C’est une fierté pour Mme Keita Djénéba Kéita d’avoir l’opportunité de s’impliquer dans le développement des deux pays dont elle a la nationalité : le Mali et la France. Plus de 30 ans déjà ! Mais, malgré le poste qu’elle occupe aujourd’hui à la mairie de Montreuil, Djénéba n’a pas oublié ses racines maliennes et apporte depuis plus d’une dizaine d’années son soutien au développement du pays. Portrait.
« Quand on éduque un garçon, on nourrit sa famille. Quand on éduque une fille, c’est toute une nation qu’on éduque ». Cette phrase, prononcée par l’ancienne présidente du Liberia Ellen Johnson Sirleaf, prix Nobel de paix en 2011, est une bonne illustration de l’éducation reçue par Mme Kéita Djénéba Kéita. Car, elle ne sert pas seulement une nation, mais deux : le Mali et la France. » Pour moi c’est une fierté et une chance d’avoir la double nationalité. Cela me permet de me battre dans les deux pays pour le développement et la promotion des jeunes et des femmes ».
Après des études primaires et secondaires rondement menées au Mali, Djénéba a obtenu une bourse d’excellence pour la Russie. Quelques années plus tard, elle s’est retrouvée en France toujours dans le cadre des études. Mais, elle fera ses premiers pas dans la politique à la suite d’un parcours associatif.
« J’ai adhéré à la 1re association de parents d’élèves en France dont j’ai été la présidente à Montreuil et administratrice départementale. C’est ainsi que j’ai rencontré des familles sans papier dont les enfants étaient scolarisés. Nous avons décidé de mettre en place le Réseau d’éducation sans frontière pour aider à la régularisation de ces familles. Je suis avant tout une militante pour les droits« , se réclame-t-elle.
C’est alors qu’elle s’est présentée aux élections législatives de 2007 où elle a été élue députée suppléante avec le député de l’époque de la Seine-Saint-Denis. Parallèlement, en 2010, elle sera élue conseillère régionale et s’occupera de l’éducation, de la politique de la ville, de la jeunesse et des droits des femmes ; le combat qui l’a toujours guidé, car ayant déjà été la présidente du Centre Hubertine Auclert, un organisme associé de la région Ile-de-France pour l’égalité femme-homme.
Aux élections municipales de 2014, la « brave« Djénéba est avec Patrice Bessac, actuel maire de Montreuil. « Notre liste a été choisie par les Montreuillois (ses). Du coup, je suis devenue sa 2e adjointe en charge du développement économique. En dehors de cela, je m’occupe de l’emploi et surtout celui des jeunes parce qu’il y a beaucoup de jeunes en chômage en France. Pour moi, c’est un défi qui me plait beaucoup, car la jeunesse est l’avenir de notre pays. Sans oublier également la formation professionnelle qui est primordiale« , réclame-t-elle avec fierté rappelant qu’au Mali elle s’est engagée dans le même combat.
Soldat du développement au Mali
Diplômée d’un master 2 en mathématiques, informatiques appliquées aux sciences humaines et sociales (MIASHS), la quadragénaire exerce en tant que cadre dans l’événementiel. Et elle met ses atouts, élue et spécialiste en événementiel, au service du Mali.
« Mon intérêt pour ce retour a été motivé depuis le temps de l’ancien président ATT qui a créé les conditions pour que la diaspora s’investisse au pays. C’est ainsi que j’ai commencé à regarder ce qui se passe au Mali, à m’intéresser et venir petit à petit », se souvient-elle. Dans la même dynamique, elle motive ses amis ingénieurs et entrepreneurs à s’engager pour faire venir des investisseurs au Mali. « Nous avons rencontré différentes personnalités et autorités politiques et économiques. Cela fait que je suis maintenant très fréquente au Mali ».
Pour le cas d’IBK, la maire a d’abord connu son fils. Avec l’honorable Karim Kéita, elle a eu à travailler sur beaucoup de sujets. Elle précise : « Ce n’était pas parce qu’il était le fils du président, mais à cause de nos visions communes ». Et d’ajouter : « Nous avons posé beaucoup d’actes. Cela m’a permis de connaître ce que faisait le président et son équipe pour le pays ». « Je tiens à la stabilité du Mali. Car, il faut le rappeler, le coup d’Etat de 2012 m’a beaucoup affecté ». « Je ne veux pas que le pays retourne en arrière. La stabilité du pays repose sur la réélection d’IBK. Quand on regarde de près, c’est hallucinant ce qu’il a réalisé. Malgré le problème sécuritaire au Mali et dans le Sahel, il y a un boom économique. Les investisseurs viennent. Le niveau social avec l’augmentation du Smig, du salaire et ce qu’il a fait pour les femmes maliennes », analyse-t-elle.
Concernant les actions concrètes déjà réalisées ou en cours de réalisation, le bilan de Mme Kéita est élogieux. Elle a largement contribué au succès du 1er Forum international des investissements au Mali, tenu du 7 au 8 décembre 2017 à Bamako. En plus des investisseurs qu’elle a amenés à ce Forum, elle était présente avec la structure créée par des élus français pour s’occuper des déchets en Afrique.
Ce projet existe depuis bientôt deux ans à Bamako plus précisément en Commune II. Il consiste à trier les déchets et les recycler en énergies renouvelables, en composte, en tuyau d’irrigation, etc. Ce projet qui suit son cours normal est soutenu par le R20 et Egis, le maire de la Commune II et les députés de la circonscription.
L’usine, une fois ouverte, créera 500 emplois directs et 200 emplois indirects, uniquement pour les jeunes de la Commune. Récemment, en meeting à Medina Coura, les femmes de ce quartier historique de la capitale malienne, ont affirmé leur soutien à IBK à cause de l’engagement de Mme Kéita dans leur quartier et leur commune.
Accessible et toujours souriante, Mme Keita, mère de trois enfants, du haut de ses 179 cm, n’hésite pas à vendre le Mali partout. « Je souhaite le développement économique, social et écologique du Mali. Et chaque citoyen ou citoyenne a un rôle à jouer. Je suis convaincue d’une chose, c’est que personne ne viendra construire le Mali à la place des Maliens et des Maliennes« .
Présente au Mali depuis plus d’une semaine, elle multiplie les contacts avec les populations à la base, afin de convaincre les derniers indécis pour, dit-elle, « faire relire IBK dès le 1er tour afin d’assurer la stabilité du Mali« . Rarement visible aux côtés du président, elle mène son combat sur les terrains « oubliés ou négligés« durant la campagne. « Je m’y rends pour convaincre. Je suis Malienne vivant en France, mais l’avenir et le devenir de mon pays m’intéresse, donc je me bats pour mes convictions sans arrière-pensées« , conclut-elle, espérant que ses vœux seront exaucés au soir du 29 juillet prochain.
Sory I. Konaté
30minutes.net
21 juillet 2018