Ce quartier luxueux abritant des immeubles et villas inhabités est devenu le refuge des bandits armés. Plusieurs groupes de malfrats de Bamako ont été récemment démasqués dans ce quartier périphérique de la capitale.
Sotuba est un quartier de la Commune I du district, majoritairement habité par des riches. Contrairement aux autres quartiers, Sotuba-Village dispose d’immeubles et villas luxueux inhabités. Ce vide laissé par les propriétaires de maisons constitue un pain béni pour les malfrats. Ils investissent les locaux inhabités.
Selon notre enquête, les 60 % des maisons de Sotuba-Village restent inoccupées par leurs propriétaires. Pour ne pas laisser la maison vide, certains propriétaires préfèrent donner leur logement en location.
Malheureusement, cette location se fait dans le désordre. Aucune enquête de moralité n’est faite sur l’occupant de la maison. Du coup, l’éloignement du quartier et surtout le calme trompeur régnant sont des opportunités pour les malfrats de s’y établir à l’abri de tout soupçon. Les récentes arrestations de bandits ou malfaiteurs dans ce quartier prouvent à suffisance la dangerosité de la zone considérée comme un quartier de riches.
La majorité des bandits, braqueurs ou autres malfaiteurs arrêtés à Bamako ont été démasqués dans ce quartier. Il s’agit notamment du groupe de jeunes violeurs sur une mineure et récemment le groupe qui avait pris en otage le directeur général de l’ONG Alfarouk.
Ce dernier cas est inquiétant. Comment une personne peut être séquestrée durant des semaines dans une maison de Bamako sans que les voisins ne se doutent de quelque chose ? Cela est d’autant plus inquiétant que les populations doivent forcément coopérer avec les forces de l’ordre pour dénoncer tout comportement suspect.
Face à ces nombreux cas, tout porte à croire que ce quartier dispose encore d’autres groupes de bandits dissimulés par les habitants.
Selon un habitant du quartier de Sotuba-Village, il y a des maisons qui n’ouvrent leurs portes que la nuit : « Ici, il y a des maisons qui n’ouvrent jamais leurs portes toute la journée. On ne voit jamais leurs occupants. Je pense que les gens ont construit ici, mais ils ne sont pas venus. Toutes les maisons sont en location ici. Rarement les gens se fréquentent ici. Donc, on ne peut pas savoir ce qui se passe chez le voisin… ».
Avec cette allure, ce quartier risque de faire peur à Bamako, car il demeure un nid de bandits et de malfrats.
Y. Doumbia
L’Indicateur du renouveau du 26 septembre 2018