Le montant de la présumée délinquance financière s’élève à environ 45,2 millions de F CFA. Ce prélèvement illicite aurait été opéré sur les compléments de bourses d’étudiants et stagiaires maliens en République algérienne démocratique et populaire. Le comptable de l’ambassade et des agents de la direction nationale de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique (DNESRS) à Bamako sont sur la sellette de l’Association des élèves, étudiants et stagiaires maliens en Algérie (Aeesma).

Le comptable de l’ambassade du Mali à Alger serait-il un arnaqueur ? Le président de l’Association des étudiants et stagiaires maliens (Aeesma), désabusé, répond par l’affirmative. Dans une correspondance, dont une copie nous est parvenue, il l’accuse d’avoir détourné, avec la complicité d’agents de la DNESRS, environ 45,2 millions de F CFA, produit de prélèvements illicites et de retranchements indus sur les compléments de bourses payés par l’Etat malien à ses étudiants.

Sur la base du rapport du vérificateur général de l’Aeesma, Fousseyni Koné, l’auteur de la correspondance, Moulaye Oumar Haïdara, président-coordonnateur par intérim de l’Association des étudiants et stagiaires maliens en Algérie, attire l’attention des parents d’élèves, des autorités compétentes et toute l’opinion publique malienne sur une situation qu’il juge être « une escroquerie financière qui mérite d’être punie avec la plus grande rigueur ».

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« En effet, nous avons connaissance de l’article 4 de la décision ministérielle n°2016 0000640/MESRS-SG du 16 novembre 2016 portant attribution de bourses d’études en République algérienne démocratique et populaire au titre de l’année universitaire 2016-2017, stipulant que tout étudiant bénéficiant des titres de transport-bagages pour rapatriement définitif, perd les avantages des compléments de bourse à la fin du 2e terme (fin juin) de l’année en cours », explique-t-il.

Rétroactivité ?

Le hic est que les étudiants de la promotion 2013 ont été privés de leur bourse du troisième terme sur la base d’une décision signée en 2016. D’où la colère du président intérimaire de l’Aeesma qui conteste qu’une décision datant de 2016 puisse être appliquée à une promotion dont les clauses de séjour sont encadrées par une décision de 2013.

Toujours est-il que le vérificateur général, Koné Fousseyni, dans son rapport, rendu public sur cette affaire, avait illustré l’escroquerie financière dans cette affaire de la part des autorités maliennes en Algérie en complicité avec d’autres au pays.

« Le comptable de l’ambassade affirme que le non-paiement de la bourse du 3e terme de la promotion 2013 est une décision verbale de la direction nationale de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique », écrit M. Koné. Ce qui fera dire à son président par intérim que cette explication est une arnaque et une tromperie financière, car, selon lui, toute décision ou mesure administrative s’appliquant à une cible précise n’est valable que si cette dernière est ratifiée.

A combien s’élève cette arnaque financière ? Selon la correspondance, trois promotions (2013, 2014, 2015), comprenant chacune un minimum de 100 étudiants, sont les victimes de cette pratique de prélèvement illicite, soit 120 euros (au taux de 1 euro = 655 F CFA) par étudiant. Ce qui, tout compte fait, représente la bagatelle de 23 580 000 F CFA.

« Un festival de brigands »

Elle s’ajoute au retranchement de 30 euro (5 euro sur chacun des 4 termes, sur l’allocation de vacances et celle de la rentrée scolaire). « Ce retranchement effectué par l’ambassade est fondé sur des justifications farfelues et incohérentes. Vu l’ampleur répétitive de ces escroqueries financières de la part de nos autorités sur nos minables bourses, le vérificateur général n’a jamais eu à faire montre d’un silence suspect vis-à-vis des problèmes. A notre connaissance des choses, il fit à chaque occasion des propositions pour la résolution des problèmes au président-coordonnateur récemment destitué à l’issue d’une assemblée générale extraordinaire tenue dans la wilaya d’Annaba, à cause de son désintérêt à défendre les intérêts des Aeesma, son incompétence à diriger l’association et surtout son non-respect des textes des statuts et du règlement intérieur de notre association ».

La totalité de cette délinquance financière présumée est estimée à : 23 580 000 F CFA + 21 615 000 F CFA = 45 195 000 F CFA.

« La corruption gangrène tous les pôles de développement de notre pays et nous nous devons de poser des actions allant dans le sens de son éradication ou au moins son amortissement. Tenant compte de l’appartenance de l’avenir du Mali à ces enfants d’aujourd’hui, nous nous devons de dévoiler, de dire haut et fort ce que ces étudiants ne méritent point et d’employer toutes nos forces afin de condamner de telles injustices dont sont victimes ces étudiants qui, malgré toutes les dégradations des conditions de vie jusque-là, ne cessent d’honorer le Mali. Ils sont la ressource humaine ouvrière de l’édifice du Mali d’aujourd’hui et de demain. Alors nous appelons au nom de la patrie, au nom de tous  ces étudiants, toutes les bonnes volontés à l’aide pour la résolution de cette affaire », plaide le président-coordonnateur par intérim de l’Aeesma.

Hamissa Konaté

30minutes.net

15 Janvier 2019

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