La fin de la crise du gaz butane n’est pas pour demain. Les opérateurs gaziers en crise d’argent ne sont pas en mesure de rouvrir le robinet. L’Etat reste insensible au cri de cœur.

Cela fait exactement 1 mois et 11 jours que les importateurs de gaz butane connus sous le nom du groupement des professionnels du gaz domestique, ont pris la décision d’arrêter toute importation de ce combustible. L’arrêt de leurs activités a officiellement commencé le 30 novembre 2019. Auparavant, le groupement composé de 8 sociétés importatrices et distributrices de gaz butane (Sigaz, Coumba gaz, Kama gaz, Fasogaz, Dilli gaz, Bama gaz, Sodigaz et MG gaz), présidé par Oudiary Diawara avait informé le ministre du Commerce et de l’Industrie, Mohamed Ag Erlaf, de cette décision.

Le motif invoqué dans la lettre adressée au ministre Ag Erlaf est que leur trésorerie amochée ne leur permet plus d’importer le précieux combustible à partir de la date indiquée. Ce produit se paye au comptant avec des sociétés intermédiaires dans des pays voisins (Côte d’Ivoire, Bénin, Togo, Ghana, etc., eux-mêmes importateurs de la précieuse matière). L’Etat, à travers le ministère de l’Economie, a institué la subvention, mais ne parvient plus à honorer ses engagements financiers vis-à-vis de ses partenaires du groupement des opérateurs gaziers depuis des années. Les arriérés cumulés s’élèvent à plus de 7 milliards de F CFA.

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Alors que cette même subvention permet de rendre le gaz accessible aux portefeuilles des consommateurs à des prix modérés car l’Etat prend une partie qu’il rembourse aux opérateurs gaziers grâce à un système de péréquation. Tout le problème réside à ce niveau puisque l’Etat, à cause de la situation économique difficile, ne parvient plus à faire face à certaines charges.

Oudiary Diawara en veut à l’Etat à cause de son incapacité à trouver un mécanisme pour pérenniser la subvention à travers la mise en place d’un fonds gaz. Il dénonce un manque de volonté et de compétence à démarcher des organismes internationaux de sauvegarde du climat qui disposent des moyens financiers pour ce genre d’activité. « Le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, le Niger, le Bénin, le Togo, etc. qui ne sont pas producteurs de gaz, consomment chacun entre 100 000 à 200 000 t de gaz. Ils ont pu adopter un fonds gaz, pourquoi pas nous qui ne consommons que 17 000 tonnes par an ? », s’interroge M. Diawara.

Pour mettre à nu la mauvaise volonté des décideurs, M. Diawara affirme que les autorités n’ont pas jusqu’à présent réagi. Selon lui, son groupement a refusé il y a quelques jours, une réunion convoquée par la direction générale du Commerce et de la Concurrence avec l’Office national des produits pétroliers (Onap). « Nous ne sommes pas intéressés par une telle rencontre qui n’apporte aucune réponse à notre problème. La solution est entre les mains du ministère de l’Economie et des Finances », soutient M. Diawara.

Le groupement professionnel des opérateurs gaziers, à travers son président invite l’Etat à se désengager définitivement du secteur s’il n’est pas en mesure de prendre en charge la subvention. « Que l’Etat nous laisse vendre le gaz au prix normal s’il n’est plus capable financièrement. En ce moment, nous allons mener nos activités comme tous les autres commerçants », martèle M. Diawara.

Nos braves ménagères et tous les autres utilisateurs de gaz butane doivent encore se contenter du bois ou du charbon de bois. Ce qui va davantage grever leur bourse et provoquer un coup de massue sur la tête de tous les défenseurs de l’environnement. Le risque est grand d’en arriver là en ce sens que la libéralisation du prix du gaz signifiera cherté du produit pour le citoyen moyen. Or apparemment, l’Etat est financièrement essoufflé pour continuer à supporter la subvention et n’a pas la tête non plus à démarcher des bailleurs de fonds pour s’acquitter de la note.

Abdrahamane Dicko

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