Après le départ de Barkhane du Mali, de nombreuses rumeurs annoncent que les mercenaires de Wagner plient bagages à leur tour pour rejoindre les rangs russes engagés dans la guerre avec l’Ukraine. Ce départ coïncide avec une intensification des attaques terroristes au Mali. Ceci rend la question de l’avenir de la sécurisation du pays plus que pertinente.
Bien que le gouvernement de transition a toujours soutenu que Wagner n’était pas déployé au Mali, les preuves de leur présence n’ont cessé d’être rendues publiques, à commencer par les aveux des autorités russes. Dans le cadre de l’opération « KELETIGUI », ils ont été perçus aux côtés des FAMa et ont participé aux missions pour harceler les terroristes.
Wagner : un partenaire efficace ?
Si l’arrivée en grandes pompes de ces nouveaux partenaires a fait couler beaucoup d’encre, leur présence au Mali a rapidement fini par refroidir quelques-uns des soutiens. D’une part pour des accusations d’exactions et, d’autre part, pour la multiplication des attaques terroristes aux portes de Bamako.
Dans un rapport de l’ONG Human Rights Watch, de nombreux éléments affirment l’implication de Wagner dans des exactions à l’encontre des populations civiles. Le 14 janvier dernier, cinq personnes ont trouvé la mort suite à une descente des mercenaires à Feto et Wouro Gnaga. Ils sont également pointés du doigt pour être derrière la tuerie de Moura où 300 civils ont péri.
Outre les violations des droits de l’homme, c’est bien l’efficacité du groupe de mercenaires qui pose question. Ces dernières semaines, les attaques terroristes n’ont pas cessé de se multiplier sur le sol malien. Ce dimanche 7 août, c’est Tessit qui a été pris pour cible par les djihadistes de l’EIGS. Comme le précise le communiqué No 054 de l’État-major général des armées maliennes, au moins 17 soldats ont été tués, 22 autres blessés et 09 portés disparus. Toujours côté ami, 4 civils ont également trouvé la mort. Côté ennemi, 07 tués et « un nombre inconnu de morts et blessés emportés par les assaillants ».
Selon le premier rapport trimestriel de l’année 2022 mené par la division des droits de l’homme (DDH) de la MINUSMA, les violences contre la population civile ont augmenté quatre fois plus que lors des trois derniers mois de l’année 2021.
Pourtant, cette inefficacité n’est que très peu surprenante. Car, plus le conflit perdure, plus les mercenaires sont assurés « d’avoir du travail ». Dans ce contexte, certains observateurs les accusent d’alimenter les tensions dans le pays, de banaliser les violences à des fins purement pécuniaires.
Au-delà de cette question d’efficacité des mercenaires, beaucoup affirment que les mercenaires commencent déjà à plier bagages pour se rendre en Ukraine où l’armée russe est en guerre. Le 28 février dernier, le magazine britannique The Times révélait que « Wagner avait fait venir une partie de ses hommes déployés en Afrique pour renverser le pouvoir ukrainien et préparer la prise de contrôle de la capitale ». Cette mission est loin d’être réalisée et il ne serait pas étonnant qu’il y ait plus de départs.
Tous ces éléments mènent à des interrogations légitimes : quel pourrait être l’avenir de la sécurisation du territoire malien ? cela va-t-il profiter aux terroristes qui multiplient déjà les attaques ? ou à des factions des groupes armés signataires qui souhaitent tourner le dos aux autorités maliennes actuelles ?
En attendant des réponses, force est de constater que ces dernières années, les FAMa ont bien connu une montée en puissance. Finalement, cette collaboration avec les mercenaires n’a fait que salir la réputation des militaires maliens dévoués à leurs missions.
Siaka Sidibé
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