Je ne sais pas si c’est possible de parler d’autre chose que politique, au Mali. Sur les nouvelles économiques, je n’en sais pas trop. Je n’ai pas d’indices non plus pour nous situer économiquement, donc la Banque mondiale nous dit tantôt ceci, tantôt cela. Tout ce que je sais, on importe plus qu’on exporte au Mali, et la douane reste l’un des plus gros pourvoyeurs de l’Etat, par ricochet, la population. Quand la douane taxe les commerçants, les commerçants à leur tour taxent la population. Pas besoin de B.A.-BA pour le savoir.
Cher grand-père, c’est ma cinquième lettre. Je t’informe que les opposants
religieux, pardon, je voulais dire, les leaders religieux ont remporté le bras
de fer contre le gouvernement. Le Premier ministre a démissionné. Les députés
avaient rejoint la danse. Ils avaient envisagé ce qu’on appelle une motion de
censure (un moyen par lequel les députés peuvent imposer la démission à un
gouvernement). A la veille, le Premier ministre a pris les choses en main et a
démissionné.
Grand-père, cette démission du gouvernement, la sixième en 6 ans. Je pense que
ça suffit ! Oui ça suffit ! Trop d’organes de contrôle, ne peut que nous mener
à l’anarchie. Grand-père, il y a trop d’organes de contrôle au Mali, des partis
politiques, certaines organisations internationales, des familles et certains
groupes de personnes. Chacun dicte sa loi or personne ne sera en mesure de
satisfaire tout le monde.
Un groupe te dit par-ci fait ceci, c’est le chemin, d’autres te disent par-là fait cela, c’est la voie, avec un autre qui te dicte « Non », tu ne feras rien de tout ça, voici, la bitumée. Or comme tu le sais, les gouvernements africains sont en général, des chasseurs de rats. Ils ne chassent que le rat qui sort du trou et revient à l’attente.
Grand-père, le temps n’est plus à décrier les trous du jarre, mais de porter
secours afin de stopper l’hémorragie. Les passagers ont tous intérêt que le
navire soit sauvé. Il est temps pour les Maliennes et Maliens, à ce que chacun
porte sa main pour qu’on aille de l’avant.
Grand-père, il parait que cette fois-ci rares sont ceux qui veulent remplacer
le Tigre de Badala. Ndrl ! Cette fois, parait-il que les visites de prétendant
au poste de Premier ministre soient rarissimes chez les marabouts et
féticheurs, tout le monde fuit. Ndrl !
Bon, les concertations sont en cours, dit-on, en attendant le mardi prochain,
j’espère que le Mali aura un gouvernement capable de relever les défis majeurs
qui se pointent à l’horizon. Pourvu qu’on ne remette pas de nouveau, la charrue
avant le bœuf. Egraine le chapelet grand-père. A mardi ! Inch’Allah !
Koureichy
Mali Tribune du mardi 23 avril 2019