En plus du déni des droits de l’Homme qu’elle occasionne, la grève des magistrats constitue un véritable danger pour l’économie nationale. Les magistrats devraient immédiatement regagner leur siège. L’Etat et les deux syndicats devraient s’entendre pour soulager la population et permettre à l’économie malienne de se redresser.
Depuis plus de 80 jours, les magistrats maliens sont en grève illimitée. Cela à une conséquence grave sur l’économie, car elle touche à tous les secteurs. Une simulation sur le rôle du juge dans la République démontre que cette grève paralyse l’administration, le secteur privé, les banques, etc. Elle occasionne aussi un manque considérable à gagner pour le Trésor public.
Au Mali, le Tribunal est au cœur de toutes les démarches administratives. Chaque année, avec les affaires qui y sont traitées, il contribue à la promotion d’un Etat de droit mais aussi à renflouer les caisses de l’Etat. Pour des affaires administratives, à l’occasion des milliers de concours organisés dans le pays, les citoyens déboursent 750 F CFA pour avoir soit le certificat de nationalité, soit le casier judiciaire. Pendant cette grève, au moins une dizaine de concours ont été organisés et les initiateurs ont été obligés de ne pas exiger ces documents.
L’autre manque à gagner se situe au niveau des affaires traitées par le juge du Tribunal de commerce. Ce tribunal a pour rôle de trancher les litiges entre commerçants ou entre commerçants et particuliers qui portent sur les affaires de commerce. Il traite des affaires relatives aux litiges entre les entreprises, aux litiges relatifs aux actes de commerce entre toutes les personnes, à ceux relatifs à une lettre de change, etc.
En plus des litiges et conflits, il tranche aussi dans les affaires relatives aux entreprises en difficulté pour mettre en place des procédures comme de sauvegarde, de redressement judiciaire ou de liquidation judiciaire.
Aussi, des affaires familiales restent pendantes au risque de causer des torts à des familles. Par exemple, les affaires de divorce et de séparation de corps, les problèmes d’autorité parentale, les demandes de changement d’état-civil ne sont plus gérées depuis le début de cette grève.
« Cette grève a déjà causé à l’Etat une perte considérable. Même au sein des banques, des dossiers attendent. Sans juge, la société dans laquelle nous sommes présentement, fonctionne au ralenti. Il faut qu’ils regagnent leur siège. Et le gouvernement devrait tout faire pour cela », déclare Youssouf Touré, un économiste.
H. Koné
Le Focus du Lundi du 22 octobre 2018