La réunion conjointe des ministres de l’Energie et des Finances de la Cédéao, mardi dernier à Bamako sur les échanges transfrontaliers de l’énergie électrique en Afrique a posé les fondements  d’un marché régional de l’énergie viable et pérenne en Afrique de l’ouest. Une voie selon les Etats qui facilitera l’accès des populations à une énergie durable, disponible et à bon prix

Après la rencontre d’Abidjan en février dernier,  les ministres de l’Energie et des Finances de six Etats de la Cédéao poursuivent la réflexion sur les échanges transfrontaliers de l’énergie électrique en Afrique. Les échanges transfrontaliers d’énergie électrique dans la zone ne représentent que 8 % actuellement. 

Il s’agissait, à travers cette réunion conjointe, d’approfondir les discussions sur les deux instruments proposés sur la sécurisation du commerce transfrontalier électrique et de réfléchir à leur mise en place. La Banque mondiale accompagne la Cédéao dans ce processus.

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Selon la directrice des opérations pour le Mali, Mme Soukeyna Kane, la Banque mondiale prévoit un appui budgétaire régional pour une grappe de six pays, c’est-à-dire le Burkina Faso, la Côté d’Ivoire, la Guinée, le Libéria, le Mali et la Sierra Leone, dans un échéancier assez court, pour supporter les reformes visant à sécuriser le commerce d’électricité inspiré de la directrice  de la Cédéao. « L’appui budgétaire est un instrument de la Banque mondiale bien connu pour soutenir les programmes de réforme au niveau national. L’innovation est que nous prévoyons que les six pays de la grappe mettent en place les mêmes reformes dans un appui budgétaire régional, pour améliorer la confiance dans le commerce ».

L’application de  cet instrument va surtout impacter sur les relations commerciales entre les importateurs et exportateurs d’énergie qui « ne sont pas saines », souligne le commissaire énergie et mines de la Cédéao, Sediko Douka. Celles-ci, se trouvent aujourd’hui, dit-il, affectées par des goulots d’étranglement dont le non payement des factures d’achats d’énergie à termes échus, l’ interruption de la fourniture d’énergie électrique par les exportateurs affectant de facto la qualité des services rendus et l’absence d’un mécanisme durable, contraignant, donnant priorité aux paiements des contrats d’importation même dans des situations de trésorerie difficile de même que l’absence d’instruments pour compenser l’énergie non fournie.  

La deuxième reforme proposée par la Banque mondiale est la création d’un fonds renouvelable de soutien aux liquidités.  Ce dernier va aider les exportateurs d’électricité à avoir accès à des liquidités en cas de non respect des dispositions contractuelles des importateurs d’électricité et vice-versa.

Cet instrument sera élargi à tous les Etats membres de la Cédéao et impliquera les banques commerciales et multilatérales,  indique le commissaire énergie et mines de la Cédéao. « Il vise à assurer la solvabilité financière des sociétés d’électricité importatrices et exportatrices et à améliorer les échanges transfrontaliers avec pour effet de réduire les prix des tarifs ». Pour l’interlocuteur, ces reformes à opérer bien qu’elles ont des points communs  seront adaptées et déclinées selon les spécificités de chaque pays.

Au Mali, ces reformes sont saluées par les autorités. A la réunion, le Premier ministre Dr. Boubou Cissé a rappelé l’attention particulière accordée par son pays à cette question  compte tenu des accords actuels qu’il a avec certains pays de la région et les projets régionaux d’interconnexion électrique de la Cédéao, dans lesquels le pays est impliqué.

Cependant, cette coopération dans le secteur de l’énergie électrique pour le Premier ministre  ne doit occulter les difficultés actuelles qui affectent progressivement la santé financière des sociétés d’électricité et au-delà les économies de nos pays. « Nous devons donc entreprendre toutes les actions nécessaires pour renforcer le commerce de l’électricité et mettre en place des règles de gestion des contrats dans le cadre de ce commerce », a-t-il mentionné.

La rencontre de Bamako a permis aux partenaires de faire un aperçu sur les reformes entreprises par la Cédéao durant ces deux décennies dans le secteur de l’énergie.

Avec 45 % de la population de l’ouest ayant accès à l’électricité, des améliorations « notables ont été accomplies », s’est réjouit la représentante de la Banque mondiale. Cependant, souligne-t-elle, les taux d’accès restent aujourd’hui encore trop faibles particulièrement dans les pays du sahel.

Les défis cités par Mme Kane sont entre autres liés à la forte augmentation de la demande, de 8 à 10 % annuelle, la dépendance encore forte aux combustibles fossiles et le besoin d’adaptation de stratégie d’électrification inclusive visant les zones rurales où les taux d’accès sont très faibles

Kadiatou Mouyi Doumbia

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