Depuis maintenant plus de deux ou trois décennies, l’école malienne se débat dans une crise qui semble sans remède en dépit du fait qu’elle soit gérée par des professionnels du secteur.

Pourtant, elle avait été performante dans les premières années de l’indépendance, produisant des cadres de haut niveau et suscitant la convoitise de beaucoup de pays voisins. Il faut dire que des enseignants de qualité dans tous les ordres d’enseignement, pétris de patriotisme étaient à la manœuvre et que le cadre politique de l’époque abominait les grèves à répétition, les années tronquées et les cours à domicile pour les enfants des nantis.

La chienlit commença à s’installer dans le champ à partir de 1991-1992 quand le régime politique malien se mit dans le train de la démocratie bourgeoise. Le pluralisme syndical introduit dans les milieux scolaire et universitaire eut comme conséquence de paralyser le système et de mettre l’école dans la rue.

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Si les premiers régimes politiques arrivèrent tant bien que mal à sauver les années scolaires et non l’école malienne, actuellement la crise a atteint un tel paroxysme que c’est à se demander si l’école en sortira avec des plumes. Au lieu que l’enseignement soit un sacerdoce et le milieu scolaire et universitaire un espace d’éducation et d’apprentissage, les acteurs de la profession l’ont progressivement transformé en ntamanda (mine d’or) où la recherche de la fortune est la règle d’or. Aussi bien les syndicats d’enseignants que ceux des élèves et étudiants, chacun cherche à tirer son épingle du jeu en termes matériels et financiers, d’où la surenchère à tous les niveaux. Car, c’est bien là l’enjeu de cette quadrature du cercle et non le progrès de l’école, qui dicte qu’il faut bien vivre de sa profession et non en mourir pour une question de sacerdoce et de professionnalisme.

Les dirigeants politiques eux-mêmes font le lit de la dégradation du contexte en voulant faire travailler les enseignants comme des ouvriers agricoles alors qu’eux-mêmes pour un petit ennui de santé, le rhume par exemple, soutirent des millions au Trésor public pour aller se faire soigner à Paris ou à Bruxelles.

Si l’école est donc dans cette impasse dangereuse pour l’avenir de la nation, c’est bien la faute à la classe politique, formée aux ¾ d’enseignants, qui a prétendu au moment de la campagne électorale qu’elle avait les clés en main pour résoudre toutes les questions relatives à l’éducation.

Au vu du pourrissement actuel du système, on est bien obligé d’admettre qu’elle a perdu ses outils de départ et nul ne comprend plus les raisons qui la poussent à fustiger les syndicats enseignants et estudiantins qu’elle a d’ailleurs courtisés pour parvenir au sommet de l’Etat. En raison de toutes ces joutes démagogiques qu’elle ne cesse de déverser sur les enfants chéris de Jules Ferry, un ancien candidat à la présidentielle de 1997, feu Mary Batrou Diaby, avait déclaré que la caste des lettrés et des intellos avait fait la preuve de son incapacité à diriger le pays et qu’il fallait peut-être essayer maintenant la formule des analphabètes On n’a pas souvenance qu’à ce jour, un homme politique ait répondu à cette boutade.

Facoh Donki Diarra

(écrivain, Konibabougou)

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