Les Maliens auront tout enduré le temps de l’élection présidentielle dont le second tour s’est déroulé hier. Avant, pendant et certainement après, rien ne leur aura été épargné ; ni les insultes, ni les mensonges, ni la surenchère, ni la surchauffe. Ceux qui se sont rendus coupables de ces excès et de ces outrances ont laissé tomber le masque ; dans l’indignité.

 

De nombreux observateurs s’accordaient à dire que Soumaila Cissé jouait sa dernière carte cette année avec la présidentielle. Et de parier qu’il miserait tout pour se hisser sur les hauteurs de Koulouba dans les habits de président de la République, son rêve le plus fou. Certains observateurs pensaient même, avec cette sincérité frisant la candeur et certainement sous l’effet du IBK-bashing, qu’il avait de sérieuses chances de l’emporter face au président sortant. Après tout, il serait logique, au regard de la désaffection supposée des populations, IBK ne devrait pas survivre à cette élection, lui que des méchantes langues avaient donné pour mort il y a quelques années. Soumi, lui-même, pensait qu’il ne ferait qu’une bouchée de celui que ses amis de circonstances (malheureuses) ont qualifié de Boua, avec tout le dédain dont ils pouvaient faire montre à l’endroit du président de la République qu’ils ont lynché médiatiquement cinq ans durant.

De toute évidence, ils ont confondu leur perception enrobée dans une monumentale mauvaise foi et la réalité. La réalité est que le président IBK a le cuir épais comme il aime à le dire. La sérénité du président IBK, le bilan qu’il a su expliquer calmement auprès des populations, sa stature d’homme d’Etat, les actions du gouvernement visant à organiser les élections dans les délais ont fini de désarçonner un Soumi qui a multiplié les erreurs tout au long de la campagne électorale.

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La première erreur de Soumi c’est de s’être débarrassé de son parti politique et de l’avoir abandonnée en rase campagne. Pour l’animation de sa campagne, au lieu de s’appuyer sur des cadres comme les Iba N’Diaye, Mody N’Diaye, Me Demba Traoré, Pr. Salikou Sanogo, Mme Wadidié, Mme Bintou Koné, Mamadou Diallo, etc., il a jeté son dévolu sur Tiébilé Dramé dont le parti est moribond, sur Ras Bath dont la violence verbale et l’impolitesse hérissent les Maliens, Mme Diakité Kadiatou Fofana soupçonnée de violences physiques sur son proche entourage. Cela a créé des frustrations qui ont éloigné le parti de Soumi, obnubilé par Koulouba.

La deuxième erreur de Soumi, c’est d’avoir pris ses vessies pour des lanternes. A force de dépeindre IBK et sa gouvernance en noir, il avait fini par se convaincre que le pays était dans un trou…noir. Il n’a pas vu, il n’a pas voulu voir que le pays avançait malgré les difficultés. Le déni dans lequel il s’était installé à demeure (on emprunte) l’a empêché de voir les formidables succès économiques engrangés par le Mali. Au moment où l’UEMOA, une institution qu’il a pourtant dirigée pendant 8 ans, saluait la troisième place de notre pays dans l’espace économique et incitait les autres pays à suivre l’exemple du Mali qui est le seul à respecter les critères de convergences, Soumi s’entêtait dans ses déclarations calomnieuses et indignes de quelqu’un qui a la prétention de diriger le pays. Et pendant ce temps, les Maliens riaient sous cape face à une telle mauvaise foi car eux, ils voyaient les retombées sur tous les aspects.

La troisième erreur de Soumi, c’est qu’au lieu de faire une campagne de rupture, il a excellé dans une campagne de cassure du pays. Lui et ses talibans en l’occurrence Tiébilé à sa gauche et Ras Bath à sa droite ont menacé de casser le pays. Quand l’un vilipende le gouvernement en le vouant aux gémonies, l’autre insulte père et mère tous ceux qui ont fait un autre choix que le sien. Cela prouve simplement que Soumi qui n’a pas encore compris que l’alternance politique est différente de l’alternance des saisons n’avait rien à proposer aux Maliens.

La conséquence logique de ses erreurs est que Soumi s’est retrouvé seul, étrangement seul. Lui le chef de file de l’opposition, incapable d’unir les autres autour de lui, s’est retrouvé presque à les combattre (il a déposé des requêtes auprès de la Cour constitutionnelle contre certains d’entre eux et les autres, il les a fait copieusement insulter par Ras Bath). Parce que les 23 autres candidats étaient plus contre lui que contre le président sortant. La preuve, seuls quelques bras cassés ont accepté de l’accompagner pour la suite de l’aventure.

La défaite au premier tour a eu l’effet d’un véritable coup de massue sur la tête. Avant même la fermeture des bureaux de vote, à fortiori la proclamation des premiers résultats, Soumi et son staff ont crié à la fraude et à leur refus de reconnaitre les résultats. Leur bruit a été tellement fort qu’il fut contagieux. En effet, tous les autres perdants se sont révélés être mauvais perdants enchaînant les séances de surenchère et de surchauffe, avec des discours va-t-en-guerre. Mais personne n’est dupe et il a été incapable de monter le front anti-IBK qu’il espérait. Soumi a perdu mais il refusait de boire le calice jusqu’à la lie. Pour le second tour, il n’a pas été à mesure battre campagne. A part une conférence de presse et une déclaration à l’ORTM, il a rasé les murs en s’adonnant à son activité favorite : dénigrer les adversaires politiques, continuer à parler de la fraude, exiger qu’on lui permette de nommer des assesseurs hors délais légaux, organiser une marche alors même que la campagne était terminée, il organise par son directeur de campagne une conférence de presse le samedi à minuit au motif que ses partisans ont mis la main sur des personnes en possession de bulletin de vote ; etc.

Souimaïla est victime de lui-même. Il a voulu jouer un jeu auquel il a perdu. A force de monter les enchères, les Maliens ont fini par se dire qu’il était le roi de l’esbroufe.

 

Aly Kéita

22 Septembre du lundi 13 Août 2018

 

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