S’il y a bien une période de l’année qui coupe vraiment le sommeil à nos élus communaux, tout au moins pour les plus sérieux d’entre eux, c’est bien celle de l’hivernage.

Pourtant à la veille des élections, on voit le moindre militant d’un grand parti politique battre le pavé à la recherche des documents nécessaires à sa candidature à la mairie ou courir les centres commerciaux ou les places financières pour réunir la caution sans laquelle la candidature est impossible. Tout le monde est appelé à ce festin car aucun diplôme d’étude ni d’apprentissage professionnel n’est requis pour être conseiller communal et donc maire potentiel. De telle manière que nos mairies, même urbaines, à l’arrivée, sont remplies du tout-venant, des maraîchers aux maîtres du premier cycle en passant par les infirmiers et les vétérinaires.

L’élection passée et gagnée, tout se passe bien jusqu’aux prochaines pluies d’hivernage alors que dans l’intervalle le maire et ses conseillers ont vendu des parcelles dans le lit du cours d’eau avoisinant, sur les tas d’immondices, les abords des cimetières et même aux flancs des collines où de fortes pluies provoquent régulièrement des éboulements.

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La vie tranquille devient alors vite un cauchemar pour les édiles qui savaient bien qu’ils vendaient des parcelles hors normes et donc inappropriées à l’habitation. Mais comme disent les bambaras, la passoire sait bien qu’elle est trouée, de même que son acheteur. La poire devient donc difficile à couper en deux en raison du partage des responsabilités. N’empêche que les lendemains des inondations sont durs et stressants pour nos maires des communes urbaines. Les nouveaux propriétaires désemparés se ruent sur les mairies qui, pour voir un conseiller qui lui aurait vendu un lot dans un bas-fond inondable, qui pour s’entretenir avec le maire pour l’achat d’un terrain au bas de la colline dont les eaux de ruissellement ont envahi sa maison. Bien sûr, ces moments sont loin des préoccupations des élus locaux au moment de la campagne et des spéculations foncières. Les promesses tenues aux électeurs en termes d’infrastructures routières, de construction de dispensaires et d’écoles ; seuls comptent désormais à leurs yeux la course à l’enrichissement rapide et l’entretien de la smala.

C’est la saison des grands malades et des grands absents dans les mairies. Des malades qu’on ne verra dans aucun hôpital et des absents qui le soir vers 17h deviennent les principaux animateurs de leur grin de quartier, fumant des Havane avec à côté la V8 dernier cri.

Facoh Donki Diarra

écrivain Konibabougou

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