C’est au pas de charge que la ministre de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable, Keïta Aïda MBO, a constaté de visu la situation de l’environnement et de l’assainissement dans la région de Sikasso. Du 19 au 21 octobre, accompagnée d’une forte délégation, elle a sillonné Sikasso, Bougouni et Sélingué.
En trois jours, Aïda MBO Keïta a visité une usine de fabrique de sacs à Sikasso, la déchargé finale de Sikasso, les services régionaux rattachés à son département, recensé les préoccupations et les dragues sur le fleuve.
Partout où elle est passée, la ministre a eu des échanges directs et a tenu un langage franc.
Améliorer les conditions de vie et de travail des agents dans la région
A Sikasso, la ministre MBO, après avoir visité les services déconcentrés, a eu des échanges francs et sincères avec les responsables. Elle a ainsi promis de tout mettre en œuvre pour améliorer les conditions de vie et de travail des agents dans la région. Selon elle, Sikasso est une zone d’espoir, mais avec beaucoup de problèmes. La « patronne verte » promet un renforcement en termes de ressources tant matérielles qu’humaines. Face aux agents de Sikasso, Mme Keïta a félicité les uns et les autres des résultats obtenus par ce qu’elle qualifie ‘’d’équipe’’ qui a certainement joué un rôle important dans sa reconduction à la tête du département. « Tout le mérite revient à l’ensemble du personnel. Nos efforts à tous ont permis de revoir même la position du ministère qui passe de la 26ème à la 15ème place dans le protocole gouvernemental», affirme-t-elle. Avant d’ajouter que cela prouve l’importance que les plus hautes autorités accordent à son département et à la question de l’environnement.
Aïda MBO estime que Sikasso regorge d’assez de ressources naturelles qui doivent être protégées et sauvegardées. A ce titre, elle en appelle à l’application stricte et correcte des textes en la matière. Pour ce faire, la patronne de l’environnement exhorte ses services à mobiliser toutes les ressources possibles et à chercher des partenariats pour financer les projets et programmes en la matière. La ministre félicite et encourage la célébration des journées citoyennes qu’elle espère voir pérenniser le plus longtemps que possible.
Aux directeurs régionaux, Aïda MBO n’est pas allée par le dos de la cuillère. Selon elle, il faut impérativement renforcer la solidarité, la collaboration et l’esprit d’équipe entre les services, mais aussi renforcer la communication autour des activités.
Parlant de la gestion des déchets, une question mal cernée par les populations, elle préconise l’élaboration d’une brochure pour expliquer le rôle du département et des collectivités. Car, depuis plus d’une décennie, la gestion de ces déchets a été transférée aux collectivités.
Une lutte implacable contre l’occupation illicite des forêts classées
S’il y a un sujet qui révolte la patronne du département de l’Environnement, c’est bien l’occupation anarchique des forêts classées.
Sur la question, elle se veut implacable dans la lutte contre l’occupation illicite de ces forêts. Aïda MBO est formelle que cela passera forcément d’abord par le respect de l’éthique, la déontologie, l’anticipation et l’organisation des services concernés.
Sur présentation d’une analyse des problèmes du domaine forestier de Sikasso, la ministre a été informée que l’ensemble des forêts de la région ont besoin d’aménagement. Aussi, sont-elles victimes d’occupation illicite par les orpailleurs, les éleveurs et des agriculteurs.
Aux dires des responsables régionaux des Eaux et Forêts, les forêts classées sont victimes de non-immatriculation de leurs limites, de manque d’informations et de sensibilisation des usagers. Mais aussi et surtout d’incivisme. En plus de ce constat peu reluisant, le directeur régional affirme que ces forêts sont victimes des insuffisances des domaines pastoraux, de la faiblesse du contrôle forestier, les feux de brousse et le braconnage.
