La multiplication des réseaux sociaux avec un fort taux de pénétration malgré l’accès difficile à l’internet fait que les journalistes n’ont plus le monopole de l’information car toute personne possédant un smartphone et une connexion internet peut désormais diffuser de l’information qu’elle soit bonne ou pas, vérifiée ou pas. Les journalistes professionnels ont dorénavant le devoir de vérifier toute information qui prend de l’ampleur sur les réseaux sociaux.

Salif Diarrah, spécialiste des nouveaux médias (Directeur de publication de maliactu.net et chargé de cours de web-journalisme à l’ESJSC-Mali)

Au Mali, des réseaux sociaux comme Facebook et Twitter sont envahis par des faux profils et la plupart des sites web d’actualité ont des répliques dans le seul but de véhiculer délibérément des fausses informations. Dans la plupart des cas, les lecteurs ne savent pas faire la différence comme par exemple : Maliweb.net et Mali-web.netMalijet.net et Malijet.co ou Maliactu.net et Maliactu.info. En France des médias proposent à leurs lecteurs des moteurs de recherche permettant de vérifier la fiabilité des sites d’information. Comme par exemple Decodexqui permet de faire la différence entre un site d’information, un site parodique, ou un faux nez alimenté par un groupuscule d’extrême droite.

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Lors de l’élection présidentielle passée en France, des médias se sont regroupés pour mettre en place un comité de vérification de l’information qui était chargé de noter chaque information sur une échelle de zéro à cinq et ses notes étaient visibles par les lecteurs qui ont une idée de la véracité de l’information qu’on leur offre (collaboration de 33 rédactions appelée Crosscheck). Au Mali lors du second tour de la présidentielle de 2018, le plan d’une ville (Soundjata city) a fait le tour des réseaux sociaux utilisé par les partisans d’un candidat comme un projet de celui-ci. La plupart des internautes ont cru à ce projet alors qu’il fallait juste faire une recherche inversée de l’image pour savoir qu’elle a été utilisée dans un autre pays avant les campagnes.   

Le peuple a droit à l’information mais c’est aux professionnels de leur donner de la bonne information. Au Mali il est plus qu’urgent pour les journalistes de se donner comme devoir de vérifier toute information dans l’objectif d’éclairer leurs lecteurs. Que ce soient des faux communiqués, des fausses rumeurs ou l’intox, les professionnels doivent faire la part des flux d’informations continus sur les réseaux sociaux.

En France le géant des réseaux sociaux, Facebook a lancé une nouvelle fonction destinée à faire la chasse aux fausses nouvelles qui permet à ses utilisateurs de signaler des contenus dont ils doutent de la véracité. Dès qu’un article est signalé, plusieurs médias se chargent de vérifier l’information et si deux de ces médias confirment que le post est faux alors Facebook affichera un petit pictogramme qui indiquera que le contenu est jugé contestable. Et par conséquent, la publication ne sera pas mise en avant. En janvier dernier, l’Allemagne a fait voter une loi contre les contenus illégaux qui a contraint Facebook, YouTube et Twitter à supprimer des contenus au risque de payer des millions d’Euros d’amende.

Malgré les conséquences de la désinformation dans notre pays, on ne met jamais en cause la responsabilité des hébergeurs qui ont le pouvoir par exemple de bannir certains contenus dont ils jugent sensibles à la simple demande des autorités comme c’est le cas avec des messages de haine, les images violentes etc…

Que ce soit au niveau des autorités, des organisations des journalistes, des médias et même du citoyen lambda, chacun doit jouer pleinement son rôle pour que les informations qui circulent soient des informations vérifiées.

Salif Diarrah

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