La communauté peule du Sénégale marche pour exiger la cessation immédiate des massacres de leurs frères maliens. Un mémorandum sera remis à l’ambassadeur du Mali à Dakar, avec un message pour Ibrahim Boubacar Keita.
Les meurtres des Peuls au Mali suscitent de nombreuses réactions de la part de leurs frères et sœurs du Sénégal. Constitués en collectif, ils ont multiplié réunions et rencontres communautaires ces derniers temps à Dakar. Leur objectif est de protester contre le massacre de leurs confrères du Macina et dénoncer ces atteintes aux droits de l’homme au Mali. « C’est un massacre organisé de manière conjointe, entre les chausseurs dozos et des éléments de l’armée nationale malienne, dans un silence inquiétant de la communauté internationale. Mais le plus inquiétant, c’est que le gouvernement malien ne puisse pas réagir jusqu’à ce jour pour arrêter ces massacres-là,» explique Moussa Diallo le porte-parole de la Tabital Pulaaku Sénégal.
« Nettoyage ethnique »
Safoura Sow vit au Sénégal. Elle est peule et dénonce ce qu’elle qualifie de nettoyage ethnique basé sur un amalgame : « on tue les peuls par centaines, pour la bonne et simple raison qu’ils sont peuls. Toute la communauté ne peut payer ce qu’un seul peul a fait. Je ne sais pas un certain Amadou Kounfa qui a rejoint les Djihadistes, qui se trouve être un peul et il paraît qu’il a même tué des peuls,» conclut-elle.
Conséquences économiques au Sénégal
Le massacre des Peuls du mali est une menace pour l’économie du Sénégal. C’est l’avis du docteur Ameth Sow, historien et astrologue formé en Allemagne : « presque soixante pour cent du cheptel, surtout au temps de pointe, c’est-à-dire pendant la Tabaski ou le Gammou, provient du Mali. Ce sont des Fulbhe éleveurs qui sont la cible de ce génocide. Donc, il y a des répercussions à court et à long terme. Nous avons intérêt à ce que la stabilité règne là-bas,» souligne l’historien.
Ces peuls vont marcher de la Place de la nation à la devanture de la télévision nationale ce matin. Déjà, Moussa Diallo le porte-parole de la Tabital Pulaaku Sénégal, réclame la fin des exactions et la justice au chef de l’Etat malien : « nous nous sommes levés pour obliger Ibrahim Boubacar Keita à arrêter ces massacres ainsi que leurs auteurs pour les juger mais aussi pour amener les chefs d’Etat africains à se prononcer au moins sur cette question et demander que le gouvernement malien agisse en conséquence,» conclut-il.
Les éleveurs peuls et vendeurs de bétails vont observer une journée de grève en guise de solidarité à leurs collègues du Mali.
Avec DW
L’Indicateur du renouveau du 11 juillet 2018