Le Bureau de l’Onu aux droits de l’homme s’inquiète de la résurgence de la violence communautaire au Centre du Mali. Au cours des dernières semaines, des experts des droits de l’homme de la mission de l’Onu au Mali ont constaté une tendance alarmante de civils fuyant leurs maisons, soit après avoir été directement pris pour cible ou à la suite d’attaques meurtrières contre des membres de leur communautés dans villages environnants. Il a été recensé 99 incidents de violence intercommunautaire qui ont fait au moins 289 morts parmi les civils.
Depuis le début de l’année, la Division des droits de l’homme de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), a recensé 99 incidents de violence intercommunautaire qui ont fait au moins 289 morts parmi les civils. Soixante-seize de ces incidents – environ 77% du total – se sont produits dans la seule région de Mopti, dont 49 depuis le 1er mai dernier. « Nous sommes profondément préoccupés par l’augmentation de la violence perpétrée à travers sur des lignes de démarcation communautaires dans la région de Mopti au centre du Mali », a déclaré Rupert Colville, porte-parole du Haut-Commissariat aux droits de l’homme, lors d’un point de presse ce mardi à Genève.
Dans un entretien accordé à ONU-Info, le Directeur de la Division des droits de l’homme de la Mission onusienne au Mali a précisé que « ce sont des violences perpétrées par des milices communautaires visant d’autres communautés ». « Des civils sont aussi ciblés par les groupes armés radicaux appelés aussi groupes terroristes », a ajouté Guillaume Ngefa.
A cet égard, les services du Haut-Commissaire Zeid citent ces attaques prétendument menées par des Dozos (chasseurs traditionnels) et des éléments des milices Dogon contre des villages ou des parties de villages occupées principalement par des membres de la communauté Peulh (Peulh). Alors que ces attaques seraient motivées par le désir d’éradiquer les individus liés au groupe extrémiste violent, Jama’at nusrat al-Islam wal Muslimeen (JNIM), en réalité, le Haut-Commissariat estime qu’ils ont ciblé sans discrimination les membres de l’ethnie Peule (Peulh).
Lors d’une de ces attaques perpétrée le 1er juillet dernier, 16 civils Peulh auraient été tués par des éléments de la milice Dogon à Bombou. Lors de cet assaut dans ce village, certains Peuls auraient été abattus à l’intérieur de la mosquée locale où ils s’étaient réfugiés alors que d’autres ont été brûlés vifs dans leurs maisons. Les victimes comprenaient plusieurs personnes âgées et un enfant de 13 ans. Dans une autre affaire, une équipe d’enquête de la MINUSMA a conclu que le 23 juin, un groupe important d’éléments armés, identifiés par des témoins comme des Dozos, ont pris d’assaut une partie d’un autre village, appelé Koumaga, tuant 24 civils Peulh dont six garçons.
Les communautés Dogon et Bambara ont elles-mêmes été ciblées par les milices JNIM et Foulani (Peulh). Entre le 7 et le 10 juillet seulement, la MINUSMA a ainsi documenté cinq attaques contre des civils de ces communautés dans les régions de Djenné et de Koro, qui ont fait au moins sept morts. Dans la plupart des cas, les victimes ont été tuées alors qu’elles étaient en train de cultiver.
Cette escalade de la violence dans la région de Mopti a entraîné d’importants mouvements de population. « Dans une situation particulièrement troublante, environ 3.000 déplacés de la communauté peule (peulh) qui se sont réfugiés dans le village de Birga-peulh (dans la région de Koro) ont été encerclés par les milices Dogon et empêchés de quitter le village pour chercher de la nourriture autres articles essentiels », dénonce Rupert Colville.
Dans ces conditions, les Nations Unies demandent instamment aux autorités maliennes de continuer à prendre des mesures pour prévenir de nouvelles violations graves des droits humains dans la région de Mopti. Bamako est également invité à se pencher urgemment sur les abus commis par les forces gouvernementales maliennes.
Avec Onu-Info