Voilà un titre qui ressemble étrangement à « Les angoisses d’un monde » de feu Pascal Baba Couloubaly, sauf que l’anthropologue s’intéressait à la colère de la paysannerie face à l’exploitation sauvage que lui faisaient subir les puissances d’argent des temps modernes et ce texte aux misères des politiciens qui nous sont venus d’outre-ciel.
La démocratie au Mali a cette caractéristique singulière d’avoir produit des hommes politiques semblables aux talibés des écoles coraniques traditionnelles avec cette différence que ces gamins avec leurs gamelles n’ont d’autre prétention que de survivre à la furie de leurs maîtres et que nos hommes politiques brandissent celle de guider des hommes et des femmes dont l’avenir serait en leurs mains.
Au Mali depuis 1991, il y eut un temps pour les espoirs ou des espérances si cela vous dit, et un autre pour les angoisses depuis 2002. Comprenons-nous bien, s’il y a eu un temps pour cela et ceci, cela vaut seulement pour la classe politique qui a tangué et est en voie de naufrage, mais pas pour le peuple qui n’en a rien à cirer pour avoir toujours été pris pour du bétail électoral.
Sans faire de parti pris, en dépit des hommages multiples qui lui furent rendus lors de ses obsèques à la fin de l’année 2020, on peut considérer que les déboires de la classe politique commencèrent avec l’accouchement douloureux du Consensus qui était cher à ATT et auquel paradoxalement adhéra toute l’élite politique de ce pays.
Depuis cette époque, notre classe politique se cherche plus elle-même qu’elle ne le fait pour son peuple dont le nom est pourtant prononcé à chaque cérémonie civile ou politique. Deux coups d’Etat en moins de 15 ans dans une vie démocratique montrent éloquemment les dysfonctionnements de ce système fait plus pour les riches que pour les pauvres et qui maintenant donnent du tournis à nos hommes politiques qui ont toujours oscillé entre médiocrité et opportunisme.
La chute d’IBK en août 2020 a fait asseoir les démocrates et les républicains de Mars 1991 sur des braises ardentes et cette position en cumul avec le mépris du peuple n’est pas faite pour arranger les choses pour eux.
Si certains barons de la scène politique sont usés par l’exercice du pouvoir sans résultat autre qu’une impopularité de plus en plus décriée, beaucoup en revanche notamment au sein de la jeunesse sont pressés de faire leurs preuves en politique et maudissent leurs aînés d’avoir mal préparé le terrain pour eux. Dans la centaine de partis politiques que compte le Mali aujourd’hui, alors que les élections générales approchent à pas lents, on ne voit guère à l’horizon une figure de proue qui pourrait faire la différence. Mais rassurons-nous, si l’Algérie a survécu à Bouteflika, la Tunisie à Ben Ali et la RDC à Joseph Kabila, le Mali très certainement sortira vivant de son trou pour l’instant bouché.
Facoh Donki Diarra
(écrivain Konibabougou)