Au rythme des contestations des résultats provisoires proclamés par l’administration territoriale, dans les états-majors des partis politiques, la stratégie de boycott du processus électoral n’est pas écartée. Les candidats de l’ADP/Maliba, Aliou Boubacar Diallo, de l’URD Soumaïla Cissé ou encore Mamadou Traoré du parti Union, Modibo Sidibé des Fare/An ka wuli, Dramane Dembélé de l’Ardema, Me Mountaga Tall de l’UMA et autres dénoncent « le bourrage honteux des urnes » par le président sortant et appellent les autres candidats à « la formation d’un front uni pour le Mali ».

 

Quelques jours après la proclamation des résultats provisoires par le ministre de l’Administration territoriale, l’actualité est marquée par des dénonciations tous azimuts du processus électoral. Les acteurs politiques continuent de s’interroger sur la transparence et la crédibilité du scrutin.

 « Un 25e candidat fictif qui a obtenu 0,59 %« 

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Dramane Dembélé, candidat de l’Ardema ne fustige pas que les entorses dénoncées lors des cadres de concertation et surtout celles du 28 juillet 2018, présidé par le Chef du gouvernement, mais aussi les décisions relatives au fichier et aux procurations constatées.

« Les deux arbitres majeurs, que sont l’administration et la Cour constitutionnelle, ont endossé la tenue partisane et partiale en faveur du président candidat. Les faits sont têtus, même si l’évidence n’est pas ce qui saute à l’œil nu. En tripatouillant, l’Administration en charge des élections a créé un 25e candidat fictif qui a obtenu 0,59 % », s’indigne Dramane Dembélé.

Des bureaux et centres fictifs, les doublons, les triplons, les quadruplons n’ont pas fait leurs affaires. Il leur a fallu un candidat fictif qui récolte 0,59%.  Sinon, pourquoi un écart fictif de 19 040 voix non affecté, s’interroge-t-il.

« Je rejette les résultats complets provisoires proclamés par le ministère en charge des élections à l’issu du scrutin du 29 juillet 2018. Je refuse ma caution à une telle mascarade électorale. Et je n’accepte pas ce résultat en l’état… »

Pour Me Mountaga Tall, c’est tout simplement pathétique.  « Election ou haute couture ?, se posant la question. « Les résultats ont été découpés, raccommodés et redistribués à la tête du client… avec la volonté de blesser, humilier et casser le moral des soutiens… Nous tiendrons bon. Et refusons la mascarade jusqu’à la publication des résultats bureau de vote par bureau de vote. La vérité éclatera alors », s’exclame-t-il.

Le candidat Aliou Boubacar Diallo dénonce « le bourrage des urnes dans certaines localités, leur enlèvement illégal, la violation de la procédure de dépouillement dans de nombreux bureaux de vote, l’achat massif des consciences ou encore les 200 000 bulletins déclarés nuls ». Selon lui, ces irrégularités et ces faits ont largement contribué à amener certains candidats à des rangs qui ne reflètent pas la réalité.

Un front uni contre la fraude

Dans une déclaration, le candidat de l’URD rejette également ces résultats. Selon Soumaïla Cissé, ces résultats ne reflètent pas le vote des Maliennes et des Maliens. Le chef de file de l’opposition en appelle à la vigilance de toutes les forces démocratiques, à la mobilisation de tous pour défendre l’expression libre du suffrage du peuple.

« Nous savons tous que tout a été fait par le gouvernement pour empêcher la libre expression de la volonté du peuple lors du scrutin du 29 juillet. Je le dis haut et fort : ces résultats ne reflètent pas le vote des Maliennes et des Maliens ! Ils ne sont ni sincères ni crédibles », dénonce Soumaïla Cissé.

Face à la presse ce vendredi 3 août, le candidat de l’URD regrette « des résultats de la fraude, d’un bourrage honteux des urnes en faveur du président de la République sortant ». Soumaïla Cissé d’ajouter que ces résultats sont le fruit de grosses irrégularités et de violations délibérées de la loi électorale. « Ce sont des résultats manipulés. Nous ne les accepterons pas ».

Mamadou Traoré, candidat du parti Union, est aussi sorti du silence. Selon lui, cette élection a connu des irrégularités. Il demande le concours des observateurs nationaux et internationaux pour éclairer la situation. « Nous avons remarqué que nous avons eu des voix dans des localités où nous ne sommes pas représentés. Et également nous avons été privés des voix dans des localités où nous sommes fortement représentés par nos familles et les membres du parti », constate Mamadou Traoré. Le candidat d’ajouter : « Je vis à Kalabancoro, j’ai ramassé des ordures à Kalaban Coro, alors il est impossible que j’ai 0 % à Kalabancoro. Il y a des bureaux de vote où les membres du parti ont voté, on a retrouvé zéro voix ».

Modibo Sidibé est revenu sur le même constat. « Ces résultats ne reflètent pas les efforts déployés sur le terrain par nos militants, nos sympathisants et le peuple malien qui expriment depuis plusieurs années maintenant leur soif d’alternance et de renouveau. Les innombrables irrégularités qui ont émaillé cette élection ne peuvent être acceptées dans une démocratie et traduisent un manque de respect pour notre peuple, une volonté délibéré de déposséder le peuple de son choix », rappelle-t-il.

« Ce score qui ne reflète en aucune manière notre action sur le terrain, ne nous découragera point car nous ne faisons pas de la politique pour se faire attribuer des notes, je dis bien des notes, mais pour conduire les dynamiques qui mènent au progrès et au bien-être de tous. Parce que la République et la démocratie ne sauraient se résumer à une manipulation permanente de la volonté du peuple et à de d’incessants appels à la stabilité et au respect du processus, que nous contestons vigoureusement la sincérité des résultats provisoires de ce scrutin et restons mobilisés pour les combats futurs… ».

Au rythme de ces contestations dans les états-majors des partis politiques, nous nous dirigeons vers un boycott du processus électoral.

Bréhima Sogoba   

L’Indicateur du renouveau du 06 août 2018 

 

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