« L’eau c’est la vie ». Pour un développement harmonieux, les populations doivent avoir un cadre de vie sain, une bonne hygiène et pouvoir accéder à l’eau potable. Dans certaines zones de Bamako, cela demeure encore un luxe.
A Niamana, l’eau potable est aujourd’hui une denrée rare. Au camp des déplacés, l’accès au précieux sésame est un véritable parcours de combattant. Moussa Diallo, déplacé de la région de Mopti, vit dans un hameau d’infortune depuis deux ans déjà. Sans moyen, il survit grâce à des petits boulots. Malgré la situation géographique du quartier de Niamana où il s’est installé en compagnie d’autres parents déplacés, M. Diallo et sa famille n’ont pas accès à l’eau potable de qualité. Pour la corvée d’eau, sa femme est obligée de puiser dans un puit. Le château d’eau le plus proche étant souvent à sec, elle se soulage avec l’eau de puits. Impropre, selon son mari, cette eau serait à la base des problèmes récurrents de santé de ses enfants. « On souffre ici. Notre environnement est sale car nous sommes ici dans un marché de bétail d’animaux. Notre puit est sale car utilisé aussi pour abreuver les vaches. Nous avons aussi faim », affirme M. Diallo. Comme lui, les déplacés de ce camp sont unanimes : « sans eau potable et un environnement sain, il n’y a pas de santé et nos enfants sont mal nourris ».
Fort de ce constat, il est obligatoire d’améliorer l’assainissement et l’hygiène pour obtenir les avantages en matière de santé et éliminer les maladies nutritionnelles surtout la dénutrition.
WASH, un levier contre la malnutrition
De ce fait le WASH peut être considéré comme faisant partie des déterminants de la malnutrition. Ainsi l’eau propre est une partie de la stratégie globale visant des changements sanitaires durables dans les communautés et dans les situations d’urgence : malnutrition lors des catastrophes naturelles, sécheresse, inondations, etc.
Selon Dr Coumba Maïga, coordinatrice du Programme à Santé Sud Mali, la malnutrition est un mauvais état nutritionnel dû à une alimentation mal équilibrée ou mal adaptée à un individu ou à une population. Avant d’ajouter que WASH est un terme générique désignant collectivement l’accès à l’eau potable, l’assainissement et l’hygiène.
Selon l’expert dans la relation WASH/Nutrition, il s’agit de la malnutrition par manque (carence) : dénutrition. «C’est la composition des aliments, de leurs propriétés et de leur utilisation par l’organisme (diététique) ; l’adaptation des pratiques alimentaires à la satisfaction des besoins physiologiques de l’organisme humain. Elle étudie les comportements alimentaires des individus, notamment lors des repas ou des grignotages, étudie les maladies tels que les maladies cardio-vasculaires, les cancers, l’ostéoporose, l’hypertension artérielle, le diabète de type 2, la malnutrition (obésité, dénutrition ce sont des maladies liées à l’alimentation », précise Dr Coumba.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la malnutrition se définit par les carences, les excès ou les déséquilibres dans l’apport énergétique et/ou nutritionnel d’une personne. L’organisme précise que la malnutrition, sous toutes ses formes, comprend la dénutrition (émaciation, retard de croissance, insuffisance pondérale), les carences en vitamines ou en minéraux, le surpoids, l’obésité et les maladies non transmissibles liées à l’alimentation.
Le coordinateur de la Coalition nationale de la campagne internationale pour l’eau potable et l’assainissement (CN-Ciepa/Wash) et point focal de la société civile du partenariat Assainissement et Eau pour tous (SWA, en anglais Sanitation and water for all) au Mali, Boureima Tabalaba rappelle que WASH est très important dans le cadre de la nutrition. « C’est un intérêt majeur du moment où l’être humain est composé à plus de 80 % d’eau. Donc la matière première de la nutrition, c’est d’abord l’eau. Sans eau, il n’y a pas de vie et sans eau pas de nutrition », insiste M. Tabalaba. C’est pourquoi, il conseille l’union de tous les acteurs évoluant dans le domaine de l’assainissement. Avant de rappeler : « la malnutrition est une question aujourd’hui fortement importante et elle impacte fondamentalement le bien-être de la communauté ».
Lors du sommet Nutrition pour la croissance, tenu à Tokyo les 7 et 8 décembre 2021, l’OMS a annoncé six nouveaux engagements visant à progresser plus vite dans la réalisation des objectifs en matière de nutrition à l’horizon 2025, que la pandémie a rendus encore plus difficiles à atteindre. Il faut donc élargir les initiatives visant à prévenir et à prendre en charge le surpoids et l’obésité, agir davantage pour créer une offre alimentaire favorable à des régimes alimentaires sûrs et sains, aider les pays à lutter contre la malnutrition aiguë, prendre plus vite des mesures pour combattre l’anémie, promouvoir et soutenir davantage un allaitement maternel de qualité et renforcer les systèmes de données sur la nutrition, l’utilisation des données et les capacités dans ce domaine.
Tidiane Bamadio