Après un premier mandat, dont le bilan est plus que mitigé, le président Ibrahim Boubacar Kéita dit « IBK » va affronter 23 adversaires au 1er tour de la présidentielle du 29 juillet 2018. Et la majorité des observateurs interrogés le donnent favori pour rempiler.

 

La Cour constitutionnelle a validé, mercredi 4 juillet 2018, 24 candidatures, dont une femme. Il s’agit de Mme Kanté Djénéba Ndiaye qui s’aligne en indépendante dans le starting-block où ils étaient 28 concurrents en 2013, dont une femme. C’était Mme Haïdara Aïssata Cissé dit Chato (aujourd’hui députée UM-RDA qui s’est ralliée à Ibrahim B. Kéita).

La seconde femme prétendante en 2013, Mme Sidibé Aminata Diallo, figurait parmi les huit candidatures rejetées par la Cour constitutionnelle pour défaut de paiement de la caution de 10 millions de F CFA (aujourd’hui portée à 25 millions de F CFA) ou insuffisance de parrainages (dix députés ou cinq élus communaux dans chacune des régions et du district de Bamako). Elle a été candidate en 2007.

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Ce nombre est jugé pléthorique par certains observateurs. « 24 candidats pour un pays pauvre et en crise ! Ce n’est pas normal. La pléthore de candidats n’est nullement une vitalité démocratique au Mali. Au contraire, elle traduit un positionnement des uns et des autres par rapport aux dividendes personnels (ministres, ambassadeurs, directeurs nationaux…) ou aux élections législatives », analyse Hamady Sy, analyste politique indépendant.

Le président Ibrahim Boubacar Kéita se retrouve donc seul face à 23 concurrents pour lui succéder, dont de nombreux anciens collaborateurs ou ex-ministres (Housseini Amion Guindo, Dramane Dembélé, Moussa Sinko Coulibaly, Choguel Kokalla Maïga, Mountaga Tall, Daba Diawara, Mamadou Igor Diarra… Mohamed Ali Bathily).

Si Niankoro Yeah Samaké a été aussi ambassadeur du Mali en Inde ces dernières années, Modibo Koné et Kalfa Sanogo ont également dirigé la Compagnie malienne du développement textile (CMDT) durant ce premier mandat du président Kéita.

L’enjeu du scrutin, selon des observateurs, est l’alternance souhaitée par une grande partie de la classe politique ou la continuité pour le locataire de Koulouba dont le bilan ne plaide pas forcément en sa faveur. Mais, le président Kéita peut aussi surfer sur l’incapacité de ses adversaires à convaincre les Maliens par un projet crédible, donc réaliste.

Les favoris ont pu s’entourer de coalitions pour grignoter plus de voix. Nous avons ainsi la « Coalition pour l’alternance et le changement » de Soumaïla Cissé, « Ensemble pour le Mali » de la majorité autour de la candidature d’Ibrahim Boubacar Kéita, la « Convention des bâtisseurs » de Modibo Sidibé, « Emergence pour un Mali nouveau » (RpDM, Yèlèma et Modec) autour de Dr. Cheick Modibo Diarra, la « Plateforme Ensemble pour le renouveau du Mali » (Ere) soutenant uniquement la candidature d’Aliou Boubacar Diallo.

Les quelques sondages réalisés font de Soumaïla Cissé (qui a atteint le second tour en 2002 et en 2013), les anciens Premiers ministres Modibo Sidibé et Cheick Modibo Diarra, et Aliou Boubacar Diallo (un riche homme d’affaires) les plus sérieux rivaux du président sortant.

IBK face à CMD ou Modibo Sidibé au second tour ?

Il pourrait ainsi se retrouver au second tour face au chef de file de l’opposition (Soumaïla Cissé) ou Cheick Modibo Diarra (Cheick Mohamed Abdoulaye Souad). « Cette élection va se jouer entre Kalfa Sanogo, Modibo Sidibé et Cheick Modibo Diarra », analyse Fousseyni Camara, un leader de la société civile malienne en France.

Pour certains observateurs, l’ex-Premier ministre de la période intérimaire est celui qui risque le plus de surprendre à l’issue du scrutin. « Cheick Modibo est le seul candidat crédible pour l’alternance, même si apparemment il ne pèse pas lourd dans l’arène politique ! Et cela parce que, à part la période de la présidence intérimaire, il n’a a jamais été mêlé à la gestion directe des affaires du pays. Contrairement à ces principaux concurrents comme IBK, Soumaïla, Modibo Sidibé… qui sont aux affaires depuis l’avènement de la démocratie au Mali en mars 1991 », confie Hachis Cissé, un chroniqueur politique indépendant du pays.

« La vieille classe politique malienne est minée par des querelles personnelles qui font que, après chaque élection, c’est une nouvelle bataille de clan qui commence. Pour briser ce cercle vicieux, je pense qu’il faut un homme nouveau qui n’est pas issu de ces milieux, mais capable de rassembler tous autour de lui. Cet homme, c’est Cheick Modibo Diarra« , ajoute un diplomate qui requiert l’anonymat.

Naturellement que cette élection anime déjà les débats dans tous les cercles et chacun défend vigoureusement son candidat. « Ibrahim Boubacar Kéita a plus d’expérience que les autres candidats », défend un partisan du sortant.

Pour ce fan de Soumaïla Cissé, son candidat est le seul qui soit « capable de tenir tête à Ibrahim Boubacar Kéita qui a beaucoup déçu… Et nous n’avons rien à perdre car il ne peut pas nous faire plus mal qu’IBK ».

Mais les indécis et les dépités de la politique ne sont pas les moins nombreux présentement. « Je n’ai pas de candidat pour ces élections, ils sont tous des démagogues mégalomanes. J’aurais encore espéré s’il y avait une nouvelle tête, une nouvelle personnalité pour incarner un nouvel espoir », déplore un jeune professeur de lycée. Un avis largement partagé au sein des groupes sondés par un correspondant de Xinhua à Bamako.

« 24 candidats, c’est plus ou moins 24 possibilités de décourager le citoyen, pour conforter ce dernier dans son manque de confiance en le politique« , conclut Hamadi Sy.

Hamadi Tamba

(Xinhua)

Le Focus du Lundi du 09 juillet 2018

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