….« Le numérique ouvre de nouvelles perspectives pour les artistes, comme ici au #Kenya. La formation des artistes aux nouvelles technologies va rapidement devenir centrale pour le développement du #softpower africain » ou encore …« La Guinée prépare un village #numérique avec un budget de 10 millions de dollars. Une initiative nécessaire pour renforcer la création de talents numériques en Afrique de l’Ouest »… Sur son compte twitter (@SMKAGNASSI) il ne parle que de banque, de digital, de finance durable … Jamais de politique. Il déteste les mondanités. Plutôt massif, le visage légèrement mangé par une barbe, on le reconnaît par sa grande taille.

Il est vendredi à Abidjan, Sidi Mohamed Kagnassi se rend à la mosquée sa natte de prière en main. Il est en retard, il se dépêche. Il cherche un peu à passer inaperçu parmi les fidèles mais son physique imposant est reconnu par des fidèles. Discrètement, il salut. A peine la prière terminée, il prend le volant de son discret véhicule et disparaît.

Son bureau sis au Plateau d’Abidjan est coquet mais n’a rien de luxueux. Il consulte ses dossiers. Travaux de constructions, investissements à réaliser dans plusieurs pays, son téléphone sonne. C’est un Président d’un pays de la sous-région qui appelle. Un autre appel. Cette fois ci c’est un ancien ambassadeur, actuellement fonctionnaire de l’Union Européenne qui appelle.

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Le malien résidant en Côte d’Ivoire depuis des lustres, décroche, s’isole pour parler, avant de revenir. « Je suis un peu de ce village planétaire mais je suis attaché au continent » dit l’homme qui a aussi la nationalité suisse. Il ne dira plus rien. L’homme doit partir. Disons que ça l’arrange. Il ne veut parler que de digitale, d’avenir de l’Afrique. Comme « cadeau », il tend au journaliste la copie du seul entretien qu’il a accordé à la presse ces dix dernières années. Morceau choisi : « J’ai la chance de faire partie d’une famille d’entrepreneurs. J’ai notamment beaucoup appris aux côtés de mon père. C’est un avantage considérable pour se lancer dans l’aventure entrepreneuriale, et j’ai conscience que c’est une chance qui n’est pas donnée à tout le monde ».

« Le climat des affaires n’est évidemment pas le même aujourd’hui qu’au moment où j’ai fait mes premiers pas d’entrepreneur. La conjoncture géopolitique et économique internationale n’est plus la même, les crises politiques et la pandémie de Covid-19 ont considérablement affecté les économies et certains secteurs d’activité ont été sévèrement impactés. Je pense par exemple aux secteurs des transports (aérien et maritime), au tourisme, à l’hôtellerie ou encore à la restauration. Les économies ouest-africaines n’ont pas été épargnées mais, après une période délicate, les indicateurs progressent de nouveau. Selon le dernier rapport du Conseil français des Investisseurs en Afrique (CIAN) réalisé en partenariat avec leurs homologues européens (Allemagne, Royaume-Uni, Grèce, Norvège, Pays-Bas, Suède, Suisse), la note d’appréciation du climat des affaires pour l’année 2021 est meilleure que les trois années précédentes avec 2,6/5, et ce, en dépit des multiples crises. Au niveau régional, l’Afrique de l’Ouest se classe en deuxième position de cette étude (2,7/5), derrière l’Afrique du Nord (2,8/5). Dans la zone de l’Uemoa, l’activité a augmenté de 5,5% en 2021 et devrait fin 2022 atteindre les 6,1% ».

« Les indicateurs sont donc au vert et je suis convaincu qu’ils iront encore en s’améliorant car les gouvernements comprennent aujourd’hui plus que jamais qu’un climat des affaires optimal, c’est un secteur privé compétitif et donc une économie en bonne santé. Pour améliorer ce climat des affaires, la Côte d’Ivoire, qui a retrouvé sa croissance d’avant la pandémie, mise par exemple sur la modernisation des infrastructures. Le Plan National de Développement 2021-2025 du gouvernement ivoirien prévoit ainsi de dédier 90 milliards d’euros à l’amélioration des infrastructures.

