La célébration du 8 Mars 2021 représente une occasion en or pour magnifier la bravoure, la détermination et la résilience des femmes maliennes face à la lutte contre les impacts sociales et économiques de la Covid-19. Perte de revenus, fermeture d’entreprises, violences conjugales, sont entre autres les défis et enjeux que les femmes ont dû relever en 2020.

C’est avec plein de détermination et de créativité que la femme africaine particulièrement malienne a affronté les réalités amères de la pandémie du Covid-19. 

Les statistiques Onu femme révèlent que la pandémie du Covid-19 est à la base de plus de 96 % de la proportion de femmes qui ont perdu leurs revenus entre mars et avril 2020 au Mali. 

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Les femmes dans les secteurs informels, les micros et petites entreprises de transformation sont gravement touchées par la perte des revenus économiques. 

Cette étude de l’Onu, qui a concerné plus de 165 femmes, a démontré que les mesures de protection telles que les limitations des mouvements, l’interdiction des regroupements, la réduction des heures d’animation des marchés publics, la fermeture des écoles, etc., sont potentiellement génératrices de ces impacts du virus.

Plus de 20 % de la proportion des femmes ont dû arrêter leurs activités économiques et 4 % ont pu maintenir ou augmenter leurs revenus en 2020.

A Bamako, les femmes qui œuvrent dans les secteurs informels notamment la vente, la production et la transformation agricole sont les plus touchées avec la monté des coûts, la morosité des marchés, les pertes de revenus, le manque des outils et locaux de travail. 

Telles sont les difficultés auxquelles les femmes maraichères du site Saudia de Daoudabougou sont lamentablement confrontées.

Derrière l’ambassade d’Algérie, plus de 52 champs sont élaborés par les femmes et hommes maraichers. Selon Adama Diakité, un locateur du site, depuis 1991, ces jardiniers louent les parcelles d’autrui pour exercer leur métier. Les terres sont louées par mois  entre 25 000 F, et 5 000 F CFA. Les prix varient en fonction de l’étendue des différentes parcelles. 

Elles sont entre le marché, la cuisine et le maraichage. A quatre heures du matin, elles commencent avec leurs travaux ménagers pour ensuite aller vendre les légumes au marché et retourner dans l’après-midi pour s’attaquer à leurs jardins. Mais elles ont des différents emplois du temps. Les jeunes femmes qui sont les plus occupées par les tâches ménagères, sont obligées de commencer le jardinage à 16 heures. C’est pourquoi à notre passage, il n’y avait que les femmes les plus âgées sur place. 

‘’ Il faudrait le dire, cette année, il n’y a pas eu de marché. Beaucoup de nos productions sont parties en faillite. J’ai 80 planches de salades sur ce site et à l’opposée de la route, j’ai 160 planches. La femme malienne a d’énormes charges. Nous travaillons pour épauler nos maris et contribuer aux dépenses nécessaires de nos enfants. Personnellement, je n’ai plus de mari mais j’ai la responsabilité des charges des enfants. La Covid-19 a basculé toutes les activités et occasionné une montée des coûts des vivres. Je me réveille depuis 4 heures du matin pour exécuter mes tâches à domicile ensuite pour travailler au champ de 10 heures jusqu’à 16 heures. Je n’ai plus de mari et je m’occupe seule de mes enfants grâce aux revenus de mes récoltes. La vente de mes salades permettent aux enfants de suivre régulièrement leurs cours scolaires’’, affirme Mariétou Samaké, maraichère. 

A force de persévérer dans ce métier, le maraichage devient une passion pour ces femmes. C’est le cas de la vieille Nagnouma Samaké qui œuvre dans ce domaine depuis plus de 40 ans. Elle informe que toute sa vie, elle a subvenu aux dépenses de la famille, à travers ce métier. Mais elle est surprise de la gravité du ralentissement du marché des produits agricoles durant l’année 2020 à maintenant. 

‘’ Sans marché c’est pénible ! Sinon c’est le plus beau des métiers. Nous évoluons avec courage et patience. A travers la production agricole, on vêtit les enfants, les envoie à l’école et leur donne à manger. C’est notre source de vie. Nous sommes sur des terres d’autrui et les propriétaires peuvent nous déguerpir à tout moment, si besoin. Nous sommes sans matériels de travail et le paiement des locaux devient compliqué dans la mesure où nous n’avons plus de revenu », s’inquiète la maraichère. 

Malgré tout, elle invite ses collègues à ne pas baisser les bras. Elle sollicite l’appui des investisseurs et le gouvernement pour le développement du maraichage.  Les produits cultivés sont le céleri, la salade verte, les menthes, les citronnelles et les choux. La plus grande production concerne la salade verte. 

Elles sont confrontées, tout comme les quelques hommes qui se battent à leur côté. Leurs différents clients sont les vendeuses ambulantes, celles des marchés et au bord de la place publique et bien d’autres. 

‘’Les maraichers ont été touchés. Les légumes fleurissent favorablement mais pourrissent en quantité sans pouvoir être achetés. En plus, elles sont confrontées à un manque de matériels, des insuffisances de locaux, par des inondations en saison pluvieuse et un manque d’eau pendant la sècheresse », explique Adama Diakité.

Selon Seybou Doumbia, un groupement des maraichères est en gestation pour l’amélioration de leur condition de travail. La construction de l’ambassade Saoudien est prévue sur ce site qui provoquera certainement leurs déguerpissements. 

Fatoumata Kané    

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