La décision d’expulsion des mauvais payeurs des logements sociaux à partir du lundi 22 octobre est restée sans suite. Aucun occupant des logements sociaux de Bamako et des autres villes du Mali n’a été expulsé. Le directeur général de l’Office malien de l’habitat (OMH) a sans nul doute ignoré la force de frappe des hommes politiques qui sont à la base de cette situation.

Pour la première fois dans l’histoire du Mali, un directeur général de l’Office malien de l’habitat (OMH) a eu le courage de taper du poing sur la table face aux mauvais payeurs des logements sociaux. Dans un communiqué, l’OMH constate avec regret que certains bénéficiaires de logements sociaux accusent des retards dans le paiement de leurs mensualités.

Face à cette situation, l’Office entend mettre en œuvre un mécanisme de recouvrement des impayés, d’autant plus que les lettres de notification d’impayés valant mises en demeure de l’application de la clause résolutoire en vue de permettre aux retardataires de bonne foi de se mettre à jour sont restées sans suite.

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Dans ce communiqué, le directeur général rappelle aux bénéficiaires des logements sociaux en retard de payement de leurs mensualités, que le moratoire qui leur avait été accordé a expiré : « Conformément à la convention de location-vente liant les bénéficiaires à l’Office malien de l’habitat, ceux qui sont en impayés se verront retirer leur logement à partir du lundi 22 octobre 2018 », selon le communiqué.

Malheureusement, cette détermination du directeur général de l’OMH est restée sans suite. Du lundi 22 octobre à nos jours, aucun mauvais payeur n’a été expulsé. Pis, le jour où ces expulsions devaient avoir lieu, le ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme, Mohamed Moustapha Sidibé, a initié une visite inopinée sur les chantiers des nouveaux chantiers. Une manière de contrarier la volonté du DG de l’OMH.

Et pourtant cette situation était prévisible. Selon nos enquêtes, la majorité des bénéficiaires de logements en retard dans le paiement de leurs mensualités sont des personnes qui ont eu des logements à travers des hommes politiques, des institutions et ministères.

Pour mieux préparer la campagne, certains hommes politiques n’hésitent pas à distribuer des logements sociaux comme l’arachide aux militants. La plupart des bénéficiaires, qui n’ont pas les moyens de payer régulièrement les mensualités, comptent toujours sur leurs hommes forts pour faire la pression sur le DG de l’OMH, chaque fois qu’on hausse le ton de ce côté.

La situation reste donc complexe et difficile. La courageuse décision du directeur de l’OMH a peu de chance d’aboutir, car elle va sûrement toucher à certains protégés de Koulouba ou de Bagadadji.

Sinon comment comprendre que certains bénéficiaires peuvent être en retard de payement de plus de 5 ans sans être inquiété ? Au même moment, des milliers de salariés confirmés et domiciliés aux banques se battent nuit et jour pour avoir les logements sociaux en vain.

Le favoritisme et le clientélisme ont toujours prévalu dans les critères d’attribution des logements au Mali. Si les critères étaient bien respectés, l’OMH ne serait pas obligé de prendre une telle décision d’expulsion.

L’impossible n’est pas malien, mais une chose est sure, le DG de l’OMH devrait comprendre qu’il a perdu d’avance le combat face aux dinosaures du pays. Sa décision d’expulsion n’aura aucun sens. Pis, il risque son poste, s’il s’entête à poursuivre cette aventure. L’occasion est donc idéale pour le DG de claquer la porte pour ne pas être complice de cette situation qui n’honore personne.

Y. Doumbia   

L’Indicateur du renouveau du 24 octobre 2018

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