On en sait aujourd’hui davantage sur les circonstances de la mort du journaliste saoudien Jamal Khashoggi disparu dans des circonstances mystérieuses dans les locaux de l’Ambassade d’Arabie Saoudite en Turquie. En effet, la disparition de notre confrère avait été constatée depuis le 2 octobre dernier. Sa fiancée ne cessait de rappeler que Khashoggi n’est plus sorti de l’enceinte de l’Ambassade depuis la date de son entrée. Que s’est-il passé ?
La pression monte sur l’Arabie Saoudite. Le Royaume saoudien affirme qu’une rixe a bien pu se passer entre le journaliste et les personnes présentes dans l’Ambassade ce jour –là. « Faux », rétorquent les autorités turques qui pensent que l’assassinat a été planifié. Alors, pourquoi 15 personnes étaient présentes simultanément dans l’Ambassade le jour où Khashoggi s’y trouvait ? Aussi, pourquoi 18 personnes ont-elles aussitôt été arrêtées comme si on connaissait les auteurs ? La preuve est que l’Ambassadeur lui même a pris la poudre d’escampette. Les images – vidéo permettent clairement de voir le journaliste en train de franchir le portail de l’Ambassade d’Arabie saoudite en Turquie. Après avoir affirmé que Jamal est ressorti vivant de la représentation diplomatique, Ryad a fini par confesser qu’il est mort dans l’ambassade. Mieux, le médecin militaire proche de la famille royale a été vu en Turquie de même que des amis du Prince.
Paris, Londres et Berlin ont affirmé tour à tour que les explications données par la famille royale ne sont pas insuffisantes. Même Donald Trump qui pensait que les propos du Roi étaient crédibles a fini par admettre des doutes sur la véracité des faits évoqués par la famille royale. Trump voulait protéger les contrats d’armement de plusieurs milliards signés avec les USA. Mais dans le camp républicain, des voies se sont levées pour résilier ce contrat et même d’expulser l’Ambassadeur du Royaume saoudien aux USA. Hier encore, Trump disait emboucher la même trompette qu’Erdogan le président turc pour voir clair dans l’affaire.
C’est donc sous la pression que l’Arabie saoudite a fini par reconnaitre que le journaliste est bien mort dans les locaux de son Ambassade.
Selon des sources, Jamal a été sauvagement assassiné, son corps déchiqueté en morceaux avant d’être jeté dans la forêt. Khashoggi ne méritait pas la mort même quant on veut lui appliquer les lois du coran. La loi religieuse qui est leur référence prône la miséricorde, le pardon, et la tolérance. Mais on ne comprend pas comment le Prince héritier Mohamed Ben Salmane est indexé d’être à l’origine de cette mort car la plupart des personnes intervenues dans l’assassinat sont ses proches. Il n’a pas pu avaler la quinine qui était les restrictions des libertés d’expression couramment dénoncées par le journaliste. L’arrestation de 18 personnes proches du dossier suffit-elle ? Le Prince héritier est-il devenu un assassin ? Quel jugement lui sera réservé si sa responsabilité est établie ? Affaire à suivre.
Issiaka Sidibé
Le Matinal du 23 octobre 2018