Le renforcement des effectifs des forestiers
Profitant de sa visite, la ministre de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable a informé l’assistance de la nécessité de renforcer les effectifs des forestiers. Selon elle, plus d’une cinquantaine de cadres du département iront à la retraite en décembre prochain. Pire, l’année prochaine, un important contingent devrait leur emboiter le pas. Elle qualifie cela, d’‘’hécatombe’’. Pour y remédier, Aïda MBO préconise le renforcement des effectifs. Elle appelle à un recrutement massif dans toutes les catégories. Même si le prochain concours de la Fonction publique envisage le recrutement de plus de 70 agents. Aïda MBO pense que ce n’est toujours pas suffisant pour combler le déficit, afin de veiller sur la faune et la flore.
Une décharge moderne et efficace
Un peu plus tôt, Aïda MBO et sa suite avaient visité la décharge contrôlée de la ville. D’une superficie de 25ha repartie en six casiers pour faciliter la gestion des déchets, elle est l’une des plus modernes du Mali. Elle est dotée d’un système qui permet de stocker les déchets pendant l’hivernage et de les remettre dans les casiers après. Ces déchets sont ensuite transformés en terreautage et en compostage.
La décharge contrôlée de Sikasso compte des chambres de confinement des déchets biomédicaux. Au nombre de 20, ces chambres ont une capacité de 90m3 chacune pour une longueur de 10m sur 3m de large. Ici, aucun déchet n’est recevable avant d’avoir été incinéré au préalable par l’hôpital de provenance. Cette décharge reçoit, au-delà de la région de Sikasso, les déchets biométriques de Kayes et de plusieurs autres localités.
La ministre n’a pas manqué d’exprimer toute sa satisfaction face aux prouesses que réalise la Direction régionale de l’assainissement, du contrôle des pollutions et des nuisances qui gère la décharge. Aussi, a-t-elle appelé les autres régions à nouer des partenariats et de prendre l’exemple sur la région de Sikasso pour la gestion de leurs déchets.
ORPAILLAGE DANS LES FORETS CLASSEES
Les orpailleurs ont jusqu’au 30 novembre pour déguerpir
C’est avec beaucoup d’émotion que la ministre de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable, Aïda MBO Keïta, a constaté l’état de dégradation des forêts classées dans la région de Sikasso. Elle promet de fermer les sites d’orpaillage qui s’y trouvent au plus tard le 30 novembre.
Avec une délégation composée de l’ensemble des chefs de services du département, des autorités administratives et coutumières, Aïda MBO a sillonné, pendant 3 jours, les forêts classées de la région de Sikasso. Partout où elle est passée, c’est le même constat : l’orpaillage a fortement dégradé les forêts qui constituent le dernier rempart. En plus des nationaux, des étrangers sont installés dans les forêts et en font un lieu de prédation contre les espèces protégées et la nature.
Devant ce constat amer, la ministre a réuni autour d’elle tous les acteurs concernés. Ensemble, ils ont constaté le refus des orpailleurs de déguerpir des forêts classées.
Les maires et les chefs de village ont, à l’unanimité, estimé que les séances de sensibilisation et d’information initiées par le département de l’Environnement et de l’Assainissement depuis avril dernier ne sont pas respectées par les orpailleurs qui n’en font qu’à leur tête. Face à cette situation et vu l’urgence à agir, les autorités administratives et coutumières ont recommandé au ministre Aïda MBO de passer à la vitesse supérieure et de faire déguerpir les orpailleurs par la force s’il le faut.
Ainsi, la ministre a instruit fermement à ses services de donner jusqu’au 30 novembre au plus tard pour déguerpir les occupants illégaux des forêts classées.
Elle a aussi décidé de l’immatriculation des limites de toutes les forêts classées de la région ; de renforcer le contrôle forestier ; de lutter contre les feux de brousse et le braconnage.
La guerre déclarée au dragage sur le fleuve Sankarani
Sur le fleuve Sankarani, la ministre de l’Environnement a été désagréablement surprise de constater plus de 100 dragues d’orpaillage. Ecœurée, elle réclame l’arrêt du phénomène. Car ces dragues menacent le fleuve et même le barrage hydroélectrique de Sélingué, situé à 7km. Selon elle, à cause du dragage, la sédimentation du fleuve a changé. Elle préconise des mesures urgentes.
Partant, la ministre s’est voulue très ferme sur la préservation du fleuve et des forêts classées qui sont le garant de l’équilibre de l’écosystème dans la région.
Harber MAIGA