Mes chèr(e)s frères et sœurs

Comme vous toutes et tous, je suis meurtri par la succession des massacres dans nos villages, communes, cercles. Comme tout le monde, je me sens un peu dépassé et même désemparé par la cruauté et la fréquence des attaques de toutes natures. Mais en tant que ressortissant de la zone et malgré nos peines et souffrances personnelles, je demande à toutes et à tous de ne céder ni au désespoir, ni à la passion, ni au découragement. Nous avons l’obligation de nous mobiliser davantage pour être aux avant-postes des initiatives pour le retour de la sécurité, de la paix, de la stabilité et du vivre ensemble dans l’harmonie et le respect mutuel qui a fait la réputation de notre région.

Nous devons avant tout nous départir de l’enfermement communautariste. Un sage disait que « l’identité n’est dangereuse que lorsqu’elle devient exclusive ». Dans la tragédie en cours, aucune communauté de la zone ne gagnera contre l’autre. Au contraire, ce sont toutes les communautés qui sont déjà perdantes. Nous sommes donc condamnés à réussir ensemble et à vivre ensemble. L’enjeu du moment n’est pas de chercher à savoir quelle communauté a précédé l’autre, mais plutôt de se mettre ensemble (agriculteurs, pasteurs, pêcheurs, etc.) pour faire de notre région, nos cercles, nos communes, bref nos terroirs, des espaces de paix, de stabilité et de prospérité au bénéfice de tous. En ces moments propices aux rancœurs et à la rancune des uns envers les autres, œuvrons au désarmement des cœurs et des esprits pour mieux écouter l’autre, travaillons ensuite au retour de la confiance et de la cohésion ; toutes choses qui sont les conditions indispensables au vivre ensemble convivial, à la sécurité et à la paix.

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Nous devons ensuite rencontrer nos frères ou sœurs qui ont simplement de l’influence sur les leaders des milices armées communautaires (peuls, dogons et autres) pour faire passer le message suivant : « Dogons, Bambaras, Bozos, Bobos, Songhoïs, Peuls et autres communautés doivent se mettre ensemble pour protéger les terroirs et toutes les populations contre les bandits qui utilisent la religion et la fibre identitaire pour piller, voler et commettre des massacres d’innocents ».

Aussi, nous devons suggérer aux autorités publiques, l’accélération de la mise en place d’une police de proximité sous la responsabilité des maires et sous le contrôle des préfets et sous-préfets. C’est la seule alternative institutionnelle républicaine crédible et durable face à la prolifération actuelle des milices communautaires qui ont le soutien de certaines populations locales.

Enfin, bien qu’il soit courant d’entendre dire que « tous les problèmes de la zone viennent des gens de Bamako », je suis de ceux qui pensent que les causes profondes des conflits, devenus violents, et leurs solutions doivent être recherchées et gérées d’abord au niveau local. Nous devons alors travailler au recueil, à la réhabilitation et à l’utilisation des mécanismes endogènes de prévention et de régulation des conflits. Mobilisons-nous donc davantage pour une meilleure implication et un accompagnement assidu de nos leaders coutumiers et religieux et de nos élus locaux dans les diverses initiatives en direction des communautés dans les villages, communes et cercles.

Prions ensemble pour le repos des âmes de toutes les victimes.

Marquons pour l’histoire et la mémoire collective, par des monuments, des cimetières et des places publiques, le martyre de ces victimes innocentes de la bêtise humaine. « Plus jamais ça ».

Prions enfin pour notre pays et notre nation.

Ousmane Sy

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