La Compagnie malienne pour le développement des textiles (CMDT) est au cœur d’un contrat de marché d’engrais qui serait indûment attribué à un opérateur économique. Selon nos investigations, il n’en est rien.
Le marché de l’engrais draine des dizaines de milliards de F CFA par an au Mali. Le Mali consacre 15% de son budget à l’agriculture, ce qui justifie la place de l’engrais dans les options. Le secteur coton se taille la part du lion dans l’approvisionnement en intrants agricoles. Ce qui fait que les enjeux sont énormes et chacun veut avoir son quota d’intrants même ceux qui ne sont pas très souvent dans le domaine.
La CMDT étant une actrice incontournable, n’échappe pas à la foire d’empoigne que se livrent des fournisseurs d’engrais de la place. Entre guerres ouvertes, croc-en-jambe et peaux de banane, tous les coups sont permis. C’est dans ce contexte qu’il faut placer la nouvelle qui a circulé, faisant état de l’attribution par la CMDT d’un contrat de livraison d’engrais au mois de septembre 2019, à un certain Karayara au moment où les cultures de coton avaient pris fin.
Chaque année, la CMDT exprime ses besoins en engrais et pesticides. Des contrats sur la base de notifications sont signés par le GIE des coton cultures précédemment présidé par Bakary Togola. Au titre de la campagne agricole 2019-2020, il a été signé avec une poignée d’importateurs, un contrat de livraison de 1700 tonnes d’urée et 1500 tonnes pour le complexe coton.
Comme tout contrat, celui-ci était assorti d’une clause de résiliation en cas de retard. Cela sous-entend que tout fournisseur qui ne serait pas en mesure de livrer les produits dans les délais impartis sera frappé de forclusion. Une autre close du contrat stipulait que ceux dont les camions se trouveraient devant les magasins de stockage de la CMDT le jour de l’extinction du délai ne seront pas frappés de résiliation de contrat.
Selon Ousmane N. Traoré, cadre de la CMDT qui a suivi de bout en bout cette opération, « le camion ou le produit est considéré arrivé quand il se trouve devant le magasin, même non déchargé ». A ses dires, en plus de Karayara, plusieurs autres camions de 7 fournisseurs se trouvaient dans la même situation. Il s’agit entre autres des camions de DPA de Doucouré, de Sotracom de Mme Saran Sympara et de ceux de Partenaire agricole de Ben Maouloud. « Aucun contrat d’engrais n’a été signé en septembre 2019″, a ajouté Ousmane N. Traoré.
Cependant, personne n’a parlé outre mesure des autres fournisseurs couverts d’ailleurs par le même dispositif du contrat de même nature que Karayara. Selon toute vraisemblance, ce dernier étant empêtré dans pas mal de scandales, ses détracteurs en profitent pour lui faire des règlements des comptes. Le PDG de la CMDT, Pr. Baba Berthé en a fait les frais à son tour, accusé de tous les péchés d’Israël, alors que le seul signataire de contrat demeure le seul GIE de la C-SCPC.
Ce sont les mêmes stratagèmes qui ont été utilisées il y a quelques mois à propos des 18 milliards de F CFA de traite payés à DPA de Doucouré. « Nous n’avons même pas d’argent pour faire face à nos dépenses a fortiori 18 milliards F CFA. Une traite d’ailleurs ce n’est pas de l’argent frais à débloquer tout de suite, c’est juste une intention de paiement dans un délai fixé -240 jours à la CMDT-« , selon des sources proches de la direction de la CMDT.
Se basant sur ces informations erronées, un cadre de la banque chargée de la syndication aurait laissé voir sa surprise face à ce qu’il considérait comme une incohérence.
Entre fake news et guerre économique, tous les coups sont permis dans le marigot juteux des engrais !
Abdrahamane Dicko