Dans le cadre de la promotion de son quatrième album, l’artiste burkinabé Kayiri Sylvie Toé dit Féenose séjourne depuis le week-end dernier à Bamako. Son nouveau joyau « Baby », qu’elle a présenté au public malien, est sorti le 10 février dernier en Allemagne. Il est essentiellement consacré à l’amour contrairement aux précédents qui étaient plutôt engagés. L’artiste panafricaine chante l’amour : dans le couple, entre parents, etc.
Féenose Toé, ce nom ne dira certainement rien aux mélomanes maliens. Mais, loin du continent, elle fait la promotion de la musique burkinabé mais aussi malienne car, polyglotte, elle chante en français, en allemand, en dioula et en samo ; les deux langues partagées par le Mali et le Burkina Faso dont elle est originaire.
Depuis le week-end dernier, Féenose est à Bamako. Deux raisons motivent cette présence dans la capitale malienne. Primo : il s’agit, pour l’artiste « engagée », de venir soutenir son amie malienne Amy Yéréwolo qui organisait samedi dernier la deuxième édition du concours « Le Mali a des rappeuses ». Après une brillante prestation, Féenose a donné des conseils aux jeunes rappeuses maliennes qui participaient au concours.
Secundo, elle a profité de l’occasion pour faire la promotion de son nouvel album intitulé « Baby ». Cet album est loin des autres thèmes développés par l’artiste dans les précédents. Si elle focalisait son combat pour un monde juste, dans cet opus, elle fait un clin d’œil à l’amour.
« Beaucoup de gens qui m’écoutent sont souvent tristes à la fin. Donc, je me suis dit qu’avec l’amour qu’on pouvait soigner notre monde », explique-t-elle. Et de préciser : « Je pense que l’amour, c’est la base de tout. C’est dans cette logique que j’ai concentré cet album sur l’amour sous toutes ses formes. Chaque titre parle d’amour mais de manière différente. L’amour entre amoureux, la trahison, l’amour pour ses parents, l’amour pour son pays, etc. »
Sorti sous son label « Kayiri Record », Féenose projette d’en faire un pont entre son pays adoptif, l’Allemagne et le Faso. « Je veux réaliser une maison de production à Léo, une ville burkinabé parce qu’il ne faut pas tout concentrer dans la capitale. J’aimerais donner la chance aux jeunes talents vivant dans les petites villes de se produire sur place, d’aller aux studios, de s’enregistrer et pourquoi pas construire aussi une petite maison de prestation scénique », révèle-t-elle. Pour ce faire, elle compte sur l’accompagnement des partenaires et autres personnes de bonne volonté.
La musique pour un véritable changement
Installée en Allemagne depuis treize ans, Féenose est l’une des figures emblématiques de la musique burkinabé. Malgré les difficultés auxquelles elle a dû faire face depuis son départ pour l’Europe dans les années 2005, elle s’est toujours accrochée à la musique. Et aujourd’hui, elle fait la fierté de son pays mais aussi de toute l’Afrique.
Après ses débuts aux côtés du rappeur international Smockey, Féenose a commencé à se frayer son propre chemin. Attirée par le hip hop, elle a participé à la réalisation de l’album « Epitaphe » du célèbre Smockey dans le tube « Moutons ». C’est en 2007 qu’elle décide de voler par ses propres ailes en sortant son premier album « Da Woo wô ».
A cette époque, le rap faisait fureur au Faso et Féenose faisait figure de starlette « amazonienne » dans cette jungle du hip hop. Elle était d’ailleurs la seule fille à rivaliser avec les rappeurs tels que Smarty, Ravayack (aujourd’hui Mister Yopi) ou encore Busta Geanga. Mais Féenose a vite fait d’orienter son rap vers une musique plus consciencieuse et plus thématique.
Dans ses chansons, elle sensibilise sur des thèmes comme l’excision, l’orphelinat et surtout l’albinisme. Ce dernier thème, elle en a fait son chemin de bataille. « J’ai décidé de parler des albinos dans tous mes albums », affirme-t-elle. Son deuxième album avait été entièrement dédié à ses personnes marginalisées d’où le titre éponyme « Albinos ». Cet album aura retenu l’assentiment de plus d’un, car « Albinos » a été entièrement financé par les internautes. Elle faisait partie des premières artistes au monde à bénéficier à cette époque (en 2010) du financement total des internautes.
C’est la raison pour laquelle cet opus a fait presque le tour de la planète. Ce qui l’amènera aussi à s’approcher du Cheval Blanc Malien, Salif Kéita. Raison pour laquelle, durant son séjour au Mali, elle rencontrera les membres de l’Association pour la défense des albinos. Avec son association « Sima », elle poursuit ses œuvres humanitaires en aidant les personnes vulnérables. Dans son troisième album, intitulé « C’est la vie », elle chante plus en français, en dioula et en allemand.
A 36 ans, Féenose a un rêve pour l’Afrique. « J’aimerais voir plus de jeunes engagés dans le travail. Seul le travail paye. Rien n’est facile, même les artistes comme Céline Dion, ont forcé le destin en s’exerçant et en travaillant dur », dit-elle souriante avant d’insister : « Je pense qu’on doit promouvoir le respect et l’humilité. Elles sont très importantes dans le développement d’une personne. Je conseille vivement aux artistes d’avoir beaucoup d’humilité et de respect envers les ainés, d’avoir la confiance en soi tout en respectant les mélomanes qui les écoute ».
Durant son séjour, en plus de sa participation au concours « Le Mali a des râpeuses », Féenose a été reçue sur le plateau de plusieurs chaînes de télévision maliennes. Il s’agit notamment de l’ORTM, de Renouveau TV, et des radios à Bamako et à Ségou.
Hamissa Konaté
30minutes.net
1er août 2018
POUR EN SAVOIR PLUS SUR FEENOSE
Réseaux sociaux