koné.
Guidée par la passion, Mama Koné est une comédienne qui excelle dans le domaine de la culture malienne qu’elle transporte désormais à l’international. Son amour pour le métier l’a d’abord conduite à créer une association culturelle du nom de « Côté Court » où l’art s’apprend à la base. Evoquant son parcours, elle rappelle que c’est une longue histoire mais que seule la passion l’a orientée dans cette direction.
Dans sa volonté de d’innover et de diversifier, Mama Koné initiera en 2016 le Festival Arts Femmes. Une rencontre internationale au cours de laquelle les femmes sont formées en scénographie, régie-lumière, dramaturge, administration culturelle etc.
Femme des temps durs d’un domaine à dominance masculine, la directrice artistique de « Arts Femmes » explique l’initiative du festival par une volonté d’autonomisation de ses semblables. « Je donne plus de priorité aux femmes parce que dans ce domaine, les femmes sont un peu en marge. Donc elles ont besoin d’être soutenues et encouragées. En tant que femme je ne peux pas faire autrement que de les aider parce que moi aussi j’ai traversé pas mal de difficultés dans ce métier. Donc je sais en amont les difficultés que les femmes rencontrent. », a-t-elle expliqué.
Sans demander la lune ni les étoiles, elle dit vouloir que son travail soit juste apprécié à sa juste valeur. « Mes attentes de la part des autorités ? C’est seulement de suivre mes activités et d’apprécier. Mon leitmotiv est « je travaille, c’est à toi de voir et de conclure ».