L’Institut français du Mali (IFM) a accueilli, mardi 12 novembre 2019, une conférence portant sur les enjeux de la sécurité routière notamment à Sikasso, deuxième ville la plus peuplée du Mali. Le conférencier, Emmanuel Bonnet, géographe de santé et chercheur à l’IRD, était entouré de la nouvelle directrice de l’Anasern Mme Diadji Sacko et de Laurent Vidal, représentant de l’IDR Mali.
Les accidents de la route demeurent un véritable casse-tête à Bamako, mais aussi dans de nombreuses capitales régionales. Insouciance, absence d’infrastructures adaptées, incivisme… Les raisons qui causent les accidents sur nos routes sont nombreuses.
A travers une étude, « Evaluation de la sécurité routière et des traumatismes associés dans la ville de Sikasso », Emmanuel Bonnet, via des statistiques, illustre les drames engendrés par la route dans cette ville, deuxième ville la plus peuplée du Mali.
Selon le conférencier, l’exemple de Sikasso est assez original puisqu’il permet de cerner la problématique de la sécurité routière à l’échelle d’une ville secondaire. « Le choix de Sikasso a germé grâce à une sollicitation de l’association Amis de la route », a justifié M. Bonnet. Et, poursuit-t-il, le lancement officiel de l’initiative s’est déroulé le 1er avril 2019 sous la présidence du ministre des Transports et de la Mobilité urbaine, Ibrahima Abdoul Ly. Il s’agissait de mettre en place un système de surveillance pour géolocaliser les accidents.
A cet effet, souligne le chercheur, une vingtaine d’agents de police, de la gendarmerie et de la protection civile ont été formés sur les techniques de collecte des données relatives aux accidents de la route via une application développée sur smartphone. « Ce procédé présente de multiples avantages notamment sur la rapidité et l’efficacité de la collecte et de la transmission des informations », soutient le conférencier, ajoutant que cela a permis d’avoir la cartographie des lieux où les accidents sont fréquents.
A l’aide d’une présentation diapo, le conférencier a montré que plus de 75% des accidents dans la ville de Sikasso implique les piétons ou motocyclistes. Quant au profil des victimes, les données recueillies révèlent que les plus vulnérables en la matière sont les jeunes avec plus de 53%. Autre aspect alarmant, souligne le conférencier, c’est la conséquence économique dramatique de ces accidents qui occasionnent, dit-il, « plus de 92% de dégâts matériels ».
Les traumatismes sont aussi parties intégrantes des accidents répertoriés. Ainsi, 18% des blessures localisées engagent des chocs au niveau de la tête, 27% les membres intérieurs et 30% les membres supérieurs.
Enfin, pour réduire les drames sur les routes dans la 3e région administrative, le géographe de santé propose une batterie de mesures : développer les transports en commun pour réduire significativement la mobilité personnelle, sensibiliser dès l’enfance sur le respect des codes routiers et l’application rigoureuse des mesures en vigueur.
Mamadou Oury Diallo
(stagiaire)