Dans ce pays, depuis quelques années, la plus grande bénédiction qu’un chef de famille peut se faire à soi ainsi qu’aux siens, est de ne pas tomber malade car s’il ne fait pas partie des gens d’en haut, cela peut ressembler à la quadrature du cercle. Pourtant dans les dernières années de la colonisation française et au début de la Ière République (1960-1968), les centres de santé fonctionnaient bien en dépit de leur nombre insuffisant et on a pu même remarquer que dans la même période les soins de santé étaient gratuits pour tout le monde. Mais tous les dispositifs mis en place par ce régime (l’US-RDA) ont commencé à être chamboulés à partir d’une période difficile à dater, soit sous le Comité militaire de libération nationale (1968-1974), soit sous la IIè République (1974-1991). Les démocrates et les républicains plus ou moins néolibéraux de la IIIè République qui nous gouvernent actuellement avec plus de bas que de hauts ont encore tout mis sens dessous dessus en privatisant la pratique de la médecine et en autorisant la création à ciel ouvert de cliniques privées dont eux-mêmes sont soit actionnaires, soit propriétaires.

Cependant à chaque remaniement ministériel, un département de la santé et de l’hygiène est mis en place avec un budget conséquent mais apparemment c’est pour meubler le décor ou faire comme les autres. En dépit de la prolifération des centres de santé et des hôpitaux financés le plus souvent par l’extérieur, les problèmes de santé publique sont quasiment ingérables dans ce pays soit par l’incompétence du personnel, soit par le manque de matériel adéquat. Dans les hôpitaux publics, l’accueil est traumatisant avec des infirmières qui s’occupent plus de la vente de leurs boissons que de la gestion de leur métier, et des infirmiers  plus promptes à proposer aux malades et à leurs accompagnateurs leurs propres médicaments que de les orienter sur le médecin spécialiste.

Quiconque séjourne une ou deux fois dans ces structures sanitaires en ressort avec le sentiment d’avoir assisté à un cirque animé par des hommes et des femmes en blouse blanche jouant plus pour eux-mêmes que pour les usagers. De fait l’hôpital ou le centre de référence apparaît de par la nature les activités qui s’y mènent, plus comme un marché aux puces qu’un service public de distribution de soins médicaux. En fait de soins, il s’agit surtout de produits pharmaceutiques dits médicaments par terre que le personnel médical introduit frauduleusement dans les centres de santé et les vend clandestinement aux malades alors qu’officiellement leur utilisation est prohibée. Il faut aussi dire que la cherté des médicaments autorisés conduit plus ces malades et leurs parents sur ces produits vendus moins chers que sur des pharmacies agréées et cela se comprend.

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Les gouvernants, ces seigneurs des hauteurs sociales, se comportant en monsieur Jean Foutre, n’en ont que dalle. De toute façon, ils n’y vont pas, même pas pour rendre visite à un malade. En cas de gros ennuis de santé, ils préfèrent aller se faire soigner au prix coûtant à Paris ou à New-York plutôt que de le faire dans l’un des mouroirs de la place. Et comme dirait le fabuliste, dans le temps présent, selon que vous soyez riche ou pauvre, vous serez soigné à l’étranger ou à domicile à vos risques et périls.

Facoh Donki Diarra

(écrivain, Konibabougou)

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