Faute de liquidité et à cause des arriérés de subventions dus par l’Etat, les fournisseurs de gaz ont opté pour l’arrêt de ravitaillement. Cette décision a pris effet à compter du 30 novembre dernier.

La correspondance en guise d’avertissement est tombée sur la table du ministre de l’Industrie et du Commerce, Mohamed Ag Erlaf, il y a de cela plusieurs semaines. Le Groupement professionnel des opérateurs gaziers du Mali, qui réunit les 8 sociétés importatrices et distributrices de gaz butane (Sigaz, Coumba gaz, Kama gaz, Fasogaz, Dilli gaz, Bama gaz, Sodigaz et MG gaz), a informé par deux courriers, leur ministre de tutelle qu’à cause d’une trésorerie difficile, ils ne seront plus en mesure d’exercer leur travail. Une correspondance qui réclame en même temps leurs arriérés de subvention estimés à environ 7 milliards de F CFA. Ils avaient fixé la date du 30 novembre 2019 comme délai de cessation de toute activité. Des lettres qui sont restées sans suite jusque-là.

Les fournisseurs de gaz qui s’approvisionnent au comptant auprès des multinationales disent être à court d’argent. C’est pourquoi ils ont été contraints à cet arrêt de travail. A la question de savoir si les consommateurs vont acheter la bonbonne de gaz au prix non subventionné, leur président Oudiary Diawara, directeur général de Sodigaz, répond qu’« il n’y aura même plus de gaz sur le marché ». Sauf selon lui, « ceux qui ont encore un peu de stocks et qui cherchent à les écouler ». Ce scénario va inéluctablement ouvrir la voie à la spéculation comme cela avait été le cas précédemment. Dans la mesure où les détaillants vont vendre à des prix prohibitifs.  A en croire M. Diawara, les opérateurs gaziers sont obligés d’arrêter d’importer. Ce qui sous-entend que c’est la banqueroute déjà pour certaines entreprises.

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Grâce à la subvention sur les prix de 7 Kg et 3,5 Kg de bouteilles de gaz, les ménages maliens parviennent à consommer ce combustible. Cette subvention, depuis des années, n’est plus payée régulièrement. Alors que c’est ce qui permet de vendre par exemple la bouteille de 7Kg à 3 500 F CFA au lieu de 5000 F CFA.

Le Fonds gazier en panne

Depuis plus de 30 ans que l’Etat a mis en œuvre une politique de sensibilisation à l’utilisation du gaz butane pour protéger l’écosystème, aucune alternative crédible n’a été prise pour supporter durablement le coût. Le Fonds gazier qui pouvait être une solution pérenne, peine à voir le jour.

Dans un grand dossier que nous avions mené sur le sujet au mois d’août 2019, Ahmadoun Touré, chef projet du Système hybride d’énergie rurale (Sher) à l’Agence malienne de développement de l’énergie domestique et de l’électrification rurale (Amader), nous a fait savoir que « des études très avancées sont en cours sur le Fonds gazier ». Selon lui, le ministère de l’Economie et des Finances a commandité une étude auprès de l’Office national du pétrole (Onap) sur la question.

Le Mali, étant un pionnier dans l’utilisation du gaz butane, est pourtant le seul pays de la sous-région à connaître des difficultés récurrentes, faute de fonds gazier. Dans nos enquêtes, il nous est revenu que le Burkina Faso, le Sénégal, la Mauritanie et même des pays côtiers comme la Côte d’Ivoire, le Bénin, le Togo et la Guinée disposent de mécanismes bien huilés pour faire face aux charges liées à la subvention pour protéger leur environnement.

A cause d’une mauvaise politique de vulgarisation de gaz butane, le Mali est le mauvais élève de la sous-région. En termes de volume de consommation, le Mali n’est qu’entre 18 000 et 20 000 tonnes par an. Le Burkina Faso en est à 100 000 tonnes/an, tandis que 200 000 t sont enregistrées en Côte d’Ivoire, 160 000 au Sénégal et 80 000 en Mauritanie.

Abdrahamane Dicko

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