Il existe de plus en plus de témoignages de femmes abusées par leur conjoint dans le mariage. Cela fait sourire, car, beaucoup ignorent que le viol existe dans le mariage. Un crime couvert par la loi du silence et le silence de la loi.

Selon The World’s women 2015 : trends and statistics, un organisme spécialisé des Nations-unies, publiée en avril 2016, plus de 37% des Africaines, soit plus d’une africaine sur 3 subit des violences sexuelles dans le couple.

Moussa Bocoum, juriste, affirme qu’officieusement le viol conjugal est à la base de beaucoup de divorces. « Mais officiellement, on trouve d’autres motifs ou causes ». Pour sa part, Me. B. Soumaré, avocat à la cour, ajoute que par peur d’être jugé par la société comme incapable d’accomplir son rôleconjugal, que ce phénomène est et devient de plus en pluspréoccupant. Il faut que les femmes se libèrent.

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« J’aime mon mari de tout mon être. Mais, lui est insatiable et ne comprend pas que je n’ai toujours pas envie. Pire, il rentre tard, et c’est en ce moment qu’il demande le lit, me réveillant, perturbant mon sommeil, alors que je dois me lever tôt le lendemain ; Toutes nos mésententes partent de là. Si je proteste, il m’accuse d’avoir été infidèle », témoigne Bintou Coulibaly, ménagère à Lafiabougou, en instance de divorce. Elle a fait intervenir ses amies, les parents de son époux, les démarcheurs du mariage et même le griot, sans solution. En désespoir de cause, elle a demandé le divorce. « Il avait commencé à me frapper quand je refusais », dit-elle.

« Et même au tribunal, sur les conseils de mon avocat, on a juste évoqué la violence conjugale, car, l’avocat a dit que je n’allais pas être écoutée si je parlais de viol ». 

Les textes de loi du Mali ne perlent pas de viol conjugal. « Dans les nombreux débats qui se mènent pendant les procès de demande de divorce, on sent la place de ce viol dans le foyer. Mais, puisque les avocats savent que la loi n’en parle pas, ils préparent leurs clientes à trouver des motifs acceptables aux yeux de la loi », affirme un magistrat chargé des affaires matrimoniales au tribunal de grande instance de la Commune IV. Pour lui, « Il y a certes le silence de la loi, mais, il y a également une omerta, une loi du silence, qui fait que par défenses, pour ne pas heurter, ou pour ne pas humilier son conjoint, on préfère chercher à se séparer sans évoquer ces questions ».

Le magistrat ajoute que cette équation se pose de plusieurs manières. « Il ne s’agit pas toujours de viol. Mais, vous avez des femmes qui ne supportent pas les fantasmes des maris au lit, qui pensent que l’islam ne permet pas certaines pratiques sexuelles que leur mari veut leur imposer… les raisons sont multiples, et il y a du tout. Mais, aux vues des multiples blocages que nous voyons, il est temps que la loi évolue. Et je ne comprends pas pourquoi les organisations féminines ne parlent pas beaucoup de cette question », conclut-il.

Aminata Agaly Yattara

Ce reportage est publié avec le soutien de JDH et FITen partenariat avec Wildaf 

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