Madou Yôrôssénkélén était un jeune comme nous tous

À qui on a dit que l’enfant nait perdu, que l’école vient à sa rescousse.

Il a cru à ce mirage scolaire jusqu’à son DEF

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Où il a décidé d’être son propre chef.

Il devenait ainsi un enfant en conflit avec ses parents

Qui ne digéraient pas le choix de leur enfant.

Mais sans rentrer dans les moindres détails,

Madou Yôrôssénkélén avait un argument de taille.

Il estimait que l’école ne développait pas les capacités intrinsèques

Mais était faite pour lui dicter des formules longtemps superposées dans les bibliothèques

Il voyait ses aînés malaxer la théière avec les copies de leur maîtrise,

Leur espoir serré dans les bras du chômage qui leur faisait la bise.

Il ne voulait pas être comme eux, finir dans l’oisiveté

Yôrôssénkélén avait un très grand rêve à réaliser.

Devenir footballeur comme Messi, Ronaldo ou Neymar

Et un de ces jours qu’on puisse lire son nom sur le maillot du Barça.

Il n’avait pas tort puisqu’il était déterminé.

Chaque jour, il parcourait dix kilomètres pour aller s’entraîner.

Très bon dribbleur et véritable organisateur,

Il était sous le feu de tous les projecteurs.

À le voir jouer, c’était un véritable magicien,

Excellent gaucher comme le numéro dix argentin.

Meilleur joueur de tous les tournois du quartier,

Pourtant il jouait ces matchs sans le moindre déjeuner.

Madou Yôrôssénkélén n’avait qu’un seul complet de maillot

Marqué de Yôrôssénkélén comme pseudo.

Il avait du génie dans son seul et éternel pied de chaussure

Qui lui permettait de développer un football de bon augure.

Mais il n’y a pas que du talent dont le succès se nourrit,

Madou se donna à fond espérant que la chance lui sourit.

Meilleur joueur du championnat des clubs de la ville,

Il remporta le trophée d’un seul tir de missile.

Pleine lucarne, il tapa à l’œil du sélectionneur de l’équipe nationale

Prêt à l’engager pour défendre les couleurs du Mali au championnat continental.

Yôrôsékélén pensait déjà au début de la gloire,

Porter les couleurs de son pays est une première victoire.

Mais c’était sans compter sur l’hypocrisie et la méchanceté du milieu du football

Toutes les entreprises étaient faites pour empêcher son envol.

Ce n’est pas que sa sélection ne résonnait pas d’un ton commun

Au fait, son père ne connaissait personne qui connaissait quelqu’un.

Pauvre menuisier de son état, n’a pas pu rassembler les trois millions

De francs CFA de pot-de-vin exigés pour confirmer sa première sélection.

Les portes se fermèrent ainsi sur le reste de son éternelle ambition

Coincée entre les battants de la méchanceté des cadres de la fédération.

Il avait du talent à revendre, mais la corruption se foutait du mérite,

Sans pot-de-vin dans ce pays, l’effort se montre hypocrite.

La liste apparait et telle fut sa déception

Que son nom ne figure pas dans les 23 joueurs en sélection.

Et le rêve nourri a fini par mener sa raison et son défi

Qui depuis lors encaissent les buts de folie.

La corruption l’a mis sur le banc de touche de la vie

En attendant que Dieu, le juste arbitre siffle le terme de sa vie.

Malgré la folie, il suit toujours la ligue des champions avec grand intérêt

Attendant son tour, qui, l’on sait, n’arrivera jamais.

Saccharose Buccal Agréable « Madou Yôrôssékélén »

30minutes.net

18 Mai 2019

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