Un choix stratégique pour le gouvernement ivoirien puisque les infrastructures sont un facteur important. Les critères de la sécurité et de l’accès à Internet prennent toutefois de plus en plus de place dans les grilles d’évaluation. Et c’est tout à fait normal, les différentes crises politiques actuelles nous prouvent que la stabilité politique et sécuritaire de tous les pays peut être renversée. C’est un équilibre fragile, la situation en Ukraine le montre bien. Dans le même temps, la crise sanitaire a renforcé l’utilisation d’Internet et des outils digitaux. L’utilisation et la maîtrise de ces outils sont d’ailleurs devenues essentielles à toute entreprise souhaitant s’inscrire dans son époque et offrir une expérience optimale à ses clients ainsi qu’à ses salariés ».

Les promesses du e-commerce

La question de la digitalisation des usages est au centre de vos préoccupations. Quel regard portez-vous sur ces innovations ? Réponse de celui qu’on désigne aussi par ses initiales SMK : « Les outils digitaux ont totalement changé la façon de faire des affaires ou de gérer une entreprise. En termes d’opportunité business, l’accès à Internet et aux plateformes digitales a fait exploser le e-commerce, surtout pendant la crise sanitaire. Les marchés africains ne sont pas encore suffisamment matures pour générer les chiffres de l’e-commerce européen ou américain, mais ça viendra, et plus vite que prévu !

Le nombre d’acheteurs africains en ligne a augmenté de 18% par an depuis 2014 selon l‘International Finance Corporation (IFC), une organisation du groupe de la Banque Mondiale. Toujours selon l’IFC, entre 2025 et 2030, le marché du e-commerce pourrait augmenter de 15 milliards de dollars en Afrique, des perspectives très intéressantes et qui ne sont pas ignorées par les entrepreneurs. Depuis 2012, la plateforme de e-commerce nigériane Jumia ne cesse ainsi de croître. Elle est actuellement présente dans plusieurs pays africains comme la Côte d’Ivoire et l’Afrique du Sud et non africains, comme la Chine ou les Émirats arabes unis. Un success story qui pourrait ouvrir la voie à d’autres belles histoires entrepreneuriales.

L’Afrique peut donc devenir le continent du digital. J’en suis convaincu. Et c’est une bonne nouvelle pour nos économies africaines. Mobile money, cryptomonnaies ou encore NFT sont autant d’innovations qui serviront de leviers aux économies nationales africaines. A titre d’exemple, les paiements électroniques devraient atteindre 40 milliards de dollars d’ici 2025 sur le continent.

Administrateur de plusieurs sociétés en Afrique de l’Ouest, il a touché un peu à tout. Dans le monde des affaires, il a été un moment dans le coton. Son père, le richissime homme d’affaires Cheikna Kagnassi guide ses premiers pas. Ce dernier a fondé l`Aiglon, sa multinationale à capitaux 100% africains, dont l’activité est basée sur le commerce et le négoce de coton. Diplômé de la Haute Ecole de Commerce de Genève, titulaire d’une maîtrise en science et une formation aux USA, il va rouler sa bosse dans plusieurs pays du continent. Il retourne en Suisse, mais comme s’il était une laminaire, il revient toujours sur le continent. Le Président malien Ibrahim Boubacar Kéita l’appelle et le nomme Conseiller spécial. L’expérience ne va pas trop durer. Il retourne en Côte d’ivoire. Dans une vie antérieure en Côte d’Ivoire il décroche un contrat pour Sagem, devenu Morpho, qui sera chargé de l’organisation des élections de 2016.

