Abdoul Aziz Ballo est un maraicher bio installé à Banankoro, dans la Commune rurale de Sanankoroba, à 15 km de Bamako. Il est le président de la Coopérative « Lakana Sènè », un groupement de maraichers bio dont le leitmotiv est la culture sans utilisation de matières chimiques. Dans cet entretien, M. Ballo détaille les conditions d’intégration de leur association, les raisons de leur conversion à cette méthode de production et les répercussions que ce changement entraine pour eux, du point de vue économique.

Mali Tribune : Qu’est-ce qui vous a poussé vers l’agriculture biologique ?

Abdoul Aziz Ballo : On a opté pour l’agriculture bio pour notre santé. Car, ce mode de production protège l’environnement et assure une consommation saine qui préserve la santé. De nos jours, on remarque que les produits chimiques ont envahi tous les domaines, que ce soit l’agriculture ou le maraichage. Ainsi, de nombreuses personnes soucieuses de leur santé s’interrogent sur comment trouver des produits sains à manger. C’est pour apporter une réponse à ces genres de questions que nous nous sommes engagés à faire de la culture biologique.

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Mali Tribune : D’où vient l’initiative de création de la Coopérative Lakana Sènè ?

A. A. B. : L’initiative trouve sa racine dans un projet espagnol dont on a bénéficié en 2015 dans notre localité à Sanankoroba. Ce projet consistait à financer des maraichers. On était 14 producteurs et 4 groupements de femmes, à en bénéficier. Ce projet comprenait deux volets : l’un dédié à la pratique et l’autre pour la commercialisation avec des formations à l’appui. C’est donc à la fin de cette formation que nous avons décidé de créer une coopérative pour produire et vendre ensemble des produits bio.

Mali Tribune : Comment adhérer à cette Coopérative ?

A. A. B. : Pour être membre de la coopérative, il y a des conditions à remplir. D’abord le premier impératif est d’être maraicher bio. C’est-à-dire bannir tout usage de produit chimique dans sa production. Ensuite être dans la Commune de Sanankoroba. Après cela, la Coopérative se donne le temps d’observer pendant un an la production de l’intéressé pour s’assurer qu’il a réellement intégré la philosophie bio.

Mali Tribune : A votre avis, l’agriculture bio est-elle plus rentable que l’agriculture conventionnelle pour le producteur ?

A. A. B. : Du point de vue revenu financier, la réponse n’est pas évidente. En effet, il y a deux gros problèmes qui se posent. Premièrement, pour l’agriculteur bio, le défi c’est de trouver des clients. Il y a également une différence au niveau du prix entre les produits bio et ceux qui sont issus de l’agriculture conventionnelle. L’autre détail, c’est que le producteur bio ne peut pas produire aussi massivement que celui qui utilise les engrais chimiques. Par exemple, quelqu’un qui fait du maïs bio, le temps pour lui de faire deux hectares (ha) de maïs trouvera que l’autre qui est dans la méthode conventionnelle a déjà produit six à dix ha. Pour le maïs bio, il faut apporter de la fumure organique et bien aménager la terre. Tandis que l’autre laboure seulement, déverse l’engrais et puis ça passe. Maintenant c’est la différence de prix entre les deux produits qui permet au producteur bio de combler un peu ce déficit.

Mali Tribune : Quelles sont les ambitions de la coopérative à moyen terme ?

A. A. B. : Notre ambition est de produire et satisfaire tous ceux qui ont envie de consommer le bio. Pour l’instant, nous avons du mal à démarrer dans ce sens à cause notamment de problèmes d’eau. Pour produire douze mois sur douze, il faut de l’eau en permanence alors qu’ici pendant la saison sèche les puits tarissent et il n’y a pas d’eau. Ainsi, en cette période on est obligé de diminuer les surfaces de production. Et les clients ne sont pas satisfaits car ils ne trouvent pas les produits dont ils ont besoin. Or notre ambition est de les satisfaire totalement.

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