Kouloogon, Ogossagou, Sobane-da, etc. que de paisibles villages anonymes sortis de l’ombre par des drames les uns plus cruels que les autres.

Des bourgades qui vont désormais malheureusement résonner dans notre conscience collective comme le symbole de la nature bestiale et brutale des hommes. L’illustration la plus négative de l’homme capable de tuer, de piller et de brûler sans aucune raison particulière.

Malheureusement, nous sommes astreints de faire désormais avec cette réalité sinistre de l’homme sans foi, sans loi. Comment en sommes-nous arrivés là et pourquoi dans notre pays auparavant réputé comme un havre de paix et de cohabitation intelligente entre les communautés ?

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Qui a failli alors ? Est-ce l’éducation collective ? Est-ce l’école publique ? Chacun y va de son analyse en s’interrogeant non sans rage et s’efforçant de donner une orientation pour une vie harmonieuse en société.

En effet, la cruauté des hommes représente un frein pour sa vie et son progrès. Toutes les facettes de la société y passent par pertes et profits : les naissances et les rites funéraires, l’éducation et la santé, l’économie, bref quand l’arme tonne, la vie perd ses moyens et ses perspectives.

Du peu qui fait acte de résilience face à cet environnement de haine et d’enfer avant date, le capharnaüm répugnant cité dans les saintes écritures, l’inversion des mœurs d’une société qui marche sur sa tête et se demande si quelques vertus résistent à cette usure universelle où rien n’est plus comme avant.

Peu à peu, tout s’est progressivement dégradé, détérioré et a perdu du sens en donnant du sens à l’insensé. Aujourd’hui, ôter la vie est une victoire de guerre, l’hospitalité cède son sens à la capture, la solidarité devient espionnage, le traître récompensé, le voyou plus méritant que le loyal, l’autorité exsangue, le mythe de la force et de l’ordre tombe. Les âmes sensibles se sont endurcies, insensibles à la douleur, à la souffrance, aux cris de désespoir. Que sommes-nous devenus ? Quand le voisin devient l’ennemi à abattre. On ne se parle plus entre humains, mais on communique à des milliers de kilomètres avec les siens. Chacun survit dans un esprit d’extraterritorialité, les uns en se croyant plus proches et unis à certains peuples par-delà les frontières, une caricature de l’état d’esprit dans l’affirmation identitaire.

La relation de cohabitation se transforme en question de vie ou de mort. Les voisins tombent sous les balles des uns des autres, les lointains comptent les morts et alimentent les médias sociaux. On s’interroge. Que sommes-nous devenus ? Pendant qu’il n’y a plus de lait caillé pour le mil concassé du voisin au moment où les lointains prennent leur café au lait avec du pain beurré rébus de sang sur les mains. Quid de ces voisins, qui ne peuvent plus aller loin au champ, au pâturage, à la foire du village, nulle part sans croiser l’ange de la mort. Des voisins qui ont sacrifié ce qu’ils avaient en commun avant de comprendre qu’ils n’ont rien en commun avec les horizons lointains qu’ils croient être les leurs. Une histoire de cauchemars enchevêtrés dans la haine et l’intolérance, les règlements de compte et les fréquentations risquées.  

Aujourd’hui, la question fondamentale qui se pose est la suivante : par quel mécanisme de déconditionnement restaurer une société de paix ? Dommage que plus personne n’a plus les pieds sur terre. On compte les morts, on enterre furtivement ce qu’on peut et on attend le lendemain, un autre jour endeuillé.

Tout le rôle de l’éducation à notre avis consistera à orienter cette violence qui s’installe dans notre société vers des valeurs liées au travail, au respect de soi et de l’autre, à la morale, à la spiritualité, j’en passe. Ressaisissons-nous, ou périssons tous ensemble !

Barthélemy Sangala

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