Mais très rapidement l’homme qui déteste les grooves retrouve ses « amours », le monde du business. Il fait des jaloux. Dans le dur monde des affaires, des articles de presse sont initiés par des concurrents. Il intente plusieurs procès. Notamment contre un organe de presse qui affirme qu’en France, le parquet national financier, porte des soupçons sur lui dans une affaire d’acquisition de biens en France. La justice condamne le journal.

Ambitions politiques ?

Au Mali dans une affaire d’équipements militaires, ses adversaires lui cherchent les poux dans les cheveux. Là aussi il porte plainte et obtient un non lieux (voir ci-dessous document).

Un de ses avocats Me Hilaire Kérou explique : « Mon client est blanc comme neige. Aucune procédure engagée contre n’a abouti. Certaines procédures sont enclenchées de mauvaise foi. D’autres par ignorance. Nous sommes sereins et mon client qui a toujours agi dans la légalité n’a rien à se reprocher ».

Sidi Mohamed Kagnassi continue à beaucoup investir dans le social et en toute discrétion. (…) Dans ce mois de carême qui s’achève « il a aidé tellement de mosquées, de personnes, mais il n’en parlera jamais », dit un de ses proches.

« C’est un homme généreux qui n’est à l’aise que dans les grins où il rencontre ses amis, ses potes d’origine modeste », dit de lui un ressortissant malien installé depuis des lustres en Côte d’Ivoire.

Ce malien vivant en Côte d’Ivoire contribue également aux renforcements des relations entre son pays d’origine le Mali et son pays d’adoption, la Côte d’Ivoire.

« Le Malien se sent chez lui en Côte d’Ivoire, et l’ivoirien doit se sentir chez lui au Mali », aime-t-il répéter.

Parmi ses relations, des hommes qui comptent aujourd’hui au Mali au sein de la transition. L’un d’eux reconnaît qu’il a toujours prodigué de bons conseils et participé à arrondir les angles « quand c’est nécessaire ». Il ne cache pas à ses interlocuteurs sa « reconnaissance éternelle » au Président ivoirien Alassane Ouattara qui l’a toujours considéré comme son fils et qui est selon lui « un véritable panafricaniste ».

L’homme d’affaires prospère veut croire en la jeunesse africaine. Répondant un jour à un confrère, il a argumenté : « La formation de nos jeunes est en effet primordiale. Ce sont eux les entrepreneurs de demain. Nous avions de vraies carences en matière de formation entrepreneuriale, mais la tendance s’inverse et c’est une bonne chose. Les universités intègrent de plus en plus la dimension entrepreneuriale à leurs formations et des initiatives comme l’Africa MiTH 2023 : l’Ecole des Boss, lancée par Hapsatou Sy, entendent former les jeunes entrepreneurs pour les aider à lancer leurs activités.

Entre la connaissance des rouages administratifs inhérents à chaque pays, le montage de projets et les innovations digitales qu’il faut prendre en compte, se former avant de se lancer est plus que nécessaire. Certes, les connaissances varient en fonction du domaine d’activité. Un artisan ou un agriculteur n’aura pas les mêmes besoins de connaissances qu’un entrepreneur du digital. Mais tous à leur échelle devront maîtriser certaines bases pour développer leur business. Je pense notamment à l’obtention du crédit en ligne. Près de 80% des PME/TPE africaines n’obtiennent pas de financement. Le développement de la microfinance maximise les chances d’obtention des crédits en permettant aux entrepreneurs de demander leur crédit en ligne, une démarche plus simple, moins contraignante et plus flexible. C’est ce qu’a mis en place Orange Bank Africa, qui propose depuis 2020 en Côte d’Ivoire des crédits renouvelables ».

C’est un programme politique ? L’homme a-t-il des ambitions politiques ? Sa réponse : « Pas du tout » Rappelons qu’un auteur français disait sous la 3eme République, « méfiez-vous un peu de ceux qui vous disent avec insistance et empressement qu’ils n’ont aucune ambition politique ». Le message est transmis.

Souleymane Kéita

Encadré

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