À l’issue de son sommet extraordinaire à Ouagadougou, la Cédéao, élargie à la Mauritanie et au Tchad, a annoncé samedi 14 septembre un plan d’action 2020-2024 d’un milliard de dollars pour la lutte contre le terrorisme. Ce sommet a été très critiqué par les médias mainstream notamment jeuneAfrique qui a dénigré l’initiative en remettant en question le prolongement de la durée de vie du G5 Sahel.
Initiative qui fait grincer les dents du Quai d’Orsay comme le reflète JeuneAfrique. Et pour cause, l’annonce du plan d’action 2020-2024 d’1 milliard de dollars pour la lutte contre le terrorisme. Une somme que la France a tant sué pour obtenir et que finalement elle ne l’a pas obtenu mais en plus elle perd pied dans ses pré-carrés.
En décembre prochain, la Cédéao adoptera un plan d’action prioritaire sur cinq ans, 2020-2024, pour combattre le terrorisme. Ce plan en huit axes doit tourner autour d’une mutualisation et d’une coordination accrue des efforts dans la lutte, d’un partage direct de renseignement entre États membres, ou de la formation et de l’équipement des acteurs de la lutte…
[A lire]: Décrispation et apaisement social et politique au Mali : IBK, salué et encouragé par ses pairs de la Cedeao
« Il a été demandé au président de la Commission de regarder comment chaque pays peut contribuer à la mobilisation de ces ressources, explique le président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré. Le mécanisme est donc bien mis en place et nous pensons que sur 4-5 ans, c’est une mobilisation qui peut être relativement faite. »
La Cédéao s’est aussi adressée à la communauté internationale, responsable de la désagrégation de la Libye. Une crise qui a contaminé tout le Sahel, selon les chefs d’États ouest-africains. Elle appelle donc la communauté internationale à soutenir ce plan financièrement.
« La communauté internationale ne doit pas détourner le regard du Sahel, estime le Nigérien Mahamadou Issoufou. C’est la communauté internationale qui est à la base de la crise libyenne, dont nous subissons les conséquences. Quand cette crise libyenne a été déclenchée en 2011, nous étions contre. Il y a un chaos qui règne en Libye. Les armes qui étaient accumulées en Libye ont été pillées et circulent dans le Sahel et le bassin du Lac Tchad dans les mains des terroristes. »
Ces paroles sont mots pour mots les paroles qu’avait tenu le président tchadien Idriss Déby Itno lors du Forum sur la paix et la sécurité en Afrique le 15 décembre 2014.
La présence de certaines de monarchies du golfe Persique et l’absence de l’Algérie étaient très remarquées lors de ce sommet.
Cela dit, la Cédéao a aussi suivi les inquiétudes du président nigérien, Mohamadou Issoufou, concernant la ville de Kidal, au Mali. Il a été demandé que le Conseil de sécurité de l’ONU rende le mandat de la Minusma plus offensif surtout à Kidal. Le président nigérien a, par ailleurs, aussi adressé une invitation au roi du Maroc Mohammed VI. Cette invitation n’est certes pas anodine compte tenu des dernières menaces du président Mohamadou Issoufou à l’encontre de Kidal. Rabbat a récemment renforcé sa flotte aérienne auprès des États-Unis, ce qui serait le moment de l’utiliser sur le continent africain.
Les populations du Sahel donne beaucoup de fil à retordre aux troupes d’occupation étrangères. Vue l’émergence de la résistance africaine, quelques leaders commencent aussi à se faire voir et à montrer la volonté de rentrer au sein du gouvernement et même prendre la présidence. L’Occident commence à montrer de la prudence face à cette résistance grandissante.
Guindo Issiaka, Étudiant à Marrakech