Face à la paralysie de l’espace scolaire, suite à un énième mouvement de grève des syndicats signataires du 15 octobre 2016, le ministère de l’Education, à travers son secrétaire général, Kinane Ag Gadeda, et le directeur des ressources humaines du secteur de l’éducation nationale, Mamadou Kounta, a jugé bon de faire le point sur les négociations pour éclairer l’opinion publique sur les efforts consentis par l’Etat, pour éviter toute perturbation de l’année scolaire.
A la faveur d’un point de presse, organisé par le secrétaire général du ministère de l’Education nationale, Kinane Ag Gadeda, et le directeur des ressources humaines du secteur de l’éducation nationale, Mamadou Kounta, on sait désormais tout sur les méandres des pourparlers entre lesdits syndicats d’enseignants et le gouvernement, sous la médiation d’une commission de conciliation, présidée par le doyen Issiaka Traoré. C’était le jeudi dernier, dans l’après-midi, dans la salle de conférence Bakary Traoré, en présence de nombreux journalistes.
D’entrée de jeu, les conférenciers, tour à tour, ont expliqué la philosophie de dialogue qui anime les autorités du ministère de l’Education nationale, pour éviter toute embrouille à l’école, et qui a conduit notamment le ministre Témé à rencontrer successivement tous les acteurs de l’école, notamment le Conseil supérieur de l’éducation, la commission éducation de l’Assemblée nationale, l’Association des parents d’élèves, celle des adolescentes de 1960, l’AEEM, etc.
Une diplomatie scolaire, mise en branle par le ministre de l’Education nationale, avant même que le mouvement de grève ne se durcisse, en direction des principaux acteurs et partenaires de l’école afin que celle-ci ne soit pas perturbée par les revendications catégorielles qui ont tendance à prendre de l’ampleur, en ce moment où un énième mouvement de débrayage de 13 jours est enclenché, depuis ce mercredi 13 février.
En fait, plusieurs acteurs et partenaires de l’école, déjà rencontrés, dans la foulée du dialogue social entamé par le ministre Témé, pour amener les syndicats à de meilleurs sentiments, comme la commission éducation de l’Assemblée nationale, les parents d’élèves, les adolescentes de 1960, ont déjà approché les différents syndicats à la recherche de terrain d’entente entre les deux parties pour sauver l’année.
Mais rien n’y fut : suite à un quatrième préavis de grève, déposé par les syndicats d’enseignants signataires du 15 octobre 2016, depuis le début de l’année scolaire en octobre dernier, un mouvement de débrayage de 13 jours a été enclenché et devra se poursuivre jusqu’au début du mois prochain, si entre temps aucune entente n’est intervenue.
Selon les propos des conférenciers, le ministre du travail et de la fonction publique a reçu des syndicats frondeurs, à ce jour, et ce, depuis le début de l’année scolaire, successivement quatre préavis de grève ; le 30 novembre 2018, le 21 décembre 2018, le 3 janvier 2019 et le 28 janvier 2019, comportant, il faut le rappeler, les mêmes points de revendication au nombre de 10.
Pour les conférenciers qui se sont chacun efforcé de faire le tour des discussions, des résultats probants ont été obtenus. Des résultats, pour le moins encourageants, selon le Ségal du ministère de l’Education, qui a une fois de plus renouvelé la volonté de dialogue de la partie gouvernementale, concernent six points d’accord sur les dix présentés par les syndicats d’enseignants et un point d’accord partiel.
L’un des points d’accord historiques, a-t-on précisé, est relatif à l’octroi de la prime de documentation. Selon un ancien syndicaliste, aujourd’hui membre de la commission de conciliation, ce point de revendication date, pour la première fois de 1988. C’était une exigence syndicale du Snec de l’époque. Et ce n’est qu’en cette année 2019 que l’Etat a accepté d’accorder une prime de documentation aux enseignants du fondamental, du secondaire, général et professionnel, toute catégories confondues. A l’image des enseignants du supérieur qui, eux en ont besoin pour des publications, nécessaires pour leur avancement, les enseignants du fondamental bénéficient désormais de la prime de documentation pour préparer, dit-on, les cours.
Argent liquide à la place des logements ou parcelles
Un point de désaccord, selon les conférenciers, est lié à la prime de logement. Là, les deux parties n’ont pu s’entendre. En fait, lors d’une précédente négociation sur la question, sur la base des explications fournies par la partie gouvernementale et des efforts consentis par l’Etat pour l’accord historique obtenu sur la prime de documentation, les syndicats avaient en son temps décidé de renoncer au point relatif au logement avant de revenir là-dessus et le mettre au cœur d’un nouveau paquet revendicatif.
Qu’à cela ne tienne ! Lors de ces dernières négociations, la partie gouvernementale a fait des propositions dans ce sens en vue de mettre à la disposition des enseignants la facilité d’acquisition des logements sociaux et des parcelles à usage d’habitation, à charge pour l’Etat de s’engager pour en fixer les contours financiers et juridiques.
Mais, les représentants des syndicats d’enseignants n’entendaient pas de cette oreille, préférant l’aspect pécuniaire à toute facilité d’octroi de parcelles ou logements sociaux, comme cela a toujours existé dans notre pays, à travers les gouvernements successifs.
Sur la question fatidique des retenues de salaires, les conférenciers, toujours gagnés par les vertus du dialogue constructif, ont répondu que force restera à la loi d’autant que la loi qui prévoit le droit de grève est également la même qui indique des mesures précises en la matière. Même si les conférenciers répondront que tout sera fait dans le sens du dialogue pour en arriver là, ils n’écartent pas tout de même l’application stricte de la loi, tout en se disant ouverts à toute initiative de dialogue pour désamorcer la crise.
Moctar Touré
Le Focus du 18 février 2019