Depuis Abidjan, la capitale ivoirienne, Ainéa Ibrahim Camara, à la tête de quelques formations politiques méconnues du public, veut mettre en place un conseil transitoire pour gérer le Mali. Selon nos informations, l’homme d’affaires au moral douteux, Ainéa I. Camara a enfilé le manteau de la politique pour échapper à la justice malienne. Désormais, c’est depuis Abidjan qu’il compte s’établir pour redorer son blason auprès d’Alassane Ouattara en brouille avec les autorités maliennes depuis le coup d’Etat.
Qu’elle est belle et douce la liberté au point de faire perdre la tête à certains, même à des « escrocs notoires doublé d’ancien bagnard » à l’image de Ainéa Ibrahim Camara, se faisant passer pour « homme d’affaires » (il est PDG de Investia-Fonds d’Investissements), mais entré par effraction dans la politique. Il prétend mettre en place un nouveau conseil transitoire à partir de ce 27 février 2022, qu’il considère comme la fin de la Transition en cours.
Pour rappel, Ainéa Ibrahim Camara, en pleine campagne électorale en 2020 au compte du parti Mouvement républicain en Commune III du District de Bamako, fut interpellé et mis en prison à la Maison centrale d’Arrêt de Bamako pour motif d’escroquerie portant sur une enveloppe de 500 millions F CFA, suite à une plainte de Mme Rokia Sangaré de la Société Rokia Sangaré pour « Escroquerie et abus de confiance » devant le Pôle économique et financier de Bamako.
Selon nos confrères qui ont alerté à l’époque, tout serait parti de deux contrats de fourniture de ciment, de carreaux et de fer signés par la Société Rokia Sangaré, courant 2014, avec l’entreprise Investia-Fonds d’Investissement-Sa de Ainéa Ibrahim Camara.
Qu’est-ce qui n’a pas marché et qui aura fini par pousser Mme Rokia Sangaré à se tourner vers la justice ? Nos confrères avaient pris le soin de faire parler la concernée elle-même, notamment la dame Rokia Sangaré. Retour donc sur les détails d’une affaire qui a défrayé la chronique Bamakoise.
« Vous savez, personnellement, je n’avais pas de relation avec Ainéa. J’ai fait sa connaissance à travers un ami, qui m’a dit qu’Ainéa est entrepreneur et que nous pouvons travailler. Au départ, j’étais réticente parce que je ne connaissais rien dans le domaine des marchés. C’est dans le commerce que j’évolue. Je faisais des voyages en Chine où j’amenais des conteneurs de carreaux et des pièces de motos Djakarta. C’est là que j’ai gagné mon argent puisque cela marchait beaucoup.
Pour le cas de Ainéa, il m’a proposé des marchés à hauteur de plusieurs millions de FCFA. Pour me convaincre, il m’a dit qu’il avait des marchés de construction de logements pour la Police et la Garde nationale. Pour ce faire, il a urgemment besoin de mon concours en ciment, carreaux et fer. Pour le ciment, il m’a demandé de livrer d’abord 1 000 tonnes pour un montant de 136 millions de FCFA et les autres matériels pour un montant de 348 250 000 FCFA. Dieu merci, j’ai tout respecté. C’est au moment de me payer que j’ai eu de sérieux ennuis avec lui puisqu’il m’a remis deux chèques sans provision.
Pour être clair avec vous, je me suis présentée à la Bank Of Africa, on m’a fait savoir qu’il n’y a rien dans les comptes. Ce jour-là, j’ai failli mourir, tellement cela m’a touchée. C’est là que j’ai compris que Ainéa venait de m’escroquer. Pendant des mois, j’ai tout fait pour qu’il puisse payer mon argent. Finalement, il n’a payé que 10 millions de FCFA… Je suis convaincue que Ainéa a revendu les tonnes de ciment et les autres matériels. Parce que nous nous sommes rendus au lieu de dépôt derrière les Halles de Bamako, il n’y avait rien dans le magasin. C’est vraiment dommage ».
C’est cette escroquerie sur fond de chèques sans provision qui l’avait amené à la Maison centrale d’arrêt de Bamako. C’est dans le cadre de cette escroquerie que l’homme, qui s’apprête à mettre en place un nouveau conseil transitoire, avait essayé de soudoyer l’incorruptible Procureur Mahamadou Kassogué, l’actuel ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, avec plus de 100 millions de F CFA afin d’éviter la prison. Il ne pouvait mal tomber, car c’est cet acte indélicat qui va finir l’amener en prison.
Si la honte existait encore dans ce monde, un homme sans intégrité morale et à la crédibilité douteuse comme cet ex-bagnard devrait-il encore parler dans ce pays, à fortiori parler de pouvoir ?
Nous y reviendrons.
Alpha Maïga
(Correspondance particulière)