L’information a fait le tour de la capitale, hier dans l’après-midi. Celle relative à la garde à vue du président de la Confédération des Sociétés coopératives des producteurs de coton (S-CPC) et de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture du Mali (Apcam).
Il n’y a aucun doute, Bakary Togola a passé sa première nuit de détention dans une cellule du Pôle économique et financier de Bamako, à l’ACI 2000. Selon des sources bien introduites, l’enquête au niveau de la Brigade de recherche du Pôle économique a été bouclée hier jeudi. C’est juste après cela que le principal suspect, Bakary a été appréhendé afin d’être conduit devant le Procureur de la République près le tribunal de la Commune III en charge du Pôle économique et financier de Bamako. Il revient à ce dernier soit de l’inculper directement s’il estime que les faits à lui reprochés sont suffisamment graves donc criminels, ou de le mettre à la disposition d’un juge d’instruction pour approfondir les instructions en vue de le mettre sous mandat de dépôt.
M. Togola fait l’objet d’enquêtes préliminaires sur des présumés détournements de ristournes destinées aux producteurs de coton, par le Pôle économique et financier de Bamako. Plus de 3,4 milliards de F CFA lui sont reprochés. Les limiers du Pôle sont sur le dossier depuis plusieurs mois. Comme dans tout crime économique, il n’est d’ailleurs pas le seul visé.
Menacé de prison
D’autres complices cités sont le trésorier général M’Piè Doumbia et le coordinateur Raymond Dansonko. Ces derniers avaient tous défilé au Pôle pour les besoins d’enquêtes en plus des présidents de l’Union régionale de Sikasso et des Unions locales de Kita, Koutiala, Fana, etc. Même l’ancien Responsable administratif et Financier, Fadiala Coulibaly (celui-là même qui a été abusivement licencié en juin 2019 pour avoir dénoncé la main mise de Bakary Togola sur les fonds de la S-CPC), a été entendu par les enquêteurs.
Se sentant menacé de prison, Bakary Togola avait réuni, il y a quelques jours, ses proches collaborateurs de la S-CPC et d’autres partenaires pour leur demander de la solidarité et rassembler au plus vite les pièces comptables pouvant les blanchir.
L’argent en cause est issu des financements en milliards de F CFA de la Compagnie malienne de développement des textiles (CMDT) et de l’Agence française de développement (AFD). C’est avec ce pactole que Bakary Togola mène la bamboula depuis 2007 avec des cercles d’amis. Il travaille en marge de la comptabilité, chose contraire aux règlements de l’Ohada.
Mamoudou Kassogué, le nouveau procureur anti-corruption avait donné le ton le mois dernier dès sa prise de fonction. Il avait cité devant les journalistes l’affaire dite des ristournes de coton de la S-CPC dans le lot des dossiers d’enquêtes de corruption sur sa table. Il s’agit des dossiers qu’il hérite de son prédécesseur Mamadou Bandiougou Diwara, désormais nommé à la Cour d’appel. On ne se lassera jamais de le répéter, Bakary Togola est cité dans l’imitation de la signature du PDG de la CMDT, Pr. Baba Berthé dans une affaire de commande annulée de pesticide. Il est aussi soupçonné d’avoir orchestré une écoute illégale de téléphone contre son ex-employé Fadiala Kéita.
A suivre
Abdrahamane Dicko