Faute d’entente avec le gouvernement sur ses points de revendications, l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) a observé la semaine dernière une grève de 72 h. A l’exception de certains services, le mot d’ordre a été respecté partout sur le territoire national, ce qui a occasionné une légère paralysie dans le pays et constitué surtout un désaveu pour Mme le ministre du Travail, de la Fonction publique, chargé des Relations avec les institutions qui n’a manifestement pas la taille de la fonction au regard du nombre de grèves observées sous son magistère.

Mardi courant, au constat de l’échec des négociations entre le gouvernement et l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM), la centrale syndicale a décidé de maintenir son mot d’ordre de grève de 72 h allant du 9 au 11 janvier 2019.

De mercredi 9 janvier à vendredi minuit, plus de 90 % des syndicats affiliés à l’UNTM, la plus grande centrale syndicale nationale, ont respecté le mot d’ordre de grève. Après un tour à Bamako et selon les échos reçus des régions, le constat était amer : une circulation fluide, l’administration générale paralysée, moins d’agents dans les structures de santé, les banques fermées, etc.

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Même les syndicats des chauffeurs se sont engouffrés dans la brèche. Les transports en commun étaient quasiment absents dans la capitale. D’où la satisfaction du secrétaire général de l’UNTM, Yacouba Katilé, qui a salué le courage et l’engagement des 13 syndicats nationaux affiliés à l’UNTM ayant suivi la grève.

Il a révélé, au cours d’une rencontre avec la presse, qu’à l’intérieur de certains syndicats, notamment au sein du Syntade, certains militants ont tenté de saboter la grève. Et, ajoutera-t-il, c’est à Bamako seulement que la grève n’a pas été respectée à 100 % dans les services comme l’administration générale, le Fonds d’appui à la formation et à l’apprentissage (Fafpa), l’Agence pour la promotion de l’emploi des jeunes (Apej), la direction nationale de travail et non à l’intérieur.

Comment en est-on arrivé là ?

A un moment où le gouvernement est engagé sur plusieurs fronts, notamment celui de la révolte de certains leaders religieux, la crise au centre du pays et les réformes institutionnelles majeures en préparation, l’UNTM, malgré la bonne volonté de son comité exécutif, aurait été contrainte à la grève.

Selon les syndicalistes, au lieu d’ouvrir les négociations, le ministre du Travail, de la Fonction publique, chargée des Relations avec les institutions, Mme Diarra Raky Talla, a opté pour la stratégie de la division. Et ont-ils expliqué, « elle a tenté de ridiculiser l’UNTM en sabotant son combat ». D’où la désolation du secrétaire général, Yacouba Katilé, qui a trouvé suspect l’attitude de la ministre Diarra Raky Talla de recevoir Khefing Kanté, un « militant dissident », présentement suspendu de toutes les instances du Syntade.

En plus, selon un cadre du département du Travail, le Mali n’a jamais vécu une crise récurrente de grève dans tous les secteurs. L’urgence, poursuivra notre interlocuteur, aurait voulu que la ministre rencontrât dans l’immédiat le bureau exécutif de l’UNTM, dès le dépôt du préavis de grève. Ce qui n’a pas été fait.

« Négligence ou pas, cela n’est pas anodin, car, au Mali, tous les dirigeants savent que l’UNTM constitue la plus grande force syndicale du pays. En plus, elle peut bloquer le pays d’un claquement de doigt à cause du nombre de travailleurs affiliés à ce syndicat », assurera notre source, estimant que le président IBK devra désormais s’investir personnellement pour résoudre certaines crises au constat de l’incapacité en l’occurrence de son ministre du Travail, de la Fonction publique, chargé des Relations avec les institutions à assumer les charges de sa mission hautement stratégique.

Et de conclure que l’UNTM est désormais remise en selle pour titiller chaque fois de besoin le gouvernement. Son secrétaire général, Yacouba Katilé, a prouvé sa légitimité et sort grandi de ce bras de fer, qui n’avait pas lieu d’être.

Salimata Tangara

Le Focus du 14 janvier 2019

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