« Yougou yougou » c’est ainsi qu’on désigne de façon générale les fringues bon marché. Ces fringues proviennent d’un peu partout. Ces vêtements sont issus soit de la solde en fin de saison, soit des dons ou encore des décharges publiques. Ils sont de la Chine, des USA et de la France pour la plupart.
Les marchés de Medina Coura « Sougouni Coura » et de la gare ferroviaire « Rail da » sont ce qu’on peut qualifier de « yougou yougou faso », c’est-à-dire « la patrie de la friperie » au grand bonheur de ses nombreux adeptes. En raison de ses prix plutôt abordables, les « yougou yougou » sont devenus incontournables dans la l’habillement des Maliens et surtout de la femme bamakoise.
En effet, si la garde-robe de la femme malienne est essentiellement, composée de beaux Bazin et des super Wax ; il n’est pas rare d’y trouver également quelques robes, pantalons ou chemises de grandes marques. Ne vous y trompez pas, rares sont celles qui achètent des robes de la haute couture.
« Pourquoi s’entêter à vouloir une robe à 2000 dollars américains si on peut se l’offrir, avec un peu de patience et beaucoup chance, à 10 dollars américains ? Je préfère m’habiller avec des habits déjà usés et bien conservés plutôt que les prêt-à-porter qui inonde le marché et qui sont trop populaires », nous confie Korotoumou, une étudiante de 22 ans.
Les premiers choix sont les plus chers et les derniers sont à vil prix. Le prix de ces vêtements est presque dérisoire quand on s’y connaît en haute couture. Les vendeurs de « yougou yougou » proposent à leurs clients une large gamme de prix allant souvent de 50 F CFA (pour ceux qui sont à même le sol et qu’il faut tourner dans les sens) à 17 500 F CFA (pour ceux qui sont dans les boutiques de friperie).
« Nos clients sont surtout des jeunes filles qui souhaitent s’habiller de façon chic et à moindre coût. Elles préfèrent les pantalons et hauts qui sont à la fois plus pratiques et très élégants : l’idéal pour une tenue de travail. Le contenu des balles de sont soumis à la loi du hasard. En fait, on ne connaît pas à l’avance les modèles qui seront disponibles. C’est pourquoi la chance est pour beaucoup dans l’acquisition de la tenue parfaite. Le client doit faire preuve de patience et de courage pour fouiller la pile de vêtements afin de pouvoir dénicher une pièce unique. A l’approche des fêtes ou de la rentrée scolaire, les mères sont nos clientes les plus fréquentes. Pour saper les petites filles et les petits garçons à coût raisonnable c’est évidemment les ‘yougou yougou’ qu’elles priorisent », témoigne Mariam, une vendeuse.
Ceci étant dit, il est important de souligner que malgré le fait que le « yougou yougou » soit accessible, il peut être source de graves infections cutanées et sexuellement transmissibles. Cela est dû à sa conservation et surtout au contact avec la poussière qui est une vraie mine de bactéries. C’est pourquoi il est impératif de bien nettoyer les vêtements qu’on achète avec des savons antimicrobiens pour éviter de contracter quelque infection que ce soit. Aussi, même si on veut faire le plus d’économie possible, tachons de ne pas acheter nos sous-vêtements en friperie pour rester en bonne santé.
« Yougou yougou », « soutoura », « bakary ba »… Peu importe le nom qu’on lui donne, la friperie est un trésor qui assure élégance et chic à la population malienne.
Fadima S. Touré, stagiaire
L’Indicateur du renouveau du 26 juillet 2018