Le Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga, et Iba Ndiaye, chef de cabinet du chef de file de l’opposition, ont exprimé tous les deux, le samedi 29 décembre 2018, au 2e congrès de l’Alliance pour la solidarité au Mali/Convergence des forces patriotiques (Asma/CFP), leur volonté de dialoguer. Ces déclarations, si elles donnent de l’espoir pour un éventuel dialogue en vue d’une sortie de crise politique, manquent de sincérité entre majorité et opposition.
L’Alliance pour la solidarité au Mali-convergence des forces patriotiques (Asma/CFP) a tenu le week-end dernier son 2e congrès.
A l’ouverture de ce congrès, Iba Ndiaye, chef de cabinet du chef de l’opposition, et Soumeylou Boubèye Maïga, Premier ministre et président de l’Asma/CFP, ont tous les deux exprimé leur volonté d’aller à un dialogue politique en vue de sortir le pays de la crise politique dans laquelle elle est plongée, depuis l’élection présidentielle de juillet-août 2018.
Ces propos, qui interviennent après une série de déclarations tenues dans d’autres circonstances par la majorité politique à travers le gouvernement et l’opposition, affirmant toujours la disponibilité des deux camps à œuvrer pour un dialogue politique, souffrent de sincérité de leurs auteurs.
En effet, Soumaïla Cissé, chef de file de l’opposition avait exprimé, lors de la conférence nationale de l’Union pour la République et la démocratie (URD), le 15 décembre 2018, sa volonté de dialoguer avec le gouvernement. Dans son discours prononcé à l’occasion du défilé militaire du 22 septembre 2018, le président de la République Ibrahim Boubacar Kéita déclarait que sa ma main restait tendue à l’opposition pour un dialogue politique.
Malheureusement, jusqu’à ce jour, force est de constater que les lignes n’ont pas bougé dans le cadre d’un véritable dialogue politique entre les deux camps, faute de sincérité des uns et des autres.
Une stratégie de duperie
La stratégie adoptée par le gouvernement et l’opposition semble être d’afficher, devant les caméras de télévision, leur bonne volonté d’aller au dialogue politique et de faire le contraire de ce qu’ils disent, une fois qu’ils sont loin de ces caméras. Elle permet à l’un ou à l’autre camp de se faire passer, aux yeux du peuple, comme des partisans de l’apaisement politique et ses adversaires politiques comme ceux qui bloquent un éventuel dialogue. En réalité, cette stratégie, basée sur des calculs politiciens, traduit le manque de sincérité des deux camps pour sortir notre pays de cette crise politique qui n’a que trop duré pour un peuple qui en souffre.
Il est difficile de comprendre que les deux camps qui se disent prêts au dialogue et à un soi-disant du bien-être des Maliens, ne soient pas parvenus depuis plusieurs mois à jeter les bases d’un véritable dialogue politique, malgré la médiation entreprise par les leaders religieux et les familles fondatrices de Bamako.
En attendant que le gouvernement et l’opposition prouvent leur sincérité pour l’ouverture d’un dialogue politique franc à travers des actes concrets, le peuple, qui reste la victime collatérale de cette stratégie de duperie, prend son mal en patience.
Abdrahamane Diamouténé
L’Indicateur du renouveau du 31 décembre 2018