Inutile de dire que la situation mondiale était toujours aussi complexe en 2018. Le potentiel conflictuel a même augmenté, avant tout à cause de la réticence obstinée de certains pays occidentaux, USA en tête, d’accepter la réalité objective de la formation d’un monde multipolaire. Cette tendance négative est également due à la volonté de certains acteurs de continuer à imposer leur volonté par des leviers de force, économiques et propagandistes. Nous avons assisté à des tentatives de soumettre les institutions multilatérales, d’éroder leur caractère interétatique, ainsi que de remplacer les normes universelles du droit international par un certain « ordre basé sur des règles » – un nouveau terme apparu récemment et qui cache l’aspiration à inventer des règles en fonction de la conjoncture politique, afin de les utiliser en tant qu’instrument pour exercer une pression sur les États indésirables et, très souvent, sur leurs alliés.

Nous trouvons également alarmant l’aspiration à imposer hors du cadre des structures internationales différentes initiatives qui ne sont pas basées sur un consensus, ainsi qu’à faire passer les décisions élaborées par un « cercle étroit d’élus » pour l’avis de toute la communauté internationale.

Les actions unilatérales de Washington visant à briser les instruments juridiques internationaux de garantie de la stabilité stratégique n’ont pas non plus suscité d’optimisme, comme cela a été clairement confirmé hier lors des consultations entre les représentants russes et américains à Genève sur les problèmes survenus dans le cadre du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaires (FNI). Tout cela mène, évidemment, à l’approfondissement du manque de confiance réciproque, et à la militarisation de la pensée en politique étrangère.

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Dans ces conditions, nous avons continué de mener une ligne pluridimensionnelle en politique étrangère, orientée sur la protection des intérêts nationaux de la Fédération de Russie. Nous avons contribué au renforcement des tendances positives sur la scène mondiale, à la recherche de décisions collectives aux problèmes auxquels font face tous les États en s’appuyant sur le droit international, et, au final, nous avons cherché à contribuer à l’établissement d’un modèle polycentrique plus juste, démocratique et représentatif d’ordre mondial, comme l’exigent les réalités objectives du monde contemporain. A ces fins, nous avons étroitement collaboré avec nos alliés et partenaires de l’OTSC, de l’Union économique eurasiatique (UEE), de la CEI, des Brics et de l’OCS. Par ailleurs, nous avons travaillé de manière constructive au sein des principales structures de gouvernance mondiale, notamment à l’Onu et au G20.

Dans le cadre de la présidence russe de l’UEE, nous avons contribué au renforcement des positions internationales de l’organisation. Une grande attention a été accordée à l’association de l’UEE avec le projet chinois « La Ceinture et la Route », au développement du partenariat stratégique entre la Russie et l’ANASE, notamment dans le contexte de l’initiative du Président russe Vladimir Poutine de créer un Grand partenariat eurasiatique basé sur la logique d’harmonisation des processus d’intégration et ouvert à tous les pays et associations aussi bien asiatiques qu’européennes.

Le terrorisme international perd la bataille en Syrie. Cela a permis de préserver la structure étatique syrienne, d’entamer le passage au rétablissement de l’économie et au retour des réfugiés. Conformément aux décisions du Congrès du dialogue national syrien de Sotchi, les pays garants du processus d’Astana – la Russie, la Turquie et l’Iran – ont accompli un grand travail pour la formation du Comité constitutionnel, qui a débouché sur une entente entre le gouvernement et l’opposition sur la liste de ses membres potentiels. Cela a créé les conditions pour lancer le processus de paix en parfaite conformité avec la résolution 2254 du Conseil de sécurité des Nations unies afin de régler la crise syrienne de manière durable.

Nous avons soutenu les tendances positives sur la péninsule coréenne en nous appuyant sur la logique de la « feuille de route » russo-chinoise. Bien évidemment, cela implique la nécessité de mesures réciproques en réponse aux actions constructives de Pyongyang.

L’année dernière a été marquée par la signature, lors du 5e Sommet de la mer Caspienne, de la Convention sur le statut juridique de la mer Caspienne fixant les droits exclusifs des pays riverains sur ce bassin unique, ses tréfonds et autres ressources.

Nous avons déployé beaucoup d’efforts pour assurer la sécurité informatique internationale, pour combattre la cybercriminalité. En décembre, l’Assemblée générale des Nations unies a approuvé à notre initiative deux résolutions à ce sujet.

Une attention particulière a été accordée au développement des contacts avec le Monde russe, qui rassemble des millions de personnes. L’organisation du 6e Congrès mondial des compatriotes résidant à l’étranger du 31 octobre au 1er novembre à Moscou a été un événement marquant.

Nous avons élargi les liens sociaux, scientifiques et éducatifs. Nous avons soutenu les différentes initiatives visant à informer le public mondial des plus grands accomplissements de l’art et de la culture russe. Nous avons aidé les pays étrangers à former leurs cadres nationaux.

La Coupe du monde de football a été un véritable triomphe de la diplomatie populaire. La Russie a été visitée par des millions de visiteurs étrangers qui ont vu de leurs propres yeux la Russie contemporaine et ses citoyens.

Cette année, nous avons l’intention d’accroître les efforts dans tous les secteurs clés. Parmi les priorités figurent la promotion de la création d’une coalition antiterroriste réellement universelle sous l’égide de l’Onu, la mobilisation de la communauté internationale pour une lutte plus efficace contre le trafic de stupéfiants et d’autres types de crime organisé. Nous contribuerons au renforcement des tendances positives en Syrie et autour de la péninsule coréenne, au règlement d’autres crises et conflits, notamment au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, ainsi qu’en Ukraine où il n’existe toujours aucune alternative à l’accomplissement total et successif des Accords de Minsk. Nous souhaitons toujours le rétablissement de relations normales avec les USA et l’UE basées sur l’équité et la prise en compte réciproque des intérêts. Évidemment, nous continuerons de réagir en conséquence à l’activité militaire accrue de l’Otan et au rapprochement de l’infrastructure militaire de l’Alliance des frontières russes.

Notre priorité inconditionnelle reste de garantir la sécurité du pays et d’assurer d’autres conditions extérieures favorables pour le développement dynamique de la Russie, pour améliorer le bien-être matériel de nos citoyens. Nous sommes ouverts à une coopération constructive avec tous ceux qui ne prennent pas les liens bilatéraux en otage de la conjoncture politique changeante ou s’en servent comme d’un instrument pour obtenir des avantages géopolitiques, mais sont prêts à coopérer honnêtement, à chercher des compromis mutuellement acceptables entraînant un bénéfice réciproque.

(Source: Ambassade de Russie)

Le ministre des affaires étrangères de la Russie tire le bilan de l’activité diplomatique de son pays en 2018 – propos de la conférence de presse à Moscou le 16 janvier.

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