Ca y est. Les Maliens sont finalement fiers du gouvernement suite à l’expulsion du Français Christophe Sivillon, désormais ex-chef de la Minusma à Kidal. Cette décision fait suite aux propos polémiques tenus par celui-ci dans la ville de Kidal. Cette décision suscite certaines interrogations : M. Sivillon a-t-il tenu un discours sans respecter les consignes ? Ses propos sont-ils de lui ou de la mission ? N’est-il pas un agneau sacrificiel ? Que peuvent être les conséquences d’une telle décision de la diplomatie malienne ?
Kidal, Kidal, Kidal, Kidal. Depuis Presque dix ans, le nom de cette ville est au centre de l’actualité malienne. Tous les grands débats relatifs à la vie de nation malienne tournent autour de cette ville. D’abord, le catalyseur de la crise du septentrion, puis le coup d’Etat, l’invasion des Djihadistes, l’arrivée de la force française puis de la Minusma, etc. Même pendant les élections présidentielles, tous les candidats voulaient tenir un meeting dans cette ville. Malgré des milliards investis dans les forums, les rencontres, les réunions et les sommets ; la ville continue d’échapper aux contrôles du Mali.
Au même moment, la Minusma, présente au Mali à la demande des autorités maliennes, se retrouve, sans cesse, au centre de polémiques à cause des problèmes autour de cette ville. La dernière en date, est ceux tenus en début décembre par le chef de la Minusma dans la région sur la ville de Kidal.
Malgré son renvoi illico-presto par sa hiérarchie, Christophe Sivillon, de nationalité française, a été déclaré persona non grata par le gouvernement malien. Le diplomate onusien a eu 24h pour quitter le territoire national. Mardi 10 décembre dernier, il a quitté Kidal pour Bamako. Au même moment, le ministre malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Tiébilé Dramé, a fait une déclaration officielle.
« Le Premier ministre et le gouvernement ont décidé de déclarer persona non grata le chef du bureau régional de la Minusma à Kidal pour les propos qu’il a tenus la semaine dernière« , a-t-il dit.
Une décision pour calmer la rue ?
Bien avant cette décision, le gouvernement, à travers le ministère des Affaires étrangères, s’était pourtant entretenu avec le Chef de la Minusma au Mali, Mahamat Saleh Annadif. A l’issue de cette rencontre, il a publié un communiqué, jugé « insultant« par une frange importante des internautes maliens. Or, dans ce communiqué, il a lui-même souligné que « c’était sur les réseaux sociaux qu’il avait appris les propos de Christopher Sivillon« . Et, apparemment, c’est le même réseau social qui a poussé le chef de la diplomatie à déclarer M. Sivillon« persona non grata« .
Au même moment, juste après la décision du gouvernement malien d’expulser M. Sivillon, dans un communiqué, la Minusma annonce avoir pris acte de la déclaration du gouvernement Malien. Mais, précise-t-elle, « regrette l’interprétation faite des propos de son chef de bureau à Kidal. La Minusma précise qu’aucun doute ne doit subsister sur l’engagement ferme de la mission onusienne à respecter et préserver l’unité du Mali. Et son intégrité territoriale« . Vrai ou faux, seule l’évolution de la situation sur le terrain pourrait mieux édifier.
Mais des interrogations persistent. « Le chef du bureau de la Minusma peut-il tenir un discours contraire aux valeurs de la mission ? Les agents de la mission peuvent-ils se permettre un tel dérapage ? La Minusma n’a-t-elle aucune responsabilité dans cette déclaration? Quelle a été la réaction des représentants de l’administration malienne présentent à cette rencontre ? Doivent-ils eux-aussi être sanctionnés pour leurs inactions ? « La diplomatie malienne, qui se bat chaque année pour renouveler le mandat de la Minusma, n’a-t-elle aucune responsabilité dans cette affaire ? Autant de questions qui méritent une réponse pour élucider définitivement la situation de Kidal.
Pour rappel, c’est lors de l’ouverture du congrès du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), tenu à Kidal, celui qui était alors encore le numéro 1 local de la Minusma avait souhaité la bienvenue aux « invités et membres des délégations venues du Mali et de l’étranger« .
Cette phase a aussitôt été condamnée avec par la société civile estimant que sa déclaration pouvait laisser penser que Kidal ne relevait pas de la souveraineté malienne. Il est finalement rentré mercredi, à 2h du matin, à Paris, via un vol régulier du Royal air Maroc (Ram).
S.I.K.