Ça y est, de l’impossible au réel, finalement les deux tours de l’élection présidentielle se sont tenus à travers la capitale et dans de nombreuses régions du pays.
Pour ne pas revenir sur les emphases, les fleurs et les félicitations étayées au lendemain du 1er tour, il sied de reconnaître que le gros du mérite revient au gouvernement, à travers son Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga. Il a tué dans l’œuf les intentions malsaines, faire taire les mauvais prédicateurs qui prônaient une situation de transition à notre pays et faire démentir ces candidats moyens qui criaient partout que la tenue de ces élections n’était pas une priorité pour notre pays, histoire de pouvoir surfer sur la vague du vide constitutionnel pour atteindre l’anti chambre du pouvoir.
Courageux, méthodique et stratège Soumeylou Boubèye Maïga a réussi à prendre dans leur propre piège ces politicards véreux. Ce faisant, bénéficiant des coudées franches du prince du jour, il a cédé à toutes les exigences des acteurs politiques de l’opposition : révision de la loi électorale, présence des assesseurs de l’opposition et de la majorité dans chaque bureau de vote, interdiction des votes par procuration…
De l’autre coté, à savoir au niveau de la mouvance présidentielle, il a tenu à faire l’écurie d’Augias. Ce, en demandant à tous les partis membres de clarifier leur position par rapport au soutien au président IBK ou de prendre la porte de la mouvance à partir d’un délai fixé. A ce niveau, il a soigneusement veillé sur les intérêts de la ruche, en raison du fait que l’Adema constituait une foudre de guerre même étant divisée. Sur les tablettes, il n’y avait plus que le parti présidentiel, le RPM (en déficit de véritables leaders), l’Adema, son propre parti, ASMA (qu’il a pris le soin de bien renforcer) et des micros partis au sein de la majorité présidentielle. Un registre acceptable aux yeux de Soumeylou pour mener la bataille électorale.
Cependant, dans l’opinion et chez nombre d’observateurs la véritable force se trouvait dans l’autre camp.
Un camp composé de l’opposition (requinquée par des acquis préélectoraux), la kyrielle d’anciens ministres qui tiraient à boulets rouges sur le pouvoir avec l’apport de certains chroniqueurs activistes, propageant du coup l’impopularité du régime. Une situation qui a donné des idées à de nombreux prétentieux, qui ne se sont pas fait prier pour se ranger dans le starking bloc de la course pour Koulouba 2018. Cela, pour deux raisons, plutôt avec deux idées en tête : profiter de la situation d’impossibilité d’organiser les élections et prendre fait et cause avec le nouveau régime. Dans ces calculs, on est allé jusqu’à mettre en doute la sincérité de l’actuel Premier ministre, taxé de comploter avec l’ennemi pour faire tomber ‘’Boua’’.
Sans démentir, ni réprimer Soumeylou Boubèye Maïga a filé comme l’araignée sa toile, une stratégie gagnante pour le régime.
Entre temps, tout a été dit ou presque sur le président en exercice. Au-delà de la conjecture sur son état de santé, des protagonistes ont réussi à le faire porter le chapeau du ‘’fou du village’’. Qui lors d’une moindre sortie en public se voyait huer ‘’Boua Ka Bla’’ (le vieux doit lâcher), comme s’il n’incarnait pas à lui seul la première institution de la République. Mais par la force de conviction et l’apport de son PM, IBK a réussi à mener une campagne électorale remplie, mieux que tous les candidats, même ceux qui ne souffraient d’aucun bobo de santé. Partant, il a renversé la tendance de ‘’Boua Ka Bla’’ on entendait que ‘’Boua Ta Bla’’’.
Les vaincus peuvent continuer à ruer dans les brancards, car c’est le jeu démocratique mais cela n’effacera aucunement une évidence : Boubèye est fort !
Moustapha Diawara
Le Sursaut du 13 août